Afrique: Thierno Alassane Sall, République des valeurs, sur la situation au Niger - «L'option militaire est non seulement insensée, mais aussi déconnectée des réalités complexes de notre région»

Thierno Alassane Sall appelle «à la mobilisation pour la paix» au Niger. Alors que les chefs d'Etat de la Cedeao, réunis en sommet extraordinaire hier, jeudi 10 août 2023, à Abuja au Nigéria, tout en n'excluant pas la voie diplomatique, ont réitéré leur engagement en faveur de l'intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum, dans ses fonctions de président de la République du Niger, le patron de la République des Valeurs, fustige cette dernière option.

«L'option militaire de la CEDEAO au Niger est non seulement insensée, mais aussi déconnectée des réalités complexes de notre région. La guerre, loin d'être une solution, aggrave les maux de nos États. Nos institutions, déjà fragiles, sont mises à rude épreuve, notre jeunesse désespérée cherche des horizons meilleurs, et la mauvaise gouvernance entrave nos économies», lit-on dans une note de Thierno Alassane Sall (TAS) reçue à la Rédaction de Sud Quotidien.

C'est pourquoi, tout en dissuadant notre pays de «soutenir» cette intervention militaire, il invite les Sénégalais à une marche pacifique pour la paix. «Le Sénégal ne doit pas soutenir cette action. J'appelle tous les citoyens épris de paix à une marche pacifique, pour refuser une intervention au Niger. Nos peuples doivent se lever, dire non à la guerre, non aux interventions étrangères malavisées, et oui à la paix, au dialogue et à la compréhension mutuelle. La démocratie véritable est à ce prix».

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TAS se veut formel : «La CEDEAO n'a aucune base juridique pour déclarer la guerre au Niger, qui n'a agressé personne et ne s'est immiscé dans aucune affaire d'État membre. Elle n'a jamais aidé face aux rébellions ou menaces jihadistes. Une intervention serait une guerre contre un peuple prêt à défendre son territoire. Les conséquences ? Probablement la fin de la CEDEAO, la fin de l'entente entre les peuples, et une dislocation de la sous-région, à l'image de la Libye ou de la Syrie».

Revenant sur situation dans la région, il souligne qu'«Après 20 ans de guerre au Sahel, le bilan de la France est plus que mitigé. La situation sécuritaire s'est dégradée, les coups d'État sont devenus monnaie courante, et le gouvernement français, en panne de doctrine, souffle le chaud au Niger tout en ayant soutenu tacitement le coup d'État au Tchad. Cette posture guerrière de la France, qui prône aujourd'hui une solution militaire, est contradictoire. Elle va à l'encontre de la souveraineté de nos États».

D'ailleurs, rappelle-t-il, «La Gambie et la Guinée-Bissau, malgré leurs petites superficies relativement à celle du Niger, sont les seuls pays membres à avoir expérimenté la force de la CEDEAO. Au Bénin, c'est le Rwanda qui a été choisi comme partenaire pour sécuriser le Nord. Comment alors justifier une intervention par une force que le Bénin lui-même n'a pas jugé nécessaire de solliciter ?», s'interroge l'ancien ministre de l'Energie et candidat déclaré de sa formation politique à la présidentielle de février 2024.

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