Afrique: Jeux de la Francophonie - Mélisa Madanamootoo, son pesant d'or reconnu au Congo

Visages de Morondava à Madagascar. Scènes du taxi-bus à Kinshasa en République Démocratique du Congo (RDC). Même si elle n'a jamais montré ses photos à Maurice, Mélisa Madanamootoo a décroché la médaille d'or aux Jeux de la Francophonie, catégorie photographie. Les jeux se sont déroulés du 28 juillet au 6 août, en RDC.

Dépasser l'esprit de compétition. Encouragée par un ami à participer aux Jeux de la Francophonie, c'était un moyen pour la discrète Mélisa Madanamootoo de «sortir de sa coquille». À Maurice, l'artiste pluridisciplinaire n'a encore jamais exposé ses photos. À peine si on peut admirer ses fresques - elle est également street artist - au Victoria Urban Terminal ou à Cap Tamarin.

Cela n'a pas empêchée Mélisa Madanamootoo de décrocher la médaille d'or aux Jeux de la Francophonie, catégorie photographie. Les jeux - épreuves sportives et concours culturelsse sont déroulés en République démocratique du Congo (RDC) du 28 juillet au 6 août. C'est le mercredi 9 août que la médaillée d'or est rentrée au pays, accueillie par sa famille et des représentants du ministère des Arts et du patrimoine culturel.

Il lui a fallu patienter avant de mesurer son talent à celui des autres participants. Les présélections - par un jury international - pour les Jeux de la Francophonie ont eu lieu à Maurice en 2020. Initialement, la compétition devait se dérouler en RDC du 23 juillet au 1er août 2021. Mais situation sanitaire oblige, les jeux ont été reportés une première fois au 19 au 28 août 2022. Avant d'être reportés une seconde fois, toujours pour cause de crise sanitaire, du 28 juillet au 6 août.

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À l'étape initiale de présélection, Mélisa Madanamootoo se démarque parmi la demi-douzaine de participants qui devaient montrer quatre photos imprimées et cinq photos en format numérique. Pour cette présélection, l'artiste propose une série de photos prises en 2019 lors d'un voyage en solo à Madagascar. Grande lectrice du Petit Prince de Saint-Exupéry, celle qui avait été touchée par le chapitre sur la planète colonisée par des baobabs, avait toujours voulu voir de plus près les baobabs, dans la Grande île. «Le baobab est comme un sanctuaire, dit-on.» Direction Tana, puis Morondava, pendant deux semaines. Résultat: une série de photos intitulée Regards croisés. «Tout commence par un regard. Ensuite vient la conversation. Et beaucoup plus peut se tisser. Quand un lien se crée, s'il y a des photos c'est très bien. Sinon, ce n'est pas grave.» L'humain d'abord. La photo ensuite.

Seconde étape : une fois arrivés en RDC, fin juillet de cette année, les concurrents doivent présenter un pitch au jury. «C'est le thème sur lequel on souhaite travailler sur place, à Kinshasa». Les participants ont eu un jour et demi pour réaliser le pitch. Mélisa Madanamootoo propose deux thèmes au jury : le taxibus et les cheveux, «parce qu'il y a des salons de coiffure chaque trois mètres dans la ville». Le jury retient le taxi-bus. «J'imagine que c'est parce qu'ils ont l'habitude du thème des tresses».

Après Le Petit prince, nouveau clin d'oeil à l'enfance. «J'aime beaucoup Le bus magique (NdlR, dessin animé où un bus jaune emmène une prof et sa classe vivre des tas d'aventures). Accompagnée par deux bénévoles - des étudiants de l'académie des BeauxArts de Kinshasa - la concurrente mauricienne embarque pour l'aventure. À la rencontre de l'authenticité congolaise, dans le taxi-bus jaune, «où il y a de tout. Pas que des gens mais aussi des animaux. Le receveur qui hurle, les gens qui courent après le taxi-bus, des vêtements colorés». Imaginez : un van conçu pour 14 personnes, mais où s'entassent 21 âmes. Forcément, cela crée des liens.

Avec ces deux mots de lingala - bonjour et au-revoir - Mélisa Madanamootoo engage la conversation avec ses voisins. «Attraper le taxi-bus c'est déjà une aventure. Cela va très vite. Quand il arrive, il y a déjà une foule qui l'attend. Il n'a pas de temps à perdre». La photographe sort littéralement de sa zone de confort.

Dans la série de photos réalisée, «c'est le jury qui détermine combien sont retenues». Dans son cas, le jury choisit six photos en noir et blanc, qui sont exposées à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. En présélection, les clichés de Madagascar sont aussi en noir et blanc. «Cela me permet de ne pas m'éparpiller, de mettre en avant l'élément qui attire mon oeil», explique l'artiste.

La médaille d'or en poche, est-ce qu'elle compte exposer ses photos à Maurice ? Avec franchise, elle dit : «Je n'en ai aucune idée. Je vais prendre le temps d'y réfléchir.»

Parcours les couleurs sous toutes les formes

Mélisa Madanamootoo, 32 ans, est architecte d'intérieur de profession. Elle s'est mise à son propre compte après la pandémie. Elle a étudié en Malaisie dans une institution affiliée à Nottingham Trent University, en Angleterre. «J'ai fait des échanges entre les deux pays.» Elle a poursuivi ses études avec un mastère en illustration à la London Metropolitan University. Artiste pluridisciplinaire, elle a réalisé des fresques et a aussi illustré un album jeunesse, signé Amarnath Hosany, Le jour où la terre a disparu, paru en 2022 aux Éditions Vizavi. Avant de montrer ses photos en RDC.

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