Afrique: Guerre au Soudan - Comment au 5e mois la situation est devenue désastreuse et l'aide internationale insuffisante

Une experte de l'UNICEF sur l'exploitation et les abus sexuels informe des personnes déplacées à un point de rassemblement à Wad Madani, dans le centre-est du Soudan.

Le 15 avril 2023 débutait la guerre au Soudan. En quatre mois, ce conflit entre deux généraux rivaux s'est aggravé, enlisé et étendu, provoquant un drame humanitaire auquel les organisations ne parviennent pas à faire face.

Le Soudan est entré le 15 août 2023 dans son cinquième mois de guerre. Le conflit oppose depuis le 15 avril, l'armée régulière du général al-Burhan aux Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires dirigés par le général Hemedti, avec les civils pris entre deux feux.

La guerre a fait environ 3900 morts, selon certaines estimations. Un chiffre largement sous-estimé. La situation du pays est désastreuse en terme humanitaire et le conflit ne semble pas du tout en voie de règlement.

Une guerre qui dure et à l'issue indécise

Lorsque cette guerre a éclaté, il y a quatre mois, le général al-Burhan affirmait qu'elle serait finie dans les deux semaines. Hemedti, lui, promettait la victoire. Aujourd'hui, aucun camp ne semble prendre un avantage décisif. Même si, selon les observateurs, l'armée a subi des revers au Sud Kordofan, dans le Nil Bleu et au Darfour. Surtout, les FSR ont pris la majorité de Khartoum, la capitale soudanaise.

Les militaires dominent toujours les airs avec leurs avions mais pêchent par la faiblesse de leur infanterie, une tâche qu'ironiquement ils avaient par le passé en partie déléguée aux FSR.

Un conflit qui s'étend

Sur le terrain, le conflit n'a cessé de s'étendre. D'autres mouvements armés ont participé aux combats. Le caractère ethnique semble de plus en plus fort et fait ressortir le spectre des massacres du Darfour. Mais aucun camp ne veut céder. Al-Burhan a appelé à la mobilisation générale, tandis que Hemedti a, lui, reçu l'aide de tribus arabes.

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Bref, ce conflit, d'abord entre deux officiers, menace de devenir une guerre civile à grande échelle, selon ONU. Quant à la diplomatie, c'est l'échec. Les négociations sont au point mort et les cessez-le-feu n'ont jamais duré. Côté humanitaire, les chiffres donnent le tournis avec plus de 3 millions de déplacés et près d'1 million de réfugiés. Par ailleurs, 40% de la population devrait être en insécurité alimentaire d'ici septembre.

La communauté internationale « n'a aucune excuse »

Les organisations sont face à un défi titanesque, avec le manque d'essence, d'accès à l'argent, l'insécurité et des dons insuffisants. Deux milliards de dollars sont encore nécessaires pour couvrir les besoins.

La communauté internationale « n'a aucune excuse » pour son retard à soulager les souffrances de la population soudanaise, ont ainsi affirmé ce mardi des dirigeants de grandes organisations humanitaires.

Les femmes sont particulièrement touchées : victimes de violences et de viols perpétrés par les combattants et privées d'une aide psychologique et médicale adéquate, ont souligné des porte-parole des agences lors d'un briefing à Genève.

« Nos appels humanitaires peuvent aider quelques 19 millions de personnes au Soudan et dans les pays voisins. Cependant, les deux appels sont financés à un peu plus de 27%. Veuillez changer cela », réclament ces dirigeants, parmi lesquels les patrons des grandes agences onusiennes ou privées Save the Children et CARE par exemple.

L'ONU a lancé deux appels, l'un pour financer l'aide au sein du pays à hauteur de 2,57 milliards de dollars et l'autre destinés aux réfugiés qui ont fui le Soudan à hauteur de 566,4 millions de dollars.

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