Congo-Kinshasa: Devoir de mémoire - Les victimes des atrocités de l'Est réclament réparation

Dans plusieurs coins des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi actuellement occupés par les rebelles du M23, des arrestations arbitraires ainsi que des exécutions extrajudiciaires sont devenues la règle. Nonobstant la documentation régulière des experts de l'ONU sur le sujet, la communauté internationale continue d'afficher un mutisme qui laisse perplexe tout esprit averti.

Cela fait plus d'une décennie depuis que les Congolais de l'Est se trouvent empêtrés, bien malgré eux, dans des guerres d'usure dont ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants. Entre 1994 et 2003, les affrontements qui ont eu lieu principalement dans le Grand-Kivu entre factions armées et forces régulières ont causé, de manière directe ou indirecte, près de 5,4 millions de morts. Ces estimations produites en 2007 par International Rescue Committee intègre notamment l'après génocide tutsi (1994), la première guerre du Congo (1996-1997) et la deuxième (1998-2003).

Ces massacres et violations des droits de l'homme dont certains constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont conduit plusieurs observateurs à créditer la thèse d'un génocide congolais. Thèse confirmée, plus tard, par le rapport «Projet Mapping» qui a eu à documenter les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en République démocratique du Congo (RDC) entre 1993 et 2003, lesquelles ont toujours été minimisées. Reconnaître le génocide congolais le plus navrant est qu'aujourd'hui encore, on continue à massacrer impunément des pauvres civils, à les exécuter arbitrairement, par balle ou à l'arme blanche, particulièrement dans les zones sous contrôle du mouvement rebelle M23.

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Cette situation demeure alarmante avec des conséquences graves sur la situation humanitaire dans la région. C'est ici que le "Genocost", une initiative mise en place depuis d'une dizaine d'années pour la reconnaissance du génocide contre les populations congolaises, trouve tout son sens. Ce concept a été créé dans le but de lutter contre le silence, la minimisation, le déni de justice et l'oubli concernant les crimes graves commis en RDC. Genocost vise, par ailleurs, à sensibiliser en faveur du droit du peuple congolais à la vérité, à la justice, aux réparations et à la prévention de la répétition de tels crimes. Et pour honorer la mémoire des victimes, une journée d'hommage aux victimes des violences sexuelles liées aux conflits et autres crimes graves a été instaurée dont la première a été commémorée, le 2 août, à Kinshasa.

La quête de la justice

Est-ce le début d'une construction de la mémoire collective autour des crimes commis depuis trois décennies en RDC ? En tout cas, l'on est tenté d'y croire. Le moment est venu de crier à l'injustice internationale. Au-delà des simples discours, le moment est venu d'engager un plaidoyer fort autour de la mise en place d'un tribunal pénal international pour le Congo comme dans les autres pays où il y a eu des massacres afin de juger tous les auteurs des crimes commis sur le sol congolais. En même temps, certains auteurs dont les crimes ont été documentés et qui occupent impunément des postes officiels devront être sanctionnés. Ces victimes qui, pour la plupart, ont subi une grande stigmatisation ajoutée à la douleur à la fois physique, morale et psychologique, attendent réparation.

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