Sénégal: « Hashtag » - Anouar, le maquilleur des Stars

17 Août 2023

L'on ne peut pas ne pas être tenté de confier son visage à Anouar Make up pour être, le temps d'une séquence, une star. Sur tik tok et Instagram, on s'émerveille sur son travail sur les réseaux sociaux. Lui c'est Boni Raouf ! Les influenceuses mode postent toutes fièrement leurs mises en beauté signées Anouar Boni Make Up. Découvrez son histoire avec le Sénégal.

Connaissez-vous des tarifs de maquillage à 500 euros (300.000 FCfa) à Dakar ? Nous, nous l'avons rencontré aux Almadies précisément à Ngor. Moussa Boni Raouf à l'état civil ou juste Anouar Boni make-up est un artiste peignant non pas des tableaux mais des visages. Il arrive à faire briller les femmes de par sa main magique. Du moins, c'est ce que l'on voit sur les réseaux sociaux. Si l'on est suffisamment séduit par ce travail et que l'envie de réserver une place nous prend, au premier coup de fil, l'étonnement se pose. Il s'agit bien d'un homme derrière ses merveilleuses réalisations.

À l'ère du glow-up (amélioration physique dont un rayonnement sans faille), le nigéro-béninois transforme, en quelques minutes de vidéos, les femmes en véritables stars nollywoodiennes. Son style de maquillage rappelle les plus grandes vedettes d'Abuja. Sa touche très nigériane n'est point bazardée. Ses prestations sont taxées entre 25 000 et 300 000 FCfa. La raison ? « Je peux faire plus d'une heure sur un maquillage, il y a aussi le fait que je reste avec ma cliente pour toutes les retouches. Le plus important dans mon travail c'est mon talent », esquisse-t-il.

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Un talent qu'il est venu montrer au Sénégal au mois de mars dernier. Le bouche-à-oreille marchant rapidement, Anouar est vite sollicité par les stars sénégalaises.

Sénégal, un choix subjectif

S'installer au Sénégal est pour Anouar l'aboutissement d'un rêve. En fait, son penchant pour le maquillage a pris forme de Dakar alors qu'il était encore jeune au Bénin. En effet, l'amour du pays l'a saisi depuis ses premiers pas dans ce métier. L'émission de divertissement « Dakar ne dort pas » de la Télévision Futurs Médias, a été une véritable niche de recette de maquillage. « Je reproduisais tous les maquillages des femmes qui passaient sur l'émission », dévoile-t-il. C'est sur ses soeurs qu'il a réalisé ses tous premiers essais. Mais, quand elles refusaient, il se servait de son propre visage.

Anouar aime le Sénégal et depuis trois mois, il s'y est définitivement installé. Quelques mots wolofs s'invitent dans ses conversations, surtout au téléphone. « Manguisi Jamm, Deugeuleu, Waw... », autant de mots qu'il prononce de manière malhabile.

Le maquillage pour Anouar est un sacerdoce, il en a fait sa première source de revenu. Ce vendredi, deux de ses élèves sont en examen. Les cours de maquillage, pour les maquilleurs professionnels qui veulent s'améliorer, sont à 100 000 F les quatre jours de formation. Pour les profanes, il faut un mois et donc débourser 350 000 FCfa. « Il faut bien utiliser le Blender, estompe bien sous les cils », commande-t-il à l'élève qui s'exécute.

L'ambiance avec Anouar est continuellement salutaire. Il trouve toujours des mots drôles qui font rire. Dans un style contracté, Anouar porte par moment ses mains à sa tête coiffée de petits locks aux bouts teintés.

Anouar a toujours voulu être esthéticien. « Mes parents s'y sont opposés. Ma mère voulait que je sois médecin ou militaire », confie-t-il. Même après le bac, il n'a pas pu vivre pleinement son art. Mais, le destin a su le réconcilier avec ses premières amours : le maquillage. « Je faisais une formation en audiovisuel, puis, un jour, dans le cadre d'un stage, j'ai rencontré un photographe qui voulait un maquilleur d'urgence. Je me suis présenté à lui. Après ce shooting on a continué la collaboration », se rappelle-t-il.

La fougue pour son art s'est de plus en plus manifestée. « Je me suis plus découvert. En 2007, lors du Bénin Fashion Week, en tant que débutant en maquillage. Parmi les participants, j'étais l'un des meilleurs. D'autres concours s'en sont suivi et c'est là que ma carrière a décollé », retrace-t-il.

Anouar est actuellement maquilleur officiel au Fespaco, à Yamoussoukro Fashion Week, et Miss noir Ébène.

Renommée internationale

À moins de 30 ans, Anouar a maquillé les stars ivoiriennes et camerounaises et pas mal d'influenceuses. Il est aussi maquilleur au Nigéria et est en permanente collaboration avec une agence de mode et une grande styliste du Nigéria.

« J'ai déjà eu à me déplacer au Niger, au Burkina, au Togo, à Dubaï, en Éthiopie et au Congo dans le cadre de prestation de maquillage », dit-il fièrement.

L'avantage de Anouar est qu'il maîtrise parfaitement l'art de la production audiovisuelle. Ainsi, il met en avant ses talents pour réaliser de jolies vidéos qu'il partage sur tous les réseaux sociaux.

« Je maitrise l'image et je sais comment vendre mes réalisations. Je règle bien la lumière et je réalise de jolis montages », reconnaît-il humblement.

L'humilité est la première qualité que l'homme retient de lui-même puis il y a sa générosité.

Son défaut : « Je pleure vite et j'accorde vite ma confiance », ne se retient-il pas de faire savoir.

« Il est un peu brouillon », lance Penda Diarra, élève de Anouar venue de Paris. Elle lui témoigne une grande générosité professionnelle car il a « un autre style de maquillage ».

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