Afrique: Jake François - Admis au Cours Florent à Paris, il lui manque de l'argent

Il y a deux semaines, l'acteur Jake François a été admis au prestigieux Cours Florent, école de théâtre et de cinéma, à Paris. Mais pour pouvoir s'y perfectionner, il doit réunir la somme de Rs 799000.

«I'll be back.» Cette réplique de Terminator correspond à Jake François. Ce jeune acteur - vu au cinéma, au théâtre et dans des pubs - mérite l'Oscar de la persévérance. De l'obstination à croire dans ses rêves. Tant pis si l'Amérique s'est refusée à lui, il y a six ans. C'est en France qu'il veut désormais suivre le fil conducteur.

Jake François est déjà en France. Plus que des espoirs, il entretient la flamme autour de son admission, il y a deux semaines, au prestigieux Cours Florent, à Paris. Parmi les anciens élèves du Cours Florent, fondé en 1967, on compte Isabelle Adjani, Daniel Auteuil, Christophe Lambert, Vincent Lindon et tant d'autres. Pour marcher dans leurs pas, Jake François a jusqu'au samedi 26 août pour réunir 7 900 euros (environ Rs 395 000). Cette somme représente les frais de scolarité de la première année au Cours Florent.

Afin de recueillir à la fois de quoi de se perfectionner et les moyens de vivre sur place, Jake François a lancé une opération de crowdfunding. Une cagnotte est ouverte sur le site leetchi.com, pour récolter 16 000 euros (environ Rs 799 000) pour couvrir les frais de scolarité ainsi que le loyer à Paris. Certains ont posé la question à Jake François : pourquoi ne pas travailler en même temps qu'il suit les cours de comédie et ainsi payer son «logement de base» ? «Avec six heures de cours par jour, le travail à mi-temps ne couvrira que l'alimentation et le transport.» L'acteur ajoute : les cours comprennent des «exercices physiques, des déplacements entre campus, des textes à apprendre», d'où la nécessité de gérer son emploi du temps. Voilà pourquoi cet orphelin de père, dont la famille n'a pas les ressources financières pour lui payer ces études, compte sur la générosité de tous ceux qui veulent faire avancer le cinéma mauricien.

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En attendant la rentrée, prévue pour le 4 septembre, Jake François frappe à toutes les portes. Il dit avoir déposé une demande d'aide auprès du ministère des Arts et du patrimoine culturel. «Je ne suis pas juste quelqu'un qui rêve», souligne-t-il. «J'ai déjà un parcours.» Et une lune à décrocher. «J'ai 27 ans ; je ne veux pas perdre de temps encore une fois. À l'âge de 30 ans, il faut que je sois à Hollywood. C'est à 30 ans que beaucoup d'acteurs connus ont démarré leur carrière. J'ai envie d'être celui qui ouvrira la voie à d'autres Mauriciens pour que les équipes étrangères sachent qu'à Maurice il n'y a pas que des lieux de tournage, mais aussi des talents.»

Récolter environ Rs 799 000, «ce n'est pas aussi cher qu'en Amérique», souligne l'aspirant élève du Cours Florent, un ancien du collège La Confiance. En 2017, il avait été «pré-accepté» à la Julliard School, à New-York. Mais, à cause des frais de scolarité totalisant une dizaine de millions de roupies, Jake François s'était tourné vers la Relativity School à Los Angeles. En mai 2017, il avait reçu la lettre de «conditional admission» en Bachelor of Arts in Film and Acting (Film and Television). Mais malgré une bourse partielle et un appel à l'aide pour récolter de quoi payer ses études, il y a six ans, Jake François n'avait pu réaliser son rêve américain, faute de fonds suffisants.

Bien que découragé par cet échec, Jake François a saisi toutes les opportunités qui se sont présentées à lui. Il a travaillé avec l'équipe de tournage du film américain Serenity, en 2017. L'année suivante, il a gagné le concours d'animateurs organisé par la Mauritius Broadcasting Corporation. Visage récurrent des plateaux, il tient une liste de petits rôles, notamment dans la série allemande Bad banks, tournée à Maurice. Il a fait des apparitions dans les films diffusés sur Netflix : The House on Seahorse Bay (2019), le téléfilm britannique A horse called Wish (2019), Honeymoon with my mother (2022), et la série sud-africaine Pulse (2022), tous tournés localement. «Mais ces apparitions ne sont pas suffisamment longues pour permettre à un producteur de repérer les talents mauriciens. Les équipes de tournage viennent avec leur casting et ne nous proposent souvent que de petits rôles», regrette Jake François.

Cet orphelin de père, dont la famille n'a pas les moyens de lui payer des études, compte sur la générosité de ceux qui souhaitent l'avancement du cinéma mauricien»

Quand son physique impressionnant et ses talents d'acteur ne sont pas de service, le jeune homme n'hésite pas à toucher à d'autres métiers du cinéma. Par exemple, il se glisse derrière la caméra en tant que troisième assistant du réalisateur. «Cela m'a appris comment parler au réalisateur sans le fâcher», confie Jake François. «Il est devant le moniteur, avec le superviseur du scénario. Quand le réalisateur demande à l'acteur de faire comme-ci au lieu de comme ça, parfois l'acteur ne comprend pas ce qu'il recherche. Passer derrière la caméra m'a permis de mieux comprendre la vision d'un réalisateur.» Autre leçon apprise : le respect que l'acteur doit avoir pour l'équipe de tournage. «L'équipe est sur le plateau depuis 3 heures du matin, alors que l'acteur n'arrive qu'à 6 heures. Donc, il ne faut pas se plaindre. L'équipe compte sur l'acteur pour faire correctement son métier. Sinon, la journée s'éternise.»

Il se souvient de ses yeux d'enfant sur le plateau de son «premier film», Serenity. «Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de préparations. C'était comme un ballet.» Avec le nouvel espoir que représente son admission au Cours Florent, Jake François ne compte pas quitter la piste de danse.

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