Madagascar: Trans mort public

Et l'hécatombe continue. En l'espace de 24 heures treize personnes,dont deux enfants, ont perdu la vie dans deux accidents de la circulation à des endroits différents. En cause l'imprudence voire la négligence des conducteurs de camion et de taxi-brousse. À Isandra Fianarantsoa le conducteur d'un taxi-brousse s'est amusé avec son téléphone portable pour perdre le contrôle de son véhicule qui finit déchiqueté dans un ravin. Sept personnes ont péri. À Marovoalavo c'est le conducteur d'un gros camion qui a gobé deux taxi-brousses venant en contre sens.

Bilan six morts dont un bébé et un enfant. Et ce n'est pas fini à l'allure où vont les choses. On ne le répétera jamais assez, les conducteurs sont des terroristes en puissance. Vu la prolifération des gros camions depuis quelques années, on a de sérieux doutes sur la capacité des chauffards au volant étant donné que les auto-écoles poids lourds sont très rares alors que l'âge moyen de ces « bourreaux » est très bas.

Un conducteur de ces engins doit être quelqu'un qui a plusieurs années d'expérience et surtout qui a conscience du danger qu'il représente pour les autres usagers. Ce qui n'est visiblement pas le cas eu égard à la fréquence des accidents mortels sur les routes nationales. Et d'un. C'est aussi le cas de certains conducteurs de transport en commun qui se prennent pour des compétiteurs de rallye aussi bien en ville que sur les routes nationales.

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Là aussi il faut certainement revoir l'octroi du permis de conduire pour le transport en commun. Mais comme chauffeur est le métier le plus facile même pour les illettrés dans une conjoncture où le marché de l'emploi est la plupart du temps dépourvu de marchandises, il est difficile de faire un tri sans risquer de gonfler le nombre de chômeurs. Et de deux. Il ne faut pas oublier que l'etat défectueux des routes constitue également en grande partie la cause des accidents.

Les principales routes nationales en particulier la RN 2 et la RN6 se trouvent dans un état que même un tank aura du mal à y passer. Il suffit d'un petit ballotage entre les flancs d'un cratère pour qu'un gros camion chargé plus que de raison bascule et s'affale sur un autre véhicule. Il n'y a pas une semaine où il n'y a pas un camion ou un conteneur qui perd son chemin sur la RN2. C'est un danger public en permanence. Et de trois.

En somme, on a une équation à trois inconnues. La solution pour le moment est un ensemble vide puisque les paramètres sont immuables et intouchables surtout en période électorale. Et évidemment on a recours au placebo là où il faut carrément amputer pour juguler le mal. Empêcher l'importation de gros camion dont le poids et la dimension dépassent nettement la résistance et la largeur des routes est quasiment irréaliste vu l'enjeu que cela constitue. Sensibiliser et former les chauffeurs est peine perdue puisqu'on avait déjà tenté l'expérience mais un âne ne peut pas être un cheval en dépit d'un croisement.

Réparer les routes demande beaucoup de sous qu'on n'a pas et qu'il faudra quémander aux bailleurs de fonds lesquels mettront des années pour l'inclure dans leur projet. Autrement dit, l'urgence ne figure pas dans leur glossaire. Il faudra se contenter des déclarations de bonnes intentions et prier à tue-tête pour que la saison de pluie ne vienne aggraver la situation. Il faudra donc prendre notre mal en patience et se résigner au trans... mort public.

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