Sénégal: Routes défectueux à cause des pluies, nid-de-poule - Le martyre des riverains, automobilistes et usagers

Contrairement aux années précédentes, plus d'un mois après le démarrage effectif de l'hivernage, la région capitale, Dakar, peine toujours à enregistrer de fortes précipitations.

Toutefois, les rares pluies de moindre «envergure» tombées dans la Ville et sa banlieue ont fini de semer le désarroi chez certaines populations notamment à cause de la dégradation de plusieurs routes, rues et ruelles de plusieurs quartiers. Donnant du tournis aux riverains, usagers et automobilistes.

Il est 12h au marché Dior des Parcelles Assainies. Le climat est très chaud. Dans plusieurs coins, des jeunes s'activent dans la vente de l'eau fraiche ; le temps qu'il fait constitue une aubaine pour ces vendeurs de sachets d'eau. L'on note des mouvements importants de personnes et de voitures. A hauteur de la station d'essence, un homme de tenue régule la circulation automobile ; de l'autre côté, des taxis clandestins appelés «clando» desservant l'unité 7 et Yoff. Malgré la présence d'un grand nombre de voitures, la situation est paisible. Les voitures sont stationnées à la queue leu leu, chacune attendant son tour sur la piste des départs. C'est le rabatteur ou "coxeur" qui est chargé de réguler les départs, suivant les positions des véhicules déjà inscrits au tableau, par ordre d'arrivée.

Seulement, pour les clandos desservant l'unité 7 des Parcelles Assainies, par exemple, la route qui passe par la compagnie des Sapeurs-pompiers est parsemée de trous, de nombreux nids-de-poule. Les voitures procèdent à des déviations pour éviter les embouteillages et secousses causés par l'état de la chaussée. A l'image de cet axe, plusieurs routes, rues et ruelles de quartiers sont dans un état de dégradation avancée en cette période d'hivernage. Une situation qui inquiète et indispose riverains, automobilistes et autres usagers.

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Ces crevasses jusque-là masquées par l'ensablement, ont été mises à nu par l'action des eaux de ruissellement. En effet, même si Dakar est sa région n'ont pas encore enregistré de pluies diluviennes, plus d'un mois après l'installation de l'hivernage, les quelques précipitations d'intensités variables qui se sont ainsi abattues sur la capitale sénégalaise, ont emporté tout le sable ou presque couvrant ses creux, paralysant la circulation. Autres dégâts divers occasionnés, cette situation entraîne, par endroit, des coupures d'électricité et d'eau, à cause de câbles et tuyaux déterrés et endommagés, dans de nombreux quartiers.

Un chauffeur de taxi trouvé en train de nettoyer sa voiture, préfère ne pas se prononcer sur ces désagréments. Mais, à côté de lui, un jeune conducteur répondant au nom de Mamadou Ndiaye, qui dessert Yoff, se plaint de l'état des routes qui mènent à ce quartier de Dakar. Habillé en maillot vert de l'équipe nationale de football du Sénégal et assis derrière sa voiture blanche, attendant des clients, il déclare que «cette situation est très difficile. Les routes sont défectueuses, parfois on est obligé de procéder à des détours, de quitter la route initiale et de prendre d'autres voies secondaires pour arriver à notre destination. Et ça ralentis la circulation».

Keur Massar aucune voie principale n'est praticable entièrement

Ce calvaire n'épargne aucun conducteur : des chauffeurs de taxis, de clandos, aux motos, charrettes et autres bus et particuliers, tous en souffrent. Après quelques minutes, l'on arrive au terminus des minibus Tata situé à Diamalaye, à côté de la mer. Plusieurs types de voitures, des Tata, des taxis et des particuliers sont trouvés sur place. Mor Talla, un chauffeur de Tata, de la ligne 80, trouvé allongé devant le volant de son car, décrit et liste les zones où le trafic est plus difficile, du fait des routes défectueuses.

«Là où nous passons, par exemple, si on quitte ici, une fois à l'unité 15, il y a beaucoup d'eau... jusqu'au nouveau poste de Police. Tout ce trajet est parsemé de trous et, à cause des eaux stagnantes, on ne voit pas ces creux. Une fois à Cambérène 2, desservi par la ligne 29, c'est pareil, de même qu'à Thiaroye. A Keur Massar, c'est le comble. On tente sa chance : soit on reste là-bas, soit on sort de cette zone. Les canaux d'évacuation des eaux pluviales ont des problèmes, il faut qu'on enlève le sable qui est là-dans pour que l'eau puisse couler normalement et réparer les creux sur la chaussée pour qu'on puisse rouler».

Moussa Ngom, un autre chauffeur de minibus de la ligne 80, d'expliquer les difficultés rencontrées pendant leur travail. «Ils ont barré l'accès dans certaines zones, à cause du mauvais état des routes. On est obligé de passer par des ruelles des quartiers. Et là, on vit la catastrophe. Tu peux même passer la journée là-bas, à cause des inondations et des trous sur les routes et nous n'avons pas le choix», se résigne-t-il. Pour Moussa Ngom «cette situation est à l'origine de nombreuses pannes : les lames des cars se cassent, la boîte et le moteur absorbent de l'eau. Ça détruit les radiateurs, les pneus... Et les nouvelles voitures ne peuvent pas tenir dans ces conditions. Sans occulter la fatigue ressentie par les chauffeurs et les receveurs».

D'ailleurs, il y a quelques jours, des travailleurs de l'Association de financement des transports urbains (Aftu) avaient menacé de boycotter Keur Massar, pour alerter sur le niveau de dégradation très avancé des routes, rues et ruelles du 56ème département du Sénégal. Ici, de la route de Boune (via Dibiterie ou en passant par Mtoa), à celle des Niayes dont un tronçon est fermé à la circulation parce qu'étant en chantier depuis une dizaine de jours (entre le rond-point du marché et la pharmacie 24h), en passant par la route de Sotrac et celles de Jaxaay, aucune voie principale n'est indemne à Keur Massar.

«Tout ce que l'on gagne, on l'utilise en retour pour le dépannage des voitures»

Mbaye Ndiaye, trouvé à cotée de sa voiture, en train de procéder à quelques réglages, de renchérir : «on est très fatigué, vraiment. Tout ce que l'on gagne, on l'utilise, en retour, pour le dépannage des voitures, à cause du mauvais état des routes. Or, pour passer avec succès la visite technique, il faut que la voiture soit en bon état. Et avec ces routes, on ne peut avoir une voiture en bon état», soutient-il, lançant un appel aux autorités y remédier. «Les Lignes 59 ; 52 ; 73 etc. ont même laissé leurs itinéraires initiaux... Et nous avons tous le même itinéraire. A cause de l'état de dégradation des routes, c'est des embouteillages partout et des pannes : lames et amortisseurs endommagés, problèmes de moteur. Il y a beaucoup de dégâts, on est très fatigué».

Les automobilistes et autres usagers de ces routes ne sont pas les seules à vivre ces désagréments. Toutes les couches de la population sont concernées. Mor, habillé en chemise blanche, avec un sac à dos, déplore les mauvaises routes. «J'ai pris la ligne 36 pour aller à Ngor. Mais, une fois à Diamalaye, la route est inondée, avec des creux partout. Le chauffeur ne voit pas ses trous couverts par les eaux, la voiture fonce dedans, avec des "balancements" dans tous les sens. Au risque de tomber. Et ça retarde la circulation».

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