Ile Maurice: Messe de la Saint-Louis - Mgr Jean Michaël Durhône reprécise les grandes lignes du partenariat Eglise-Etat

Mgr Jean Michaël Durhône, nouvel évêque de Port-Louis, a reprécisé les grandes lignes du partenariat Eglise-Etat et de tout gouvernement présent ou à venir, en replaçant cette collaboration dans la perspective du respect de la dignité humaine. C'était hier lors de la messe de la Saint-Louis, qui a été célébrée en la cathédrale éponyme, rouverte samedi dernier, soit la veille de son ordination, après trois mois de rénovation. Mgr Durhône était entouré de ses homologues de l'océan Indien et des prêtres du diocèse de Port-Louis.

Rappelant que Saint Louis était un des rois de France et donc, un homme politique mais qui suivait le Christ, Mgr Durhône a jugé utile de redire la manière dont l'Eglise comprend sa relation avec l'Etat et tout gouvernement actuel ou à venir. Cette relation selon l'Eglise doit s'exprimer par trois éléments, soit être au service de la dignité humaine, vivre le partenariat de façon responsable et y identifier les signes d'espérance.

L'évêque de Port-Louis a rappelé que l'Eglise comme l'Etat est au service de tous les citoyens de la République de Maurice. Et même si Saint Louis était un roi vivant dans un château, il avait de la considération pour les plus pauvres. «Kan St Louis ti guett enn dimounn, li pa trouv dabor so fonction, so rang dan la sosiete, me enn dimounn avan tou. Derrière sak fonction ou poste, ena la personne en premier. Enn zour mo pou nepli levek de Port-Louis, mo responsabilité pou termine, me mo dignité en tant ki enn humain pou reste.»

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Il a affirmé que la dignité sociale ne dure qu'un temps. «Ce poste ou la fonction s'arrête à un moment donné. Li koumsa aussi dans la vie politique. Enn moment dan lavi enn dimounn, li arrive okip bann poste bien haut au niveau enn l'Etat, enn pays. Me enn zour, pou différentes raisons, responsabilité la arrete mais so dignité pas enleve. Nou tou ne parey ek mort parey. Nou vinn lor la terre sans linz, sans grand kitchose et enn zour, nou pou alle et nou kit tou sa la.» Tout être humain, estime-t-il, mérite le même respect et la même considération et l'Eglise et l'Etat sont au service de la dignité humaine qui rappelle «l'égale valeur de chaque citoyen de notre société».

Dignité humaine

Par rapport à ce partenariat responsable, l'évêque de Port-Louis a souligné que l'Eglise et l'Etat se concentrent sur les enjeux de société. Il a salué les propos du Premier ministre qui a reconnu que les usagers de drogue sont des personnes malades, respectant ainsi leur dignité humaine alors que d'autres personnes les comparent à des bêtes et pensent qu'il faut les laisser mourir comme des chiens. Il estime que ce partenariat entre l'Eglise et l'Etat a pu être vécu durant la pandémie du Covid-19, «où les services de Caritas et les organismes de l'Etat ont été proches des plus pauvres de la société.»

Ce partenariat responsable permet d'identifier des signes d'espérance dans la relation Eglise-Etat. «Lesperans se pa ouver la main et attan ki le bien à accomplir pou tomb disiel. Me ensam nou rod le bien de la population mauricienne - ensam nou konstrir enn pays kott sak citoyen senti li here et ki personne pa senti li citoyen 2e ou 3e classe.»

L'Eglise n'est pas contre l'Etat ou tout gouvernement. L'Evêque, a-t-il rappelé, se met sous l'autorité de la Parole de Dieu pour travailler à l'amélioration des personnes sur terre. «L'Eglise trouve des signes d'espérance en étant heureuse de soutenir, par exemple, un projet sur la toxicomanie au nom de la dignité de la personne et des familles touchées par le mal. L'Eglise est heureuse de soutenir tout projet éducatif en partenariat avec l'Etat pour prendre soin des enfants et des jeunes en échec scolaire. Quelle espérance si dans notre pays, tout enfant mauricien sort du cycle primaire en Grade 6, PSAC, en sachant lire, écrire et compter!»

Mgr Durhône a fait ressortir qu'il arrive qu'il y ait des divergences de vue entre l'Eglise et l'Etat. «Dans tout partenariat, ena différence d'idée et de point de vue.Mais c'est dans le respect et dans le dialogue que se construira une société mauricienne plus fraternelle, plus juste et plus solidaire avec les plus faibles.»

Comme à l'accoutumée, plusieurs personnalités politiques du gouvernement ont assisté à cette messe, notamment le vice-président de la République, Eddy Boissézon, et les vices-Premiers ministres Leela Devi Dookhun-Luchoomun et Anwar Husnoo, le Premier ministre n'y étant pas présent pour une fois, sans doute en raison du décès de son beau-père, sir Kailash Ramdanee, en début de semaine. L'opposition était présente en force, avec Xavier-Luc Duval, Patrick Assirvaden, Stéphanie Anquetil, Ariane Navarre-Marie, Mamade Khodabaccus, Fabrice David et Aurore Perraud, pour ne citer qu'eux.

Le partenariat Eglise-Etat s'est aussi illustré au cours de cette messe car des parlementaires de foi catholique, à savoir Joanna Bérenger, Joanne Tour et Fabrice David, ont lu les intentions de prière.

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