Madagascar: Le code de vie traditionnel encore respecté de nos jours

Pour se comprendre et s'estimer d'une race à l'autre, il faut mieux se connaitre », écrit Isabelle Ratsira, en commentant quelques usages malgaches, notamment merina. Elle souligne, en particulier, le « kabary » qu'elle qualifie de trait caractéristique typiquement malgache.

Sous la monarchie merina, ce terme signifie également grande assemblée publique au cours de laquelle le souverain ou son porte-parole fait part au peuple réuni, des décisions, mesures et autres édits, à travers de grands discours solennels, les « kabary ».

Ces discours et palabres sont très utilisés dans les grands évènements heureux ou malheureux, politiques ou économiques, touchant la vie communautaire ou familiale. « Toutes ces civilités peuvent paraitre insolites à tout étranger, mais elles ont leur raison d'être. »

Selon l'auteure de l'étude, la douceur de la langue malgache y joue un rôle incontestable et permet l'utilisation d'expressions imagées, « hain-teny », et de proverbes, « ohabolana », pleins de finesse et d'humour. « Le peuple malgache aime les proverbes que l'on cite à la moindre occasion, et aucun kabary ne serait considéré comme parfait sans eux. » Les proverbes traduisent l'esprit et la sagesse des Malgaches.

Pour présenter, par exemple, qu'un supérieur est à la fois objet de critiques et submergé de responsabilité, le Malgache dit : « Les brouillards couvrent les cimes des montagnes, les moustiques dorment dans les vallées, les crocodiles se prélassent dans les sinuosités des rivières, et les responsabilités assomment celui qui dirige. »

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Avant l'arrêté du 27 septembre 1896 qui abolit l'esclavage, ceux qui sont astreints aux corvées, affirment avec « une philosophie teintée d'humour » que « l'esclave est comme une cigale : même si elle a les pattes cassées, elle continue de chanter ».

Autrement dit, tant qu'on est en vie, on est bon pour la corvée et l'on ne peut s'y soustraire. Dans un autre registre, le choix des noms propres est bien étudié car ils ont toujours une signification.

Ainsi, Andriantsiramanjaka se traduit littéralement par le « noble maitre du sel qui règne », Rabodozafimanjaka par « la petite fille qui règne», Razafimandimby par « le petit-fils qui succède »... Il est également d'usage de placer le prénom après le nom de famille (fanampina anarana, ou complément de nom).

Cela s'explique par le fait que le prénom est un apport occidental, un « nom de baptême » tiré de la Bible ou en encore celui d'un Saint. Par la suite, apparaissent des prénoms spécifiquement malgaches qui, tout comme les noms, ont une signification. C'est dans un souci de recherche de leurs racines que les Malgaches, surtout des Hautes-Terres, reviennent à des prénoms locaux.

Autre usage dans le code de vie traditionnel: le Malgache des campagnes prend votre main en sandwich entre les siennes pour saluer. Ou il tend la main droite en tenant de sa main gauche son avant-bras.

Dans ce dernier cas, la main est présentée respectueusement et non simplement tendue. Les accolades et embrassades ne sont pas du tout d'usage. C'est une innovation occidentale importée qu'une certaine catégorie de gens adopte.

Pour passer devant ou à proximité d'une personne, ou encore pour la dépasser dans la rue, le Malgache dit « ombay lalana, tompoko» (pouvez-vous me donner le passage ?), en se baissant légèrement comme dans une révérence, la main droite se balançant en un geste qui mime le tracé d'un passage « Ce qui peut vous paraitre une déférence exagérée, est une marque de politesse normale, sans obséquiosité. » Car le respect envers autrui, surtout envers les personnes âgées, est à l'origine de nombreux « fady ».

Les enfants honorent les parents, les « ray aman-dreny », surtout en raison du caractère sacré qu'ont les Malgaches de l'obéissance aux personnes âgées qui, pour eux, symbolisent la sagesse et l'expérience.

Au point que le souhait de tout Malgache est d'être enseveli, à sa mort, dans le tombeau familial. Mourir est dans l'ordre normal des choses pour lui, mais le pire est de pouvoir reposer parmi ses ancêtres. Les Malgaches expatriés ne conçoivent pas que le corps de l'un des leurs, décédé à l'étranger, ne soit pas rapatrié au « tanindrazana », la terre des ancêtres.

Et lorsqu'on mange en plein air, il est d'usage d'inviter ceux qui passent, à partager son repas, si modeste soit-il. « Même une sauterelle peut se partager. »

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