Cameroun: Résiliation de contrat de 3 enseignants à yaoundé i - Le Pr Assako Assako en vedette malgré lui

La résiliation des contrats de travail de trois enseignants (Pr Damaris MANDOB epse ENYEGUE, Maître de conférences ( Biochimie) ; Gaston NDOCK NDOCK, chargé de cours (Géographie), et Fridolin NKE ( Philosophie), à l'université de Yaoundé I, par le recteur de ladite institution académique, est au coeur de l'actualité universitaire. En effet, le 11 août 2023, le recteur de l'Université de Yaoundé I, le Pr Maurice Aurélien SOSSO, par une décision lue au journal de 17 heures de la radio d'État du Cameroun, a procédé à la rupture du contrat de travail des trois enseignants suscités. Une décision qui naturellement, soulève le débat sur les compétences ou non d'un recteur à résilier le contrat d'un enseignant d'université d'État au Cameroun.

Et à ce niveau, les débats ne sont pas favorables au recteur de l'Université de Yaoundé I, président de la conférence des recteurs des universités d'État du Cameroun, doyen des recteurs ( en poste depuis plus de 11 ans). Maurice Aurélien SOSSO est considéré comme l'hyper recteur. C'est en fait le recteur des recteurs. Avec plus de 11 ans de magistère à la tête de l'Université de Yaoundé I, la plus grande université de la zone Cemac, située au coeur de Yaoundé la capitale du Cameroun, qu'on le veuille ou non, il n'est pas un recteur comme un autre.

Une conviction renforcée par les deux prolongations de carrière que le président de la République lui a accordées, respectivement en janvier 2020 et janvier 2022. Sans cette magnanimité du chef de l'État, Maurice Aurélien SOSSO serait en retraite depuis le 25 janvier 2020, jour de ses 65 ans. Après sa première prolongation ( deux ans), Paul BIYA lui a accordé une seconde et dernière prolongation de carrière, en janvier 2022. Résultat des courses : le 25 janvier 2024 est irréversible pour le recteur de l'Université de Yaoundé I: il s'en ira (cette fois-ci) en retraite, sans plus aucune possibilité de prolongation de carrière. Ses courtisans et partisans espèrent qu'il sera fait ministre de l'Enseignement supérieur ou de la Santé publique. Soit. Légitime.

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Le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, exalté comme modèle de respect des textes, malgré lui

Une décision du Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, recteur par intérim de l'Université de Douala ( au moment des faits ) a été exhumée par des spécialistes, pour démontrer l'incompétence de Maurice Aurélien SOSSO, et par ricochet, le caractère grossier et illégal de la décision du recteur de l'Université de Yaoundé I, mettant fin au contrat de travail de trois enseignants. Selon les érudits des textes régissant les contrats des enseignants aux universités d'État du Cameroun, et au vu de la loi y relative, une mesure administrative d'une telle envergure relève, exclusivement de la compétence du président de la République, président du Conseil de l'Enseignement Supérieur.

Aussi sont-ils sans concession : " Le recteur de l'Université de Yaoundé I a grossièrement outrepassé ses compétences. Il y a une flagrance de détournement de pouvoir. La non- objection du ministre d'État, ministre de l'Enseignement supérieur est aussi d'une curiosité monumentale, pour lui qui a été recteur de l'Université de Yaoundé I, et est perpétuel ministre de l'Enseignement supérieur depuis 19 ans. Le tribunal administratif de Yaoundé doit arrêter cette grossière dérive managériale et cette ubuesque imposture de Monsieur Aurélien SOSSO, recteur de l'Université de Yaoundé I. Son acte est d'une gravité extrême, et son détournement de pouvoir porte atteinte aux prérogatives réservées au seul président de la République ", hurle de colère un professeur d'université.

L'arrêt Assako Assako ou la jurisprudence du recteur par intérim de l'Université de Douala

Et pour déconstruire le recteur de l'Université de Yaoundé I, des universitaires convoquent un incident similaire survenu en 2017, à l'Université de Douala, avec la suspension illégale des enseignements, assortie d'une interdiction d'accès au Campus, de l'alors Dr Aimé Bonny Bonny, par le doyen de la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques de cette université, le Pr MOUELE SONE Albert. Au moment des faits, le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO est recteur par intérim de l'Université de Douala. Très moulé aux franchises académiques, ce professeur titulaire des universités ( Géographie) n'avait laissé aucune chance à la sortie de piste du doyen, pour ce qui à tous égards, un détournement ostentatoire de pouvoir.

Ironie de l'histoire, c'est une décision du doyen des vice-recteurs ( Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, Vice-recteur depuis 14 ans ) des universités d'État du Cameroun, que les universitaires opposent à celle du doyen des recteurs ( Pr Maurice Aurélien SOSSO, recteur de l'Université de Yaoundé I depuis 11 ans ), pour déconstruire sa décision de radier trois enseignants de l'université qu'il dirige depuis le 29 juin 2012. Dans une correspondance datée du 16 Novembre 2017, le recteur par intérim de l'Université de Douala, le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, avait recadré le doyen de la Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques, en s'appuyant sur les textes régissant l'Enseignement Supérieur au Cameroun.

Voici, in extenso, ce texte du Pr René Joly ASSAKO ASSAKO qui malgré lui, à l'heure de la polémique sur la résiliation des contrats de travail de trois enseignants de l'université de Yaoundé I par le recteur de ladite institution, le Pr Maurice Aurélien SOSSO, le propulse au devant de la scène, malgré lui, et en fait un modèle de respect des textes sur l'exercice d'enseignant d'université d'État.

« J'accuse réception des copies de votre Note de service n°0146/UD/FMSP/DAF/SAGP du 14 Novembre 2017 par laquelle vous suspendez temporairement les enseignements de Monsieur BONNY BONNY Aimé et de la correspondance n°0278/UD/FMSP du 14 novembre 2017 par laquelle vous notifiez l'interdiction de l'accès au campus de Logbessou du mis en cause à Monsieur le Commissaire du 13eme Arrondissement de Douala.

En marquant ma surprise pour ces sorties épistolaires, effectuées sans que j'en sois au moins informé au préalable, je voudrais vous signifier ce qui suit :

1)L'exercice de l'action disciplinaire visant les enseignants est formellement encadré par le décret n°93/030 du 19 Janvier 1993 portant organisation administrative et académique de l'Université de Douala (articles 15 à 27) et le décret n°93/035 du 19 janvier 1993 portant statut spécial des personnels de l'enseignement supérieur (articles 51 à 62).

2)La suspension temporaire de fonctions visant un enseignant est de la compétence du Ministre de l'enseignement supérieur, après avis du Conseil de discipline (Article 51 (2) du décret n°93/035 du 19 janvier 1993 portant statut spécial des personnels de l'enseignement supérieur ; et Article 18(2) du décret n°93/030 du 19 Janvier 1993 portant organisation administrative et académique de l'Université de Douala).

3)La suspension définitive des enseignements dont vous faites mention dans votre lettre adressée au Commissaire du 13eme Arrondissement, est de la compétence exclusive du Président de la République, sur proposition du Ministre de l'enseignement supérieur après avis du conseil de discipline (article 18(3) du décret n°93/030 du 19 Janvier 1993 portant organisation administrative et académique de l'Université de Douala; et article 51(3) du décret n°93/035 du 19 janvier 1993 portant statut spécial des personnels de l'enseignement supérieur.

4)L'exercice des franchises universitaires et de la police générale de l'institution est de la compétence du Recteur. Aucun membre des forces de l'ordre et aucun huissier de justice ne peuvent pénétrer ou exercer un mandat de justice contre un membre de la communauté universitaire sans l'autorisation spéciale écrite du Chef de l'Institution universitaire (articles 41 et 42 du décret n°93/027 du 19 Janvier 1993 portant dispositions communes aux universités).

Au regard de ce qui précède, je vous engage à bien vouloir initier une procédure disciplinaire à l'encontre du présumé contrevenant, dont il convient de rappeler qu'il est présumé innocent jusqu'à l'établissement de sa culpabilité, le cas échéant ».

Professeur René Joly ASSAKO ASSAKO, Recteur/Intérim.

Voilà donc comment sans calcul, de façon tout à fait normale ( voire anodine), le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, il y a pourtant six ans, agissait " innocemment", mais en toute normalité et justesse, sans savoir qu'il entrerait dans l'histoire, lui qui est pris comme modèle de respect des us et coutumes académiques universitaires aujourd'hui, au coeur même de la bataille mediatico- administrativo- juridique entre le recteur de l'Université de Yaoundé I, et trois enseignants.

Le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO en bref

Le Pr René Joly, ASSAKO ASSAKO est vice-Recteur en charge des Enseignements, de la Professionnalisation et des Technologies de l'Information et de la Communication. C'est le 1er vice-recteur dans cet ordre, dans la hiérarchie des universités d'État du Cameroun. Nommé pour la première fois, Vice-recteur en 2009, le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO cumule 14 ans d'expérience professionnelle dans ce poste, qu'il a successivement occupé à l'Université de Yaoundé II - SOA ( 2009 - 2012), à l'Université de Yaoundé I ( 2012 - 2017), et à l'Université de Douala, de 2017 à ce jour. Il est à ce titre, le plus ancien vice-recteur des universités d'État du Cameroun. Toute chose qui selon plusieurs spécialistes, peut valablement justifier la justesse et la prudence qui le caractérisent dans la gestion de certains dossiers sensibles, grâce à sa parfaite maîtrise des textes régissant l'enseignement supérieur, ainsi que le fonctionnement des campus d'État.

Aujourd'hui, face à l'actualité brûlante, cet universitaire, Professeur titulaire hors- échelle, très effacé, et dont on ne sent la présence que dans les activités scientifiques ressortissant à sa spécialité ( la Géographie), est, de par sa décision prise comme recteur par intérim de l'Université de Douala, en 2017, aujourd'hui, et malgré lui, au coeur des débats sur le licenciement de trois enseignants d'université de Yaoundé I, par le recteur. Ne dit-on pas que la meilleure façon d'entrer dans l'Histoire, est de bien faire, sans espérer entrer dans l'Histoire ?

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