Congo-Kinshasa: Polémique sur la commercialisation d'or artisanal au Sud-Kivu vers les Émirats arabes unis

La controverse porte autour des avantages accordés à Primera Gold DRC, une joint-venture entre la RDC et la société Primera créée pour exporter l'or artisanal congolais de la région du Sud-Kivu vers Dubaï.

Selon le gouvernement, cette initiative a été lancée dans le but de lutter contre le trafic illicite dont profitent les pays voisins tels que le Rwanda et l'Ouganda. Elle vise également à combattre la contrebande, considérée comme l'un des moteurs de la violence dans l'est de la RDC. Après les dénonciations émises par la plateforme de la société civile « Le Congo n'est pas à vendre » (CNPAV), le député national Alfred Maisha a saisi l'Assemblée nationale afin que les ministres en charge du portefeuille, à savoir Antoinette N'Samba pour les mines et celui des Finances, s'expliquent devant la chambre basse du parlement.

Selon les termes du contrat qui a été rendu public, Primera Gold ne sera soumise qu'à un taux unique de taxation de 0,25 % pour les 25 prochaines années. Ce privilège est particulièrement marquant, puisqu'il n'a été octroyé à aucune autre entité, comme l'a souligné la plateforme de la société civile Le Congo n'est pas à vendre.

Un autre aspect qui suscite le mécontentement parmi les acteurs de la société civile concerne l'exclusivité accordée à Primera pour l'exportation des minerais comme l'or, le coltan et l'étain extraits de manière artisanale dans les provinces de l'Est du Congo. Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, pour sa part, invoque un décret émanant du Premier ministre pour réfuter l'idée d'exclusivité dans le secteur.

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Un raffinage aux Émirats interdit par le code minier

Un autre point soulevé par la société civile concerne l'exportation d'or brut pour son raffinage aux Émirats arabes unis. Pourtant, le code minier n'autorise le raffinage à l'étranger que lorsque cela est impossible localement. À noter qu'une raffinerie a été érigée dans la ville de Bukavu.

De son côté, le gouvernement précise qu'il ne s'agit nullement d'une exploitation industrielle. De plus, selon le ministre Nicolas Kazadi, des enquêtes sont en cours à la suite des soupçons entourant les activités des actionnaires de cette raffinerie.

Pour sa part, le CNPAV appelle le gouvernement à divulguer la liste complète des véritables bénéficiaires et des actionnaires de Primera.

Le gouvernement, lui, met en avant le fait qu'avant l'introduction de Primera, les chiffres officiels indiquaient que seulement 48 kg d'or artisanal étaient exportés l'année dernière. En contraste, cette année, Primera Gold a déjà exporté trois tonnes rien que pour le premier semestre. En conséquence, le gouvernement prévoit de reproduire le même modèle pour plusieurs autres produits.

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