Cameroun: Yaoundé, marché mendong - Des commerçantes-soldates en quête du graal

Ces femmes communément appelées Buyam sellam (acheteuses-vendeuses) font la pluie et le beau temps de cet espace marchand, l'un des plus populeux de la ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun.

Marché Mendong dans la commune de Yaoundé 6. Il est environ 5h 30, ce 29 août. Certaines marchandes, appelées Buyam sellam, (50 ans, moyenne d'âge), se réveillent en s'étirant le corps, au point où l'on en entend des craquements des os.

D'autres épuisées, sont encore couchées sur leurs sacs contenant des marchandises. Elles ont pris de la peine à y marquer des signes distinctifs.

Ces marchandes viennent entre autres, des marchés de la région de l'Ouest (Bantoum, Tonga, Mbouda, Dschang, Bafoussam) ; de Batchenga dans le département de la Lékié ou encore de Mbankomo dans le département de la Mefou-et-Akono, région du Centre.

Leurs marchandises sont constituées de la banane, de l'igname, du macabo, des légumes et des fruits. Tout comme ses collègues, maman Marlyse dit n'avoir pas de préférence quand elle est sur le terrain. « Tout ce que je trouve, j'achète ».

Le gérant d'une boutique de produits alimentaires, Samuel Talla, est arrivé plus tôt que d'habitude. Il espère avoir des jeunes brouettiers qui vont décharger ses marchandises dans le camion positionné plus loin. Il va devoir être patient car ces jeunes doivent d'abord déposer des sacs de ces femmes dans des lieux indiqués. Samuel étonné de les voir arpenter les couloirs du marché suivis par ces jeunes « Ce sont des lionnes », les baptise-t-il.

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Ces commerçantes de nuit comme de jour n'ont presque plus de vie. Mado, veuve Lembe renseigne qu'elle passe trois jours sur sept en brousse à la quête des sésames qui constituent le gagne-pain de sa famille de sept enfants. Elle est partie de Tonga à 21 heures et est arrivée au Marché manguier aux encablures de 3 heures. Dès que ces marchandises seront sécurisées, Mado ira à la maison saluer les enfants avant de revenir commencer sa journée devant son hangar qu'elle appelle son bureau. « Avant le décès de mon mari, j'étais déjà dans ces affaires. C'est grâce à cela que j'ai pu envoyer mon fils continuer ses études aux Etats-Unis », se réjouit-elle.

Marie Abega quant à elle s'occupe d'une cliente venue faire le marché avant d'aller à son lieu de service : « c'est la rentrée. Ma tête chauffe. Mais grâce à ce marché qui est en réalité mon premier mari, les enfants vont aller sans souci ». Marie argue que ces enfants fréquentent les collèges où la scolarité n'est pas à portée de tous.

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