Afrique: Flux financiers illicites - Des pertes annuelles estimées à près de 90 milliards de dollars américains en Afrique

Dakar — Le continent africain perd chaque année près de 90 milliards de dollars américains, environ 54.052 milliards 825 millions de francs CFA (selon le cours actuel du dollar), dans les flux financiers illicites, surtout dans les secteurs extractifs et miniers, a révélé, mercredi, à Dakar, le directeur exécutif de Trust Africa, Ebrima Fall.

"En 2015 déjà, l'Afrique perdait 50 milliards de dollars (environ 30.258 milliards 50 millions de francs CFA) par an en termes de flux financiers illites. Actuellement, les estimations sont de 90 milliards. Ces fuites de flux financiers touchent surtout les secteurs extractifs et miniers. Elles entraînent des pertes énormes pour le continent", a-t-il-déclaré.

M. Fall intervenait à l'ouverture de la troisième édition de la conférence africaine sur la dette et le développement, organisée à Dakar par Trust Africa et l'African Forum and Network on Debt and Development (AFRODAD).

"Le continent a une véritable saignée à ce niveau", a-t-il signalé en ajoutant les auteurs de ces fuites "exploitent les ressources ou commercent avec l'Afrique en utilisant tous les moyens leur permettant d'éviter [des] taxes" aux États, a souligné Ebrima Fall.

Le directeur exécutif de Trust Africa relève par ailleurs que "la campagne en cours vise à arrêter ce phénomène et à rapatrier les ressources perdues dans les paradis fiscaux".

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La troisième édition de la conférence africaine sur la dette et le développement a pour thème : "Les 4R pour les décideurs africains : réimaginer, repenser, réorganiser et remobiliser pour un ordre mondial africain".

Elle réunit des parlementaires, des chercheurs et des représentants d'organisations internationales.

Selon Ebrima Fall, la hausse de la dette africaine s'explique par le fait que les pays africains s'endettent dans des monnaies étrangères.

"Certains pays, dont les États-Unis, sont beaucoup plus endettés que nous mais ils s'endettent dans leur monnaie, ce qui fait que le risque n'est jamais trop élevé pour eux. Mais notre drame, c'est qu'on emprunte avec des conditions draconiennes et des monnaies qui ne sont pas les nôtres", a-t-il-analysé.

M. Fall estime que "les pays africains sont très lourdement endettés, ce qui représente un fardeau énorme pour le continent et l'empêche d'atteindre ses objectifs de développement durable et inclusif".

"Les ressources que nous générons vont en grande partie au remboursement de la dette. On passe beaucoup de temps pour se libérer de cette dette, qui est très lourde et hypothèque la transformation de notre économie", a-t-il déploré.

Mamadou Ndiaye, conseiller technique au ministère des Finances et du Budget du Sénégal, a réitéré la proposition faite par les autorités sénégalaises de créer une agence panafricaine de notation financière.

"Cette structure permettra de mieux prendre en compte les problématiques nationales de chaque pays africain et de mieux redimensionner les risques liés à l'endettement des pays africains", a assuré M. Ndiaye.

La conférence africaine, qui se poursuivra jusqu'à vendredi, est censée "promouvoir des idées et des stratégies innovantes, qui redéfinissent le rôle de l'Afrique dans l'architecture financière mondiale, pour conduire le continent vers un avenir durable et équitable".

Les discussions porteront sur "la manière d'établir un ordre mondial qui serait basé sur le principe d'égalité et la nécessité de réparer les torts historiques".

Selon les organisateurs, les recommandations faites lors de la conférence "seront utilisées pour contribuer et influencer la conférence sur le climat en Afrique", ainsi que les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

La rencontre consacrée au climat est prévue du 4 au 6 septembre, au Kenya.

Les prochaines assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale vont se dérouler du 9 au 15 octobre à Marrakech, au Maroc.

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