Gabon: Un coup d'état qui met fin au règne du clan Bongo

Des militaires sont intervenus à la télévision nationale gabonaise, hier matin, deux heures après l'annonce des résultats officiels de l'élection présidentielle. Ils disaient qu'ils les annulaient, que toutes les institutions étaient suspendues et que les frontières du pays étaient fermées.

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe, mais elle n'a finalement pas surpris les observateurs. Ali Bongo était en lice pour un troisième mandat et il a été élu avec 64% des suffrages, un score qui suscitait le doute de toute la population. Lui et un certain nombre de ses proches ont été arrêtés et un comité de redressement national et de rétablissement des institutions a été constitué pour diriger le pays.

Un coup d'état qui met fin au règne du clan Bongo

La population de Libreville est sortie dans les rues pour fêter la nouvelle. Elle se sentait libérée de l'emprise exercée par Ali Bongo et son clan sur les affaires du pays. Son père, Albert Bongo, devenu Omar Bongo après sa conversion à l'Islam, est arrivé au pouvoir en 1967, à la faveur d'un coup d'Etat et il a dirigé le pays d'une main de fer.

C'était un véritable prédateur qui a accaparé toutes les ressources financières, générées par les richesses du pays. Il a accaparé les revenus du pétrole et de l'exportation des bois précieux. Il en a investi une grande partie en France. Il a été d'ailleurs, l'un des premiers notables africains à être poursuivi dans l'enquête des biens mal acquis.

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Mais comme certains de ses homologues, il n'a pas été inquiété, jouissant de l'appui de l'État français. Il a été un des piliers de cette France Afrique tant décriée. Après sa disparition, le clan familial a continué à gérer le pays.

Son fils a pris en main les rênes du parti démocratique gabonais et a été élu président en 2009 après une élection très controversée. Il a été réélu en 2016, après une contestation très vive de son adversaire, Jean Ping dénonçant une fraude massive. Les forces de l'ordre ont tiré sur les manifestants.

Il a été victime, peu après, d'une tentative de putsch, qui a échoué. Un AVC l'a un moment éloigné du pouvoir, mais il est revenu récemment aux affaires. Il a donc brigué un troisième mandat et l'on sait ce qui est arrivé. La junte affirme qu'il est mis à la retraite.

Les réactions de la communauté internationale sont identiques : c'est la condamnation de ce coup de force. Mais ce sont les propos d'un jeune Gabonais vivant en France qui traduisent le mieux le sentiment général : « 50 ans de règne de la famille Bongo, ça suffit ! »

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