Cote d'Ivoire: L'éditorial d'Adama Koné - Développement de proximité

éditorial

Dans le Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire, à 350 kilomètres d'Abidjan, sur l'axe Gagnoa-Soubré, se dresse le village de Yacolidabouo, encore appelé Yacoli.

Un village connu des fichiers de la Banque mondiale. Une délégation de l'institution de Bretton Woods y a mené une mission d'évaluation. Une évaluation de ce que peut signifier le développement local.

La Banque mondiale est sortie de ses bureaux, pour aller toucher du doigt la finalité de toute politique sociale : le bien-être de la population.

Observant Yacolidabouo, il y a de quoi mettre le curseur sur le vocable « développement de proximité ». Le village est devenu moderne. Des voies bitumées. Un château d'eau. Un centre de santé. Une maternité, une école primaire et aujourd'hui un collège.

Des cases remplacées par des bâtisses en ciment à l'architecture moderne. Avec des antennes paraboliques et des split. Des espaces verts. Une radio...et une usine de transformation d'hévéa.

L'hévéa, une culture qui permet aux paysans d'empocher un revenu mensuel net, d'au moins 100 000 FCfa sur une parcelle de deux hectares. Yacolidabouo est un village prospère. C'est un village qui a été pensé.

Feu Marcel Zadi Kessy, fils de la région, ancien président du Conseil économique et social, devenu Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) en est le bâtisseur. Ce cadre du village fait prendre conscience aux populations de leur poids dans le devenir de Yacoli.

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Convaincu que le développement, c'est d'abord dans l'esprit, il fait admettre aux agriculteurs de mettre en valeur les nombreux basfonds environnants, par la culture du riz et du maïs. Il réglait ainsi, le problème de la consommation. La région étant en sécurité alimentaire, il passe à une autre étape.

Le développement des cultures de rente, avec l'hévéa. Les cours mondiaux favorables aidant, les planteurs réalisent que la sève nourrit pleinement son homme.

Marcel Zadi Kessy ne s'arrête pas là. Il reste convaincu que le développement agricole qui donne une autonomie financière aux populations doit être accompagné d'une organisation sérieuse. C'est ainsi qu'il crée un conseil de village.

Une sorte de conseil d'administration, chargé de définir les grands projets et de veiller à leur exécution. Yacolidabouo est désormais géré à l'image d'une entreprise.

Cette option lui permet d'obtenir les acquis cités plus haut. La population lui manifeste sa reconnaissance. Des années plus tard, une autre scène se joue, loin de Yacolidabouo.

A Abidjan, tous s'accordent sur la métamorphose de la commune de Koumassi. Depuis quelques années, cette circonscription est à l'abri des inondations. Les travaux de curage effectués portent fruit.

Les rues sont dégagées des installations encombrantes et dangereuses. Les emprises des voies routières « respirent ». Courageusement, la municipalité a réussi à encadrer le commerce.

Aucun marché ne sort de son espace dédié avec des vendeurs aux abords, comme on en voit ailleurs.

A Koumassi, le grand marché, à l'entrée principale de la commune, ne déborde pas. Tout y est organisé avec précision. Des vendeuses de mèches aux détaillants de poulet, les étals et les allées sont propres. Les vendeurs de bois du boulevard du Gabon sont bien logés, non loin de Sotra industries.

Même les fours des vendeurs de viande sont standardisés. Le secteur des maquis jouxtant le cimetière, a une filière allure de jour comme de nuit. Avec son Agora et ses divers espaces de sport et de divertissement dans plusieurs quartiers, Koumassi a un nouveau visage.

Faisant la fierté de ses habitants dont l'habitat commence aussi à changer. Bien de cours communes se transforment en immeubles modernes. Reste à gérer le prix des loyers qui demeurent souvent hors de portée des populations.

Ici aussi, les partenaires internationaux sont venus prendre le pouls du développement de proximité. La commune est citée en exemple, en matière de transformation locale. Ici aussi, le conseil municipal a eu de la vision. Il savait exactement où il allait et comment y aller.

En intégrant les opérateurs économiques au coeur de son action. Et souvent en faisant le bonheur des habitants de sa commune malgré eux. Ces derniers apprécient mieux la maxime, « après la pluie, le beau temps ».

Yacolidabouo, Koumassi, deux exemples, des milieux rural et urbain, qui doivent inspirer tous ceux qui se sont lancés depuis le 25 août à la conquête des électeurs. Les municipales et les régionales sont des élections locales, de développement de proximité.

La proximité, c'est la satisfaction des besoins de santé, d'éducation, d'hygiène, de sécurité au quotidien des électeurs. Ces derniers, pendant une semaine, apprécient celui qui sera, au mieux, porteur de la cause de ces besoins.

Les candidats, quant à eux, sauront leur sort dans cinq jours. Mais dans cinq ans, leur sort ne dépendra que d'eux-mêmes.

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