Afrique: La France et les coups d'état en Afrique - Entre deux poids et deux mesures

1 Septembre 2023

Les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, regroupées sous l'appellation courante de "pré-carré", ont été marquées par des coups d'État aux répercussions contrastées. Ces événements peuvent être divisés en deux catégories : les coups d'État considérés comme négatifs par Paris et ceux qu'elle perçoit comme positifs. Cependant, les récents bouleversements politiques à Libreville et à Niamey ont mis en lumière la complexité de la position française vis-à-vis de ces situations.

Le dernier coup d'État, ou plutôt la révolution de palais, à Libreville, a attiré l'attention internationale en raison de la relation de parenté entre l'homme fort actuel du Gabon et le déchu Ali Bongo Ondimba, son cousin. Contrairement à d'autres réactions internationales véhémentes contre les coups d'État, Paris est restée relativement discrète sur cette affaire.

Selon le professeur Albert Ondo Ossa, autoproclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 26 août 2023 au Gabon, ce coup d'État aurait été orchestré par Pascaline Bongo pour perpétuer la dynastie Bongo, avec l'approbation tacite de la France, à l'image de la situation au Tchad en 2021, lorsque le fils de l'ancien Président, Idriss Déby, a été adoubé par Paris après le décès de son père. De l'avis de la France, ces coups d'État sont perçus comme positifs, car ils préserveraient des intérêts géopolitiques stratégiques dans la région.

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Cependant, il est crucial de rappeler qu'en « Françafrique », ce qui est bénéfique pour la France peut souvent être préjudiciable aux populations locales. Le soutien apporté à des régimes contestés par Paris a suscité la colère des Africains qui aspirent à la démocratie, à la justice sociale et au respect des droits de l'homme.

La situation au Niger illustre une tout autre approche de la part de la France. Le coup de force ayant renversé le président Bazoum a été fermement condamné par Paris, qui maintient une pression constante sur les auteurs du putsch. La France a également été accusée de manipuler la CEDEAO pour mener une guerre au Niger, au nom du rétablissement de l'ordre institutionnel supposé.

Ce contraste dans l'approche française des coups d'État en Afrique soulève des questions fondamentales sur la politique étrangère de la France dans la région. Les critiques estiment que la France devrait privilégier des relations basées sur la promotion de la démocratie, des droits de l'homme et du développement économique, plutôt que de soutenir des régimes autoritaires pour des raisons de stabilité régionale.

La complexité de la position française face aux coups d'État en Afrique perdure, et la France doit relever le défi de concilier ses intérêts géopolitiques avec les aspirations légitimes des populations locales à la démocratie et à la prospérité. L'avenir des relations franco-africaines dépendra en fin de compte de la manière dont ces dilemmes seront résolus.

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