Tunisie: Sécurité alimentaire | L'essentiel - Réappropriation collective du destin agricole

6 Septembre 2023

Vecteur de développement et gage de paix et de stabilité, la sécurité alimentaire devient une urgence à laquelle des solutions innovantes doivent être apportées selon une approche coordonnée, intégrée et multidimensionnelle aux niveaux mondial, régional et national.

La sécurité alimentaire exige que chaque pays mobilise ses ressources naturelles, humaines, économiques et technologiques pour augmenter et améliorer sa production locale d'aliments et réduire sa dépendance externe.

La situation actuelle nous impose la nécessité d'engager la réflexion sur les bases productives du secteur agricole pour réduire le déficit des productions stratégiques (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires) et renforcer, ainsi, l'autonomie du secteur agricole et agro-alimentaire par rapport aux marchés extérieurs.

Les crises qui ont affecté le système économique international, et dont nous avons subi et nous subissons aujourd'hui les effets, nous invitent à la plus grande vigilance. Ne faudrait-il pas, à cet effet, dans un sursaut collectif urgent, unir les efforts, afin d'inverser irrémédiablement le mode de fonctionnement de notre économie, dans le cadre d'une vision stratégique consensuelle et viable, créatrice de richesses, seule voie pour garantir notre souveraineté économique?

Cette approche pose l'exigence d'une sortie de la logique de l'urgence, de la culture de l'immédiateté de l'action publique pour envisager un changement de paradigme économique.

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Le chemin de la souveraineté alimentaire qui doit être tracé pour assurer l'avenir commande également de recentrer le système agro-alimentaire national et de l'articuler plus étroitement au système productif national afin de réduire sa vulnérabilité aux aléas des marchés internationaux.

Les systèmes alimentaires sont au coeur des enjeux de sécurité alimentaire. Malgré les difficultés, l'agriculture tunisienne ne manque pas d'atouts, compte tenu de la grande diversité agroécologique, du savoir-faire de nos agriculteurs et du grand potentiel de progrès en matière de productivité et de qualité.

L'enjeu pour la prochaine décennie est que le secteur agricole occupe pleinement sa place en tant que facteur de dynamisation de la croissance économique, de l'emploi des jeunes et du développement des territoires ruraux. Il est le garant de notre souveraineté alimentaire et de la gestion durable des ressources naturelles du pays.

Repenser une stratégie globale du secteur agricole est impérativement le résultat aujourd'hui. Un débat national doit être engagé impliquant tous les acteurs de la vie économique du pays : agriculteurs et leurs représentants, chercheurs, décideurs, représentants du commerce et de l'industrie, de l'environnement, des ressources en eau, de l'aménagement du territoire, les associations des consommateurs. L'objectif étant une réappropriation collective et partagée du destin agricole du pays.

Sur le court et moyen terme, la première exigence qui s'impose dans le cadre de cet objectif est d'établir un nouvel équilibre entre approvisionnements extérieurs et offre nationale en réalisant l'autonomie alimentaire au sein des filières prioritaires, le blé dur, les produits laitiers, entre autres, qui ont un poids décisif sur le profil nutritionnel et alimentaire de la population.

La question relative à la sécurité alimentaire ne peut être en définitive résolue dans le cadre strict de l'agriculture. De très nombreux pays (Japon, Suisse, pays du Golfe), aux ressources naturelles limitées, affectent plus de ressources financières que la Tunisie à l'importation de la ration alimentaire pour nourrir leurs populations, et cette aptitude à assurer une sécurité alimentaire durable est à mettre au crédit de leur puissance économique ou financière.

C'est le moment, où la crise aggrave l'insécurité alimentaire et contribue au cercle vicieux de la faim et de la pauvreté, d'aller vers des systèmes agroalimentaires efficaces, résilients et durables.

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