Libye: Les secours commencent à arriver dans la ville dévastée de Derna

Ville de Derna en Libye (photo d'archives).

En Libye, Derna et sa région continuent de compter leurs morts et les organisations humanitaires craignent un bilan toujours plus lourd après les inondations meurtrières de dimanche.

Quarante-huit heures après le drame, les secours arrivent au compte-gouttes à Derna, ville qui comptait quelque 100 000 habitants avant le drame. La ville sinistrée n'est plus totalement isolée comme dans les premières heures du drame. Mais il faut que l'aide, venant de Benghazi, contourne la ville par la route du sud, ce qui rallonge considérablement le trajet, rapporte notre correspondant régional, Mathieu Galtier.

Des routes coupées, des éboulements de terrains et des inondations ont empêché les secours d'atteindre la population qui a dû se débrouiller par des moyens rudimentaires pour récupérer des corps enterrés par dizaines dans des fosses communes, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Sur place, les secouristes demandent des sacs mortuaires et des équipes spécialisés dans la recherche de victimes ensevelies.

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Un employé du gouvernement de l'Est arrivé mardi à Derna, affirme qu'au moins un quart de la ville est détruit. Des quartiers entiers ont disparu laissant place à une boue collante orangée. Elle a été charriée par les torrents d'eau qui se sont déversés avant de disparaître dans la mer. La mer, qui a viré couleur de boue, rejette des corps. Sur des images publiées mardi par des médias libyens, on peut voir un hélicoptère militaire en train de récupérer des cadavres sur la plage jonchée de débris et de morceaux de fer.

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Consternation face au délabrement des infrastructures

Dans la ville sinistrée, la colère commence à monter. Des photos circulent montrant la vétusté des deux barrages de retenue des eaux du Wadi Derna, l'oued qui traverse la ville de Derna, sur la côte est de la Méditerranée, ont lâché. Des torrents puissants ont alors détruit les ponts et emporté des quartiers entiers avec leurs habitants de part et d'autre de l'oued, avant de se déverser dans la mer.

Plus que la pluie provoquée par la tempête Daniel, c'est l'eau de ces barrages qui est responsable de la destruction d'une partie de la ville portuaire, selon des spécialistes. Les différentes guerres et la division du pays en deux entités politiques depuis 2014 ont accéléré le délabrement de ces infrastructures.

C'est ce que souligne ce Libyen, rencontre à Tunis par notre correspondante, Amira Souilem.

Ahmed avoue ne pas être très surpris par ce qu'il se passe dans son pays. « Cela fait des années qu'on aurait dû se rendre compte que les cours d'eau et les barrages dans la région posaient problème. Les infrastructures sont mauvaises. Si on avait prêté attention à cela plus tôt, on n'en serait pas là. Mais à qui en vouloir précisément ? Vous connaissez la situation compliquée de la Libye...»

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