Burkina Faso: Révision des tarifs - La SONABEL cherche 10 milliards « avec torche »

Le ministre de l'Energie, des Mines et des Carrières, Simon-Pierre Boussim, et son homologue de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo, étaient face à la presse dans l'après-midi du mardi 12 septembre 2023. Le premier pour éclairer la lanterne de l'opinion sur un décret et un rapport pris lors du Conseil des ministres du 6 septembre dernier, relatifs à son département, et le second pour réagir à quelques sujets d'actualité. Le ministre des Mines a notamment expliqué que les réformes de tarif annoncées, qui devraient permettre à la nationale de l'électricité de s'en tirer avec 10 milliards de FCFA, ne concerneraient pas le citoyen lambda mais plutôt les gros consommateurs d'énergie.

La Société nationale d'électricité du Burkina (SONABEL) veut renflouer ses caisses. Pour ce faire, elle entend mettre en place une batterie de mesures qui entreront en vigueur à partir d'octobre prochain.

Pour le ministre de l'Energie, qui s'est chargé de l'explication de texte, il s'agit en premier lieu d'un déplacement des tarifs de la journée vers la nuit et inversément. En effet, il ressort du mix énergétique que les possibilités d'importation de l'énergie sont réduites dans la soirée, étant donné que cette plage correspond à la période de forte demande des pays exportateurs (Ghana, Côte d'Ivoire) et qu'en plus, le coucher du soleil ne permet pas une exploitation optimale de l'énergie solaire. Or, il s'avère que c'est la nuit que la SONABEL offre les tarifs les moins élevés. L'idée de ce réaménagement est que les grands consommateurs qui exploitaient les plages de la nuit le fassent désormais dans la journée où la production est plus importante.

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Autre niche, la fin de l'application de tarifs subventionnés qui bénéficiaient à des structures telles que les banques, les établissements financiers, les sociétés d'assurances, les opérateurs téléphoniques et les enclaves diplomatiques. « Quand on regarde, la plupart de ces structures font de gros bénéfices, or la subvention a une visée sociale. Il y avait lieu donc de revoir la subvention qui était octroyée à ces institutions », explique Simon-Pierre Boussim.

« On a décidé également de négocier les tarifs avec les clients qui consomment plus de 10 mégawatts, et cela dans l'esprit de voir avec les sociétés minières la possibilité qu'elles financent la production de l'électricité », a ajouté le ministre.

Il sera également revu le système de bonus qu'accordait la SONABEL à ses meilleurs abonnés.

Bilan attendu de toutes ces mesures : un gain envisagé de 10 milliards de FCFA pour la nationale de l'électricité.

Le Conseil des ministres du 6 septembre a également pris un décret portant fixation des conditions de délivrance de l'autorisation d'installation et d'exploitation des stations de recharge pour véhicules électriques. Il s'agit, a expliqué le chef du département de l'Energie, d'anticiper le développement des véhicules qui fonctionnent avec une énergie propre. Cette autorisation est délivrée par le ministère de l'Energie qui explique que ces stations de recharge pourraient être installées dans les parkings, les stations-d'essence et sur les axes routiers. Elles pourraient fonctionner grâce à l'énergie de la SONABEL ou avec un système autonome comme le solaire.

Le pays important environ 60% de ses besoins d'électricité, n'y a-t-il pas de risque que l'avènement futur d'engins roulant à l'électricité accroisse le déficit ? A cette question, Simon-Pierre Boussim s'est voulu rassurant, répondant que le pays est dans la dynamique d'accroître sa production en vue d'équilibrer l'offre et la demande.

A sa suite, c'est son homologue porte-parole du gouvernement qui s'est retrouvé devant les micros pour un tour de quelques questions d'actualité.

Interrogé sur la présence de soldats burkinabè au Niger, Jean-Emmanuel Ouédraogo a rappelé la position du Burkina, à savoir qu'une agression du Niger sera considérée comme une agression du Burkina. Le Conseil des ministres a donné son feu vert pour déployer des forces au Niger et ce processus, a-t-il rappelé, est en cours avec le passage obligatoire du texte devant l'Assemblée législative de Transition (ALT). Pour l'heure, a-t-il souligné, le Burkina travaille en parfaite intelligence avec ses alliés du Niger et du Mali.

Y a-t-il un pays voisin qui masse actuellement des troupes à sa frontière avec le Burkina ? Là aussi le porte-parole du gouvernement est resté évasif dans sa réponse. Les FDS et les renseignements sont prêts à enrayer toute action contre le pays, s'est-il contenté de dire.

A propos de la réquisition du Dr Arouna Louré qui fait polémique, le ministre, sans vouloir commenter spécifiquement son cas, a estimé que tout ce qui se fait en termes de réquisition est conforme à la loi. Tout Burkinabè, à l'entendre, doit être fier de répondre à l'appel de la patrie.

Concernant la décision de la Cour européenne des droits de l'homme qui s'est opposée à l'extradition de François Compaoré, le ministre de la Communication a rappelé que le Burkina n'était pas partie prenante au procès, puisqu'il s'agit d'un recours de l'intéressé contre une décision du gouvernement français. Et d'indiquer qu'il y aura sûrement une réaction du ministère de la Justice pour rassurer l'opinion que le dossier Norbert Zongo pour lequel le frère cadet de Blaise Compaoré est incriminé ne sera pas passé par perte et profit.

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