Madagascar: Entrave au processus électoral - Le Premier ministre hausse le ton

L'élection est la seule voie. Une phrase que le Premier ministre rappelle à chaque occasion, depuis quelques semaines et qu'il a réitérée haut et fort, hier, à l'ENSP, Ivato.

"Ne détruisez pas la nation". Un appel que Christian Ntsay, Premier ministre, lance aux acteurs politiques, durant son discours à l'Ecole nationale supérieure de la police nationale (ENSP), Ivato, hier. Un appel dans lequel il ajoute: "Ne plantez pas les germes de l'instabilité dans notre pays". Au lendemain de sa déclaration à la presse, à la sortie d'une réunion de l'Organe mixte de conception au niveau national (OMC - NAT), à Mahazoarivo, c'est dans un discours durant la sortie de promotion à l'ENSP, Ivato, que le chef du gouvernement a plaidé pour la présidentielle.

A Mahazoarivo, parlant au nom de l'OMC - NAT, Christian Ntsay a appelé au calme. Il a aussi assuré de la quiétude et de la sécurité avant, pendant et après le processus électoral. À Ivato, toutefois, le locataire de Mahazoarivo a quelque peu haussé le ton, particulièrement, dans la partie où il s'adresse aux acteurs politiques. Les rafales de déclarations faites ou publiées depuis mercredi, pourraient en avoir été le déclencheur. La candidature de Andry Rajoelina, la décision de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), édictant l'intérim par le gouvernement collégial et une éventuelle partialité de l'institution d'Ambohidahy, sont vilipendés.

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À entendre le chef du gouvernement, l'élection est incontournable, il n'est plus question de faire machine arrière et gare aux déstabilisateurs. Dans cette optique, visiblement, d'importants éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), ont été déployés dans la capitale, hier. Selon les indiscrétions, il s'agit "d'une action préventive pour dissuader toute tentative de trouble". Les contestataires n'en démordent pas, pour autant. Et enchaînent les manœuvres politiques pour faire plier les tenants du pouvoir.

Hier, en fin d'après-midi, les dix candidats à la présidentielle qui mènent la fronde ont rencontré quelques diplomates, au siège de la représentation de la délégation de l'Union Européenne (UE), à Ankorondrano. Outre les points sur la stabilité, ou encore, le maintien jusqu'à son terme du processus électoral, une phrase intrigue dans le discours de Christian Ntsay, hier. "Nous ne pouvons pas accepter une nouvelle Transition pour diriger le pays durant deux ans", lance-t-il.

La seule voie

Cette idée d'une Transition qui durerait deux ans, a agité les coulisses du microcosme politique il y a quelques semaines. Les bruits sur ce sujet se sont tus avec l'avancée du chronogramme de la présidentielle. Pourtant, le fait que le locataire d'Iavoloha l'ai dit dans son allocution d'hier, et qui plus est, en ces temps où les contestations contre un candidat et les institutions électorales sont virulentes pourraient ne pas être fortuit. Certaines entités et personnalités qui appuient les contestations menées par les dix prétendants à la magistrature suprême ont été de ceux qui poussaient pour la mise en place de cette Transition.

S'assurer d'une gouvernance électorale impartiale en réaménageant l'Exécutif, les lois électorales, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et la HCC étaient alors les arguments tambourinés. La CENI et la HCC ayant été copieusement vilipendées. L'idée de reporter la présidentielle au profit "de la recherche de consensus entre Malgaches", aux querelles politiques, a été chantée à l'unisson par les prétendants à la magistrature suprême durant le congrès organisé le Conseil oecuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), à Mandrimena, fin août.

Dans leur contestation actuelle, la tenue d'une "concertation", conduite par l'Église est une des exigences des dix candidats. Cette fois-ci, la CENI semble être ménagée et c'est la HCC dont-ils ont accepté volontiers la décision de validation de leur candidature que les dix candidats et leurs partisans fustigent quotidiennement. S'ils fulminent leur opposition à la candidature de Andry Rajoelina et affirment qu'ils n'ont plus confiance en la HCC, ils refusent de faire part de la finalité de leur contestation jusqu'ici. S'agissant de la composition de la Cour, ses membres ont été désignés suivant le prescrit constitutionnel.

"Trois des membres sont nommés par le président de la République, deux sont élus par l'Assemblée nationale, deux par le Sénat, deux sont élus par le Conseil supérieur de la magistrature", prévoit la Loi fondamentale concernant la composition de la HCC. Dans l'éventualité d'une recomposition, comment s'y prendre en cette période d'intérim? "L'élection est la seule voie", réplique pourtant Christian Ntsay. Le Premier ministre argue que Madagascar est un pays "démocratique, un État de droit". De ce fait, ajoute-t-il, "nous nous devons de respecter la Constitution". Assurant que le scrutin sera libre et transparent, Christian Ntsay prend à témoin la population et l'appelle à surveiller le déroulement des opérations électorales. "En ces temps des réseaux sociaux et de l'immédiateté de l'information, il serait impossible de dissimuler le choix du peuple. Laissons la population voter librement et arrêtons la politique de déstabilisation", ajoute le Premier ministre.

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