Afrique: Le coût de l'inaction au Soudan préoccupe l'ONU et ses partenaires

La situation sanitaire au Soudan s'est considérablement dégradée en raison du conflit.
20 Septembre 2023

Alors que le conflit meurtrier entre militaires rivaux au Soudan dure depuis plus de cinq mois, menaçant de consumer le pays et de déstabiliser la région, un événement de haut niveau organisé en marge du débat général annuel de l'Assemblée générale des Nations Unies, a souligné mercredi le coût humain de l'inaction.

Convoqués par l'ONU avec les gouvernements de l'Arabie saoudite, de l'Egypte, du Qatar, l'Union européenne et l'Union africaine, les participants à la réunion ont appelé à un règlement du conflit et à un soutien accru à l'action humanitaire, alors que les voisins du Soudan font face à un afflux constant de réfugiés et de rapatriés.

700.000 enfants en danger de mort

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), des millions de personnes - en particulier à Khartoum, au Darfour et au Kordofan - n'ont pas accès à la nourriture, à l'eau, à un abri, à l'électricité, à l'éducation et aux soins de santé.

Les taux de malnutrition sont en hausse, laissant présager des décès prématurés pour 700.000 enfants soudanais souffrant de malnutrition aigüe sévère. La moitié de la population souffre d'insécurité alimentaire aiguë et plus de 6 millions de personnes ne sont qu'à un pas de la famine. La rougeole et d'autres maladies sont endémiques, et la violence sexuelle et sexiste fait payer un lourd tribut aux femmes et aux filles.

Plus de 7 millions de personnes, parmi lesquels 3,3 millions d'enfants, ont été chassées de chez elles, et plus de 1 million ont cherché refuge en République centrafricaine, au Tchad, en Égypte, en Éthiopie et au Soudan du Sud.

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Une réponse humanitaire difficile

Alors que les combats se poursuivent sans répit, la réponse humanitaire représente une planche de salut pour des millions de personnes, bien qu'à grande échelle, les efforts de secours restent insuffisants et sous-financés, et les travailleurs humanitaires sont confrontés à des problèmes majeurs d'accès sur le terrain.

« La crise au Soudan devient de plus en plus dangereuse de jour en jour et les besoins augmentent », a estimé Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d'urgence. « Des efforts inlassables sont déployés pour faire passer les convois d'aide par les frontières au Darfour et traverser les lignes de conflit à l'intérieur du pays, mais le processus est fastidieux, bureaucratique et dangereux. Nous travaillons dur pour élargir l'accès humanitaire, mais nous avons besoin d'un processus politique pour mettre fin aux combats et commencer à construire un nouveau Soudan ».

Les pays voisins ont également du mal à répondre aux besoins des réfugiés fuyant la violence. « Des millions de personnes forcées de quitter leurs foyers ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence pour les maintenir en vie », a déclaré Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, soulignant la nécessité d'interventions de développement d'urgence leur permettant de vivre dans la dignité là où ils se trouvent en attendant de pouvoir rentrer chez elles. « Mais par-dessus tout, elles ont besoin que les armes se taisent et que cesse cette guerre insensée », a-t-il dit.

Des efforts politiques internationaux et locaux

Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que « comme le montrent les combats dans les régions du Nil Bleu et du Kordofan méridional, le conflit s'étend et conduit à une fragmentation accrue du pays ».

« Les parties belligérantes n'opèrent pas en vase clos », a-t-elle ajouté. « Le conflit est alimenté par la mobilisation transfrontalière, y compris le long des lignes tribales, ainsi que par le mouvement des combattants et le flux d'armes et de munitions en provenance de l'extérieur du pays. Cela risque de plonger la région dans un conflit plus large ».

Rosemary DiCarlo a confirmé que malgré les nombreuses difficultés, la mission politique spéciale de l'ONU, l'UNITAMS, a maintenu sa présence pour la surveillance et la vérification des droits de l'homme sur le terrain ainsi que pour l'appui aux activités de désescalade. Elle a aussi poursuivi ses efforts politiques, en étroite coordination avec l'Union africaine, l'IGAD, la Ligue des États arabes et d'autres acteurs régionaux et apporte également un soutien aux acteurs politiques civils dans leurs efforts pour s'unir autour d'une plate-forme commune propre à résoudre le conflit.

« L'inaction politique à l'égard du Soudan a déjà coûté cher, avec des milliers de civils tués, blessés et déplacés », a regretté la Secrétaire générale adjointe. « Outre l'action humanitaire essentielle, nous avons également besoin de rendre la diplomatie plus efficace. La communauté internationale peut - et doit - faire davantage pour aider à mettre fin aux combats et à trouver un chemin vers un règlement politique ».

Le plan de réponse international doit être renforcé

A court terme, les secours à la population doivent être renforcés. Le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan a besoin de 2,6 milliards de dollars pour aider 18 millions de personnes jusqu'à la fin de l'année. Or, il n'est actuellement financé qu'à hauteur de 31%.

Le Plan régional d'aide aux réfugiés du Soudan, quant à lui, n'est financé qu'à 27% et recherche 1 milliard de dollars pour soutenir les réfugiés, les rapatriés et les communautés d'accueil dans cinq pays voisins du Soudan.

Lors d'une cérémonie d'annonces de contributions à Genève en juin, rappelle un communiqué de OCHA et du HCR, les donateurs avaient annoncé près de 1,5 milliard de dollars pour la riposte au Soudan et dans la région.

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