Centrafrique: Le Président centrafricain réclame la levée des embargos pour réaliser I'Agenda 2030

L'armée nigérienne patrouille dans le désert du Sahara, ciblant les groupes militants, notamment ISIL et Boko Haram.
21 Septembre 2023

Le Président de la République centrafricaine Faustin-Archange Touadéra a déploré jeudi l'impact des sanctions et la suspension des appuis budgétaires dont fait l'objet son pays et, qui, selon lui, entravent la réalisation des Objectifs de développement durable.

« Les embargos sur les armes et diamants reconduits depuis 10 ans, auxquels s'ajoute la suspension des appuis budgétaires, constituent de réels obstacles à la réalisation par mon pays des objectifs de l'Agenda 2030 », a déclaré M. Touadéra lors de son discours à la tribune du 78e débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Il s'agit d'un « déni de notre droit à l'autodétermination et à la souveraineté permanente sur nos richesses et ressources naturelles, garanti par les instruments juridiques pertinents des Nations Unies », a affirmé M. Touadéra.

« Comment accélérer la réalisation de I' Agenda 2030 en faveur de la paix, de prospérité, du progrès et de la durabilité pour tous, lorsque certains Etats, du haut de leur puissance politique, économique et militaire, agitent en permanence la diplomatie coercitive ou instrumentalisent les institutions financières internationales aux fins d'imposer des blocus économiques, financiers et commerciaux contre les pays rendus pauvres par l'esclavage, la colonisation et l'impérialisme? », s'est interrogé le Président de la RCA.

Les embargos sur les armes et diamants reconduits depuis 10 ans, auxquels s'ajoute la suspension des appuis budgétaires, constituent de réels obstacles à la réalisation par mon pays des objectifs de l'Agenda 2030

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Il a qualifié la reconduction de l'embargo sur les armes à l'encontre de son pays de décision « cynique qui trahit l'intention inavouée des membres du Conseil qui l'ont votée, d'instrumentaliser les régimes de sanctions à des fins de pressions politiques, sous l'égide de l'ONU ».

Il a exhorté le Conseil de sécurité à « faire cesser ces artifices qui visent à masquer la volonté de pérenniser l'insécurité· et la mainmise sur les ressources naturelles du pays au profit des puissances étrangères, consacrent la légitimation des groupes armés et leur accordent le statut de sujet de droit international ».

De jeunes africains à la recherche d'un eldorado

Le dirigeant de la RCA a par ailleurs évoqué l'arrivée massive des milliers de migrants africains sur l'ile de Lampedusa, en Italie, au cours des derniers jours. « Ces jeunes qui représentent le présent et l'avenir de notre continent, l'Afrique, cherchent désespérément à rejoindre les pays du continent européen, à la recherche d'un eldorado », a expliqué le Président centrafricain.

Il a salué les efforts « inouïs » déployés par les pays d'accueil et l'Organisation Internationale pour les migrations OIM) « pour fournir l'assistance à ces jeunes dont les vies sont mises en danger par des passeurs et vendeurs d'illusions sans foi ni loi ».

Il a estimé que l'escalade de la crise des migrants est « l'une des conséquences effroyables des pillages des ressources naturelles des pays rendus pauvres par l'esclavage, la colonisation, l'impérialisme occidental, le terrorisme et les conflits armés internes souvent ouverts sur fond de visées hégémoniques, des tensions géopolitiques et géostratégiques entre les grandes puissances mondiales ».

Il a par ailleurs indiqué que la République centrafricaine avait déjà enregistré plus de 51.000 réfugiés soudanais et tchadiens, exposant ainsi « nos populations certes résilientes, à des risques d'aggravation de la situation humanitaire encore délétère et d'insécurité ». Il a appelé « à une prise en considération de l'impact de cette crise sur la géopolitique régionale ainsi qu'à la solidarité internationale en faveur des réfugiés ».

Réforme du Conseil de sécurité

Selon le dirigeant centrafricain, le Sommet du futur en 2024 et le 80e anniversaire de l'ONU en 2025, représentent tous deux des occasions opportunes pour rallier les Etats membres à prendre des mesures concrètes quant à la réforme de l'Organisation mondiale pour la rendre plus inclusive, notamment de l'Afrique.

« Nous réaffirmons avec force la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, afin d'augmenter le nombre des membres permanents et non permanents et d'accorder un siège permanent à l'Afrique, et ce ne sera que justice », a dit M. Touadéra ajoutant qu'il est urgent de réparer ces injustices historiques subies par l'Afrique.

« Mon pays continue de plaider pour un multilatéralisme inclusif, pour une croissance mutuellement accélérée, pour un ordre mondial équilibré et pour que les différends mondiaux soient relevés en mettant un accent particulier sur la paix et la sécurité internationales, le respect de la souveraineté de chaque Etat », a-t-il signalé.

Il a appelé à un partenariat « plus agissant, évolutif et diversifié, respectueux de la souveraineté des Etats, des valeurs culturelles et morales de tous ».

Le dirigeant centrafricain a également fait part des avancées de son pays quant à l'exécution de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route conjointe de Luanda. Il a notamment indiqué que neuf groupes armés avaient déjà été dissouts et que la Cour pénale spéciale et les juridictions ordinaires poursuivent la lutte contre l'impunité « en toute indépendance ».

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