Gabon: Noureddin Bongo - Successeur potentiel de papa, nu comme Adam souillé pour son péché originel

22 Septembre 2023

« Arx tarpeia Capitoli proxima ». Noureddin Bongo, le fils du président déchu Ali Bongo, apprend à ses dépens la maxime romaine se rapportant au passage douloureux du « Capitole à la Roche tarpéienne ».

Hier tout-puissant parce que « fils de... », aujourd'hui, honni et qui pis est, incarcéré à « Sans famille », le surnom de la prison centrale de Libreville.

Que la chute est ahurissante et vertigineuse !

Passer de coordinateur à la présidence, puis conseiller stratégique de papa au parti PDG et, par-dessus tout, apparaitre comme un successeur potentiel de papa, et se retrouver du jour au lendemain, « nu » comme Adam souillé pour son péché originel.

Mis en examen et placé en détention provisoire, notamment pour « haute trahison » et « corruption active », le fils de l'autre venait de passer sa première nuit derrière les barreaux, au moment où nous tracions ces lignes. Mais il n'est pas le seul à boire le calice de la déchéance et du déshonneur.

Bien d'autres « enfants gâtés » de la République, dans la galaxie des amis de Bongo fils habitués à la vie mondaine, ont été placés sous mandat de dépôt. Mais pour ce qui le concerne particulièrement, Noureddin Bongo devrait désormais faire le deuil de son rêve de succéder à son géniteur à la tête de l'Etat.

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Sans doute y pensait-il en se rasant tous les matins, comme l'autre dans un pays voisin du Tchad.

Si on voyait Noureddin Bongo venir après que son père semblait lui avoir tracé le chemin vers une succession dynastique par laquelle Ali lui-même est parvenu au pouvoir, eh bien, Noureddin Bongo n'arrivera très probablement pas à bon port.

Une leçon ?

L'on a vu au Congo-Brazzaville, le président Denis Sassou-Nguesso nommer son fils Denis-Christel au poste de ministre - une décision qui a relancé les spéculations médiatiques selon lesquelles il aurait en tête une succession dynastique.

Si Denis-Christel finit par prendre la place de son père, cela confirmera l'alignement du Congo-Brazzaville sur un modèle de plus en plus répandu en Afrique centrale.

En République démocratique du Congo, Joseph Kabila a gouverné pendant 17 ans après avoir succédé à son père assassiné Laurent-Désiré à la tête de l'État en 2001.

Le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, au pouvoir depuis qu'il a déposé son oncle Francisco Marcías Nguema, premier chef d'État du pays, en 1979, a déjà installé son fils, Teodoro Nguema Obiang Mangue, comme vice-président, en pole position pour lui succéder.

Après la mort du président tchadien Idriss Déby son fils Mahamat, général quatre étoiles de l'armée, s'est rapidement imposé comme le chef du conseil militaire provisoire au pouvoir.

Et maintenant, il y a même des rumeurs sur une éventuelle succession familiale au Cameroun, où une campagne anonyme du "mouvement des citoyens" a commencé à promouvoir l'image de Franck Biya, fils du président Paul Biya.

Au Gabon, faut-il, pour autant, plaindre le jeune homme qui dit-on se lavait les mains avec de l'eau minérale? A priori, non, tant on a envie de penser qu'il paie des conséquences de ses frasques, si l'on en juge du moins par les lourdes charges qui pèsent contre lui.

Triste fin donc pour ce "prince", qui aura, d'une certaine façon, contribué à la chute de son père par ses excès et ceux de son entourage en mode « bad boys ». Un destin qui, somme toute, devrait constituer une leçon de vie. Non seulement pour tous ces potentats africains rêvant de succession de père en fils, mais aussi pour leurs rejetons qui aspirent à prendre la place de papa au sommet de l'Etat. Certes, en la matière, pères Gnassingbé Eyadéma, Idriss Déby Itno et autres ont réussi leur coup. Mais il faudra se rendre à l'évidence que les temps ont changé. Prudence !

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