Madagascar: Véhicules administratifs - Des plaques rouges repeintes en noir

L'administration est, une fois de plus, sujette à débat en cette période électorale. Le gouvernement est sous les feux des projecteurs pour veiller à sa neutralité.

« L'usage de ressources administratives, notamment l'accès à des équipements publics dont les véhicules et les bâtiments administratifs, visant à promouvoir des activités de campagne électorale ou référendaire, est interdit » stipule la loi organique, relative au régime général des élections et des référendums. Cette disposition amène au sujet de la neutralité de l'administration en cette période électorale à laquelle le premier ministre Christian Ntsay a posé sa marque de fabrique lors des élections de 2018. Depuis cette période, l'administration a été recadrée après des années de laisser-aller à l'occasion des rendez-vous électoraux. Les règles ont été appliquées pour éviter toutes manifestations d'obédiences politiques de l'appareil administratif. Les plaques d'immatriculation de toutes les voitures administratives ont été changées en rouge, et les agents de l'Etat étaient invités à ne pas s'engager politiquement.

Immatriculation

Actuellement, à l'approche des prochains scrutins présidentiels, cette neutralité tant défendue par Christian Ntsay n'est pas évoquée dans le débat. Certains véhicules administratifs, qui détenaient des plaques d'immatriculation rouges, circulent depuis quelques semaines avec des plaques d'immatriculation noires. Certains ministres et hauts fonctionnaires font partie de ces « brebis galeuses » alors que le chef du gouvernement, en revanche, roule toujours avec des voitures à plaque rouge. Pourtant, les autorités compétentes n'osent pas lever leurs petits doigts pour les rappeler à l'ordre et préfèrent, dans ce cas, replonger dans le laxisme d'avant. Le premier ministre, lors de sa récente intervention télévisée de mercredi dernier, a évité le sujet pendant les quarante minutes qu'il a passées sur les chaînes nationales dans le cadre d'une émission spéciale.

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Neutralité

Lors des élections en 2018, cependant, le gouvernement entrant, dirigé par l'actuel Premier ministre Christian Ntsay, avait milité pour la neutralité de l'administration au lendemain de la déclaration de candidature de Hery Rajaonarimampianina. L'actuel chef du gouvernement, alors nouveau maître du palais de Mahazoarivo depuis juin 2018, a resserré les vis au niveau de tous les ministères et les organismes publics pour faire respecter cette neutralité presque à la lettre. « Le chef du gouvernement rappelle la nécessité impérieuse de respecter la neutralité de l'administration, dont il est le premier responsable. Ce respect de la neutralité se traduit essentiellement par l'observation et l'application stricte des lois et textes en vigueur sur le sujet » a souligné un communiqué de la primature en date du 06 août 2018, quelques mois avant le début des campagnes électorales. Les tournées administratives du premier ministre et de son ministre de l'intérieur et de la décentralisation de l'époque étaient focalisées, à l'époque, sur cette neutralité. Ce même communiqué, qui est toujours en ligne sur le site officiel de la primature à l'heure où nous mettons sous presse, a permis de rafraîchir sur les propos de Christian Ntsay, à ses débuts à Mahazoarivo, selon lesquels « les agents de l'Etat à tous les niveaux » sont tenus de respecter « les dispositions du décret n° 2003-1158 portant Code de Déontologie de l'Administration et de Bonne Conduite des Agents de l'Etat ».

Violation des textes

Cinq ans après cette déclaration du premier ministre, la neutralité de l'administration en cette période électorale est remise sur le tapis. Les partis d'opposition sont revenus sur le sujet et dénoncent les « dérives » des tenants du pouvoir. « Les inaugurations officielles en cette période électorale tendent à favoriser un candidat » a soulevé Rivo Rakotovao, président national du parti Hery vaovao ho an'i Madagasikara. Cet ancien président du Sénat a dénoncé « les distributions de motos et de véhicules pour les fonctionnaires alors que la campagne électorale débute dans moins d'un mois ». Rivo Rakotovao suspecte que la « finalité électorale » motive ce choix de calendrier pour certains départements ministériels. A ses yeux, la « violation des textes en vigueur est flagrante » dans ces cas et « il faut y mettre un terme » poursuit-il. Les yeux des candidats commencent à être braqués sur ces orientations des prérogatives des puissances publiques. Ils acculent le gouvernement pour revendiquer un « traitement égalitaire de tous les candidats ».

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