Egypte: A la conquête d'un nouveau mandat

Le président Abdel Fatah al-Sissi
analyse

Il n'y avait pas l'ombre d'un doute. Le chef de l'Etat égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a annoncé sans surprise, lundi 2 octobre dernier, sa candidature à un 3e mandat. Pour les partisans du maréchal, qui se réjouissent de cette nouvelle, il est l'homme idéal pour conduire le pays des pharaons vers de lendemains meilleurs. « Il n'y a personne de mieux pour l'avenir », disent-ils à qui veut l'entendre.

Initialement prévue l'année prochaine, l'élection présidentielle a été ramenée à décembre 2023, pour des raisons économiques. Le président sortant ne devra pas être seul dans la course au fauteuil doré. Plusieurs candidats de l'opposition entendent le défier dans les urnes et pourquoi pas en sortir vainqueur et consacrer une alternance au sommet de l'Etat. Mais seront-ils réellement au rendez-vous ?

Les challengers sérieux à Al-Sissi ne sont pas vraiment en bonne posture. Déjà, Hisham Kashem, chef de Courant libre, la principale coalition d'opposition, a jeté l'éponge, après avoir écopé d'une peine cumulée de six mois de prison ferme, pour « diffamation » envers un ancien ministre et « outrage à agents ».

Dénigré par une certaine opinion qui le présente comme un membre des Frères musulmans, l'opposant le plus radical au chef de l'Etat, Ahmed Al-Tantawy, n'est pas prêt à renoncer à ses ambitions présidentielles. Il bat actuellement campagne pour mobiliser 25 000 signatures de citoyens pour faire valider sa candidature à la magistrature suprême.

Contrairement à d'autres opposants qui prétendent avoir réuni 20 signatures de députés, encore faut-il que cela soit confirmé, Al-Tantawy a choisi cette forme de parrainage et espère atteindre son objectif.

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Avec ou sans opposition, Al-Sissi est engagé dans la conquête d'un nouveau mandat, dans un contexte qui ne lui ai pas particulièrement favorable. Même s'il apparait à bien des égards comme le grand favori de la présidentielle de décembre, sa côte de popularité a pris un coup, à cause de la crise économique dans le pays.

L'Egypte connait une inflation à 40 % et une dévaluation de 50 % de la monnaie, ce qui impacte négativement la vie de sa centaine de millions d'habitants. Les populations ne supportent pas la flambée des prix des denrées alimentaires. Dans un tel contexte, le président Al-Sissi va devoir user de tact pour convaincre ses électeurs de serrer la ceinture pour servir le développement.

Le maréchal tient à la nouvelle Egypte qu'il est en train de bâtir à travers des chantiers de construction à coup de milliards. Al-Sissi veut coute que coute conduire ce projet ambitieux à bon port. L'homme fort d'Egypte a déjà signifié à ses compatriotes que le développement et le progrès doivent se faire au prix de la faim et des privations. Son message sera-t-il compris ?

Il n'est pas certain, mais Al-Sissi demeure le maitre incontesté du pays, avec une influence non encore démentie. Même si sa gouvernance fait l'objet de vives critiques à l'interne, ce qui n'était pas le cas depuis sa prise du pouvoir, Al-Sissi devrait conserver les rênes du pays. Il reste à savoir s'il fera des scores staliniens, comme en 2014 (96%) et 2018 (97%).

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