Tunisie: Tourisme - Ouvrir le jeu et innover

7 Octobre 2023

Nous avons eu l'occasion d'écouter les commentaires des différents responsables des secteurs qui veillent sur le tourisme, après les remarques faites par le Président de la République à propos de l'accueil que l'on réserve aux visiteurs qui débarquent par la voie maritime.

Intervenant au micro de la radio IFM, le directeur général de Goulette Shipping Cruise (GSC), Sami Debbiche, a réagi et expliqué que l'accueil « en fanfare » réservé aux touristes doit être revu et amélioré et que le sujet avait déjà été abordé avec le ministre du Tourisme, Moez Belhassine. « Nous réfléchissons depuis un certain temps à une alternative plus moderne, mais nous ne l'avons pas encore trouvée.

Nous venons à peine de reprendre et il faut une participation des structures spécialisées et d'autres ministères dans la mesure où le budget ne peut pas être assuré uniquement par un seul ministère. Il faut aussi savoir que nous n'avons pas reçu de critiques de la part des touristes eux-mêmes ».

Nous n'avons pas à commenter cette déclaration, elle engage celui qui l'a faite , mais comment voulez vous qu'un touriste critique quelque chose auquel il n'est pas habitué ? Cela lui donne l'occasion de prendre quelques photos, mais il n'y a pas que cela en Tunisie.

Nous avons bien d'autres choses à montrer à ceux qui viennent pour la première fois chez nous.

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Actualiser et encourager

De toutes les façons, tant qu'on invitera les mêmes têtes pour réfléchir au devenir de ce secteur, nous aurons les mêmes jérémiades et les mêmes redites.

Il faut absolument ouvrir le jeu !

La Presse en date du 6 février 2023, sous le titre « Qu'en est-il des gros dossiers ? » a attiré l'attention sur bien des aspects relatifs à la relance de notre tourisme en mettant l'accent sur les gros dossiers qui devraient être dépoussiérés.

La relance enregistrée cette année, avec les records établis et les devises engrangées, ont quelque peu détourné l'attention à bien des niveaux. Tant qu'il y avait des devises qui rentraient, on est bien content d'en tenir la comptabilité et on est tout heureux d'afficher les records atteints.

Nous avions insisté sur le fait qu'on a « l'impression qui prévaut est négative. En effet, tout porte à croire que l'on gère ce qui est sur place. On entend de temps à autre quelques rumeurs annonçant un reclassement, une tendance vers la modernisation, une option prise pour s'orienter vers le tourisme de luxe, etc. Mais sur le terrain, les choses semblent toujours aussi figées. Rien qu'en faisant la comparaison des entrées en devises fortes que font les Marocains ou les Turcs, il y a matière à réflexion. La Tunisie a les moyens d'offrir de meilleurs services, à la condition d'accélérer la formation et de résoudre les vrais problèmes ».

Une réglementation draconienne

Cette lenteur est-elle due à l'absence d'initiatives et d'idées ?

Nous ne le pensons pas. Nous ne le pensons pas, parce que nous savons qu'un bon nombre de start-up (elles sont assez nombreuses) sont intéressées par ce secteur et offrent leurs services.

Elles réussissent à avoir de la clientèle en dépit des grandes difficultés que pose une réglementation draconienne.

Malheureusement, ce secteur est en effet complètement cadenassé par ceux qui vivent en bons rentiers et qui gagnent assez pour oser ouvrir le jeu. Ils se font fort de poser des conditions et creuser des tranchées crânement défendues, pour que le tourisme tunisien se suffise de la plage, du soleil, de quelques randonnées et de quelques spectacles folkloriques. Le tout à des prix bradés sous les yeux des « touristes » tunisiens qui se demandent pour quelle raison ils paient deux à quatre fois plus le prix de leur séjour dans les hôtels de leur pays.

Cette question a été soulevée à maintes reprises. On y a toujours répondu de manière aussi évasive que peu convaincante. Maintenant qu'elle est d'actualité, va-t-on y répondre ?

Pourtant, les activités qui pourraient relancer vraiment le tourisme existent bel et bien.

Lourdeur administrative étouffante

Dans les pays qui se sont lancés bien après nous dans le tourisme, les choses ont énormément évolué. Les événements sont réguliers, les compétitions sont encadrées par des maîtres dans différents domaines. Des metteurs en scène sont engagés pour mettre en valeur certaines traditions (culinaires, distillation des huiles essentielles, campagnes de cueillettes d'agrumes, de dattes, etc.) pour lesquelles on organise tout un événement. Des équipes de prises de vue, des chanteurs, des figures connues sont approchées pour pousser à la « consommation touristique».

Ne parlons pas des tournages de feuilletons dans des villes et villages pittoresques et où on exalte la beauté de la nature, l'accueil, la bonne chère et la belle vie. C'est une véritable industrie qui met en branle différents secteurs et travaille dans un cadre où les lobbies n'ont aucune prise et ne pourraient plus jamais imposer leurs lois et leurs conditions. Parce que l'on a mis fin aux autorisations préalables et aux cahiers des charges pires qu'un étau d'acier qui vide la liberté d'innover de sa substance.

On ne peut pas tout faire

La Tunisie est un pays qui possède de solides traditions, mais qui est pris dans le joug d'une lourdeur administrative étouffante. Dans tous les domaines.

Il faut commencer par « ouvrir le jeu », pour que l'on puisse rivaliser d'ingéniosité. Différents départements sont parties prenantes de cette relance. Il y a des dispositions à prendre et des réglementations régissant ce secteur qui doivent être revues sinon supprimées pour encourager l'initiative. Il n'y a pas que les hôtels qui sont en mesure de relancer le tourisme. Ce serait une ouverture vers ces start-up qui ont des idées et pourraient être à la base d'un partenariat avec ces unités hôtelières justement.

De toutes les façons, le Ministère du Tourisme ne peut tout faire et ne doit pas tout faire. Il doit superviser, encourager et surtout pousser vers l'innovation.

Manque de visibilité et de communication

Les domaines à exploiter sont aussi nombreux que variés. La Tunisie par exemple, est un des pays les mieux placés au monde pour observer les phénomènes astrologiques. C'est ainsi que l'on compte plus de deux cents jours de très bonne visibilité en toute saison.

Les randonnées sont également très prisées par une clientèle qui aime aller au devant des découvertes, qui cherche le dépaysement et aimerait « se faire surprendre ».

Nous comptons également des cavernes sous les montagnes, en pleine mer (plongée et « pêche » sous-marine, des plans d'eau abrités et bien placés pour la voile, et autres spécialités maritimes), des habitations creusées à même la roche (les ksours), des territoires de chasse et des saisons bien organisées qui attirent et donnent la possibilité de s'ouvrir sur une clientèle qui pourrait s'offrir des week-ends prolongés où elle s'adonnerait à son hobby préféré, etc.

Bien sûr, sans compter les festivals où des vedettes internationales sont de la partie, le tourisme de luxe, médical, de soins, et autres activités pour lesquelles on aura besoin d'un personnel qualifié, trié sur le volet et professionnel.

On a semble-t-il engagé des programmes qui, malheureusement, manquent de visibilité et de communication.

Preuve de l'absence de travail prospectif et collégial, la « suspension » de ces accueils folkloriques. Le temps de réfléchir !......

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