Congo-Kinshasa: Affaire Salomon Idi Kalonda - L'Asadho et Justicia Asbl dénoncent un règlement de compte politique

Pour l'Association africaine de défense des droits de l'homme (Asadho) et Justicia Asbl qui s'appuient sur certains faits constatés dans cette affaire, tout était mis en œuvre pour éliminer politiquement ce proche de Moïse Katumbi par des hommes proches du pouvoir en place.

Lors d'un point de presse tenu le 7 octobre à Kinshasa, deux organisations de promotion et de protection des droits humains basées en RDC, l'Asadho et Justicia Asbl, qui suivent avec attention la situation des droits humains en RDC à l'approche des élections générales du mois de décembre prochain, ont exprimé leurs inquiétudes face à la détérioration des libertés publiques en cette même période et des poursuites judiciaires montées de toutes pièces contre les opposants politiques et journalistes.

L'Asadho et Justicia Asbl ont épinglé le cas du conseiller principal de l'opposant Moise Katumbi et membre du parti politique Ensemble pour la République, Salomon Idi Kalonda.

Des proches du chef de l'Etat dans le dossier

Pour ces deux ONG, en effet, les poursuites engagées contre Salomon Idi Kalonda, sous le dossier RP 347/23, sont un véritable règlement de compte politique instrumentalisant le pouvoir judiciaire. « Il nous revient des sources proches du dossier et des documents compulsés que M. Salomon Idi faisait déjà l'objet d'une filature orchestrée par l'ambassadeur itinérant du chef de l'Etat pour le Grand Katanga, M. Dany Banza Maloba, à travers un certain Patrick Nyundo, agent de l'Agence nationale des renseignements (ANR) et conseiller principal en matière de sécurité du Premier ministre », ont fait observer ces organisations.

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Pour l'Asadho et Justicia Asbl, ces poursuites seraient consécutives à un message publié par Salomon Kalonda en date du 21 mai 2023, qui aurait provoqué la colère des caciques du régime. « Des instructions claires pour son arrestation auraient été données. Le meilleur prétexte a, donc été, la perte d'une arme de guerre, abusivement attribuée à Salomon Idi Kalonda, alors qu'elle appartenait au garde du corps de Matata Ponyo lors du sit-in réprimé le 25 juin 2023 devant la Céni », ont souligné ces organisations.

Un appât en vue d'appréhender l'homme

L'Asadho et Justicia Asbl s'étonnent que, comme par miracle, l'infraction de port illégal d'arme sur base de laquelle Salomon Kalonda avait été arrêté ait été rejeté. De l'avis de ces deux organisations, cette infraction n'était juste qu'un appât en vue d'appréhender ce conseiller de Katumbi. Alors que d'autres faits lui reprochés ne sont que des messages ordinaires trouvés sur son téléphone, sans aucune incidence sur la sécurité ou la sureté du pays, échangés avec les responsables rwandais rencontrés lors des réunions à l'Union africaine alors que le président Tshisekedi dirigeait cette organisation continentale et était en bons termes avec le président rwandais Paul Kagame. « M. Salomon Idi Kalonda faisait souvent partie de la délégation du président de la République », ont soutenu l'Asadho et Justicia Asbl.

Des pièges avérés

Pour l'Asadho et Justicia Asbl, des messages impliquant le conseiller principal du Premier ministre et pour lesquels il avait avoué, lors de l'audition, avoir été mandaté par l'ambassadeur Dany Banza pour piéger Salomon Idi Kalonda, en lui envoyant certains messages et en sollicitant ses commentaires, ne sont que des pièges tendus selon une planification précise. « Le message incriminé particulièrement est celui où le conseiller principal du Premier ministre lui transmet une photo des tenues militaires actuellement portées par les éléments de la Garde républicaine. Une photo qu'il avait refusé de commenter », précisent les deux ONG.

Les deux organisations dénoncent également les faits qu'après que ce conseiller principal du Premier ministre et l'ambassadeur Dany Banza aient été entendus sur procès-verbal, aucune de ces personnes ne soit poursuivie et le procès-verbal d'audition de Dany Banza soit introuvable au dossier. « L'Asadho et Justicia Asbl estiment que tout a été mis en oeuvre par des hommes politiques pour éliminer politiquement Salomon Idi Kalonda avec l'aide de la justice. Le procès de M. Salomon Idi Kalonda n'est pas un procès judiciaire, mais un procès politique comme cela est bien démontré ci-dessus », se sont convaincues ces deux organisations. Et de noter que ce procès est similaire à celui de M. Fortunat Biselele, qui était incriminé pour des messages échangés avec les responsables rwandais alors que le président Tshisekedi était en bons termes avec le président Kagame.

L'état de santé dégradant de l'accusé

En dehors de ces considérations, l'Asadho et Justicia Asbl ont également exprimé leurs inquiétudes quant à l'état de santé de Salomon Idi Kalonda qui, selon les deux organisations, se détériore chaque jour. « Les soins qui lui sont administrés actuellement ne sont pas de nature à lui apporter la guérison dont il a besoin. Il y a urgence à ce qu'il ait droit aux soins conséquents, au vu de son état de santé », ont insisté ces deux ONG lors de ce point de presse tenu par Mè Jean-Claude Katende et Mè Timothée Mbuya, leurs présidents respectifs.

Pour faire justice, l'Asadho et Justicia Asbl disent attendre du président de la République et chef de l'Etat, de veiller à ce que la justice ne soit pas utilisée pour régler les comptes aux acteurs politiques. Le président de la Cour militaire de la Gombe, devant laquelle comparait Salomon Kalonda, est lui, exhorté à constater qu'il s'agit d'un dossier purement politique monté pour régler des comptes à un acteur politique; à acquitter l'accusé et à le libérer. Ces ONG attendent de lui, au préalable et dans l'immédiat, d'accorder la liberté provisoire à Salomon Idi Kalonda en vue de lui permettre de faire soigner.

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