Gabon: A l'épreuve du pouvoir

Le président gabonais, le général Brice Clothaire Oligui Nguema, travaille à asseoir son pouvoir, avec pour ambition d'écrire une nouvelle page de l'histoire de son pays. De nombreux espoirs reposent sur les épaules de ce haut gradé, sous les ors de la république depuis des années, qui a mis fin au régime d'Ali Bongo, le 30 août 2023. Si l'action de l'ex-chef de la Garde républicaine ne souffre pas actuellement de contestation, son coup d'Etat étant considéré comme salvateur, le temps de grâce dont il bénéficie pourrait ne pas durer.

Il est toujours adulé comme aux premières heures de son putsch, mais jusqu'à quand ? Le samedi 7 octobre dernier, le nouveau maitre du Gabon a nommé par décret, la totalité des membres du Parlement de la Transition. L'Assemblée nationale comprend 98 membres contre 143 pour la précédente législature et le Sénat, 70 membres contre 52 auparavant. L'ex-parti au pouvoir, le PDG, s'en tire avec 90 membres sur les 168 du Parlement, dans un pays qui compte 105 partis politiques.

Le PDG se voit également confié les rênes de l'Assemblée nationale, avec un de ses cadres au perchoir, Jean-François Ndongou. La présidence du Sénat échoit par contre à l'opposante, Paulette Missambo. Cette configuration du Parlement de la Transition, à peine rendue publique, a créé des frustrations. Au sein de la Coalition des Gabonais républicains (CGR), tout comme dans certaines organisations de la société civile, à l'image de l'ONG SOS Prisonniers, les choix du président de la Transition ne font pas mouche.

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Le rebondissement du PDG au Parlement de la Transition, au détriment des forces politiques favorables au changement, étonne ceux qui croyaient que l'ère des Bongo est désormais révolue. Certes, le Gal Nguema veut rassembler, plutôt que de diviser ses compatriotes, dans le nouveau contexte qui s'établit, mais il doit éviter de faire du neuf avec du vieux. Sinon à quoi bon, vendre un discours axé sur le changement ?

Privilégier le PDG, dans la constitution du Parlement de la Transition, peut bien jeter le discrédit sur le Gal Nguema, qui aura du mal à se défaire de son image de pur produit du clan Bongo. Il incarne l'espoir de vivre autrement au Gabon et il devra oeuvrer à donner des gages aux sceptiques. A sa prestation de serment, l'officier général a fait de nombreuses promesses en vue de changer le visage de son pays et de le mettre sur le chemin d'une véritable démocratie.

Entre autres, il a promis le retour au bercail des exilés politiques, l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum, d'un nouveau Code électoral et d'un autre Code pénal. Le président de la Transition est déterminé à doter le Gabon d'institutions « fortes » et « crédibles » et d'une gouvernance « assainie », mais seuls ses actes parleront pour lui. Le nouvel homme fort du Gabon doit faire du mieux qu'il peut, pour être à la hauteur des nombreuses attentes.

La configuration du Parlement de la Transition pose question, tant elle renvoie plus ou moins à une réhabilitation de l'ordre ancien. Une certaine logique aurait voulu que l'influence du PDG soit réduite dans le nouveau pouvoir législatif. Il faut néanmoins croire et suivre pour le moment, le gal Nguema, jusqu'à ce qu'il dévie totalement de sa trajectoire. En attendant, le président gabonais, qui a du pain sur la planche, doit déterminer la durée de la Transition, comme promis. Il n'a pas vocation à s'éterniser à la tête du pays...

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