Congo-Kinshasa: Droits de l'homme - Difficile exercice des libertés pour les activistes

Aujourd'hui encore, la République démocratique du Congo éprouve du mal à mettre en œuvre les engagements pris dans le domaine des droits de l'homme.

Certes, des avancées notables ont été enregistrées dans la lutte contre l'impunité des violences sexuelles et dans la condamnation des auteurs des violations des droits de l'homme mais, l'on est encore loin du compte. L'administration du président Félix Tshisekedi n'est pas non plus suffisamment avancée dans la mise en œuvre des réformes systémiques sur lesquelles il s'était engagé pour rompre les cycles de violence, d'exactions, de corruption et d'impunité qui accablent le pays depuis des décennies.

Le respect des droits humains demeure encore un défi de taille à relever pour le gouvernement. Entretemps, la tension politique ne cesse de monter dans le pays alors que des échéances électorales cruciales approchent. Les représentants de la société civile et les journalistes sont constamment harcelés par des forces de sécurité au zèle débordant. De la répression des voix contraires à celles du gouvernement aux dispersions excessives des manifestations publiques en passant par des restrictions de l'espace démocratique, tout porte à croire que l'environnement n'est guère propice pour les activistes des droits humains en RDC. Une situation qui préoccupe au plus haut point l'antenne des droits de l'homme de l'ONU en RDC.

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En avril 2022, le tribunal militaire de garnison de Beni siégeant en matière répressive au premier degré avait condamné douze militants du mouvement citoyen de la Lutte pour le changement (Lucha) à douze mois de servitude pénale principale pour avoir manifesté en novembre 2021 contre la douzième prorogation de l'état de siège. Le 6 octobre de la même année, huit autres activistes de ce mouvement citoyen ont été accusés par l'administration de l'état de siège d'avoir organisé une manifestation non autorisée. Soutien financier d'une organisation citoyenne de défense des droits humains exerçant en RDC, Mme Florence Kashiama Ntumba, activiste de son état, n'a cessé de dénoncer le poids du conflit armé, de la violence communautaire, des troubles politiques et sociaux que subissent les défenseurs des droits humains notamment à l'Est. Un discours qui avait du mal à passer dans un contexte où les protections et garanties légales et institutionnelles des droits de l'homme ne sont pas pleinement assurées dans un pays qui se bat pour rassurer dans ce domaine. Ainsi a-t-elle été obligée d'évoluer dans la clandestinité afin de se soustraire des attaques dont elle fut l'objet à l'époque.

D'autres membres des mouvements citoyens, à l'instar de Lilianne Ntumba et Madeleine Nkewa, ont carrément disparu des radars du fait d'un harcèlement devenu contraignant à leur encontre. Ils sont nombreux ces activistes des droits de l'homme qui ont vu leurs droits violés à cause de leur franc-parler et de leurs opinions. Victimes d'exécutions, d'arrestations, de détentions arbitraires, de fausses accusations et de condamnations irrégulières, ils tiennent néanmoins la dragée haute face aux pouvoirs publics, convaincus du bien-fondé de leurs actions. Toutefois, il y a lieu de nuancer. Les défenseurs des droits humains ne courent pas toujours des risques liés à leur activité. Ils sont même généralement bien protégés dans quelques États. En RDC, on n'est certes pas encore à ce niveau de tolérance, mais la dynamique a déjà été enclenchée pour la prise en compte des opinions et d'élargissement de l'espace démocratique.

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