Madagascar: Une Loi-cadre pour préparer la République

Madagascar est proclamé République malgache, le 14 octobre 1958, à la suite de plusieurs évènements politiques, dont l'origine remonte à la Loi-cadre.

Ce texte qui, en 1956, un an après la Conférence afro-asiatique de Bandoeng, ouvre aux Territoires d'Outre-Mer (TOM) le chemin de l'autonomie. Dans la Grande ile, en particulier, de longues années d'incertitudes et de deuil succèdent à l'insurrection de 1947.

Les vices de procédure dans le procès des accusés, pour la plupart membres du Mouvement démocratique de la rénovation malgache, dénoncés par de nombreux journaux métropolitains, provoquent de grands débats à l'Assemblée nationale française, en 1949. Le nouveau Haut-commissaire De Chevigné, après avoir laissé entendre que le chemin de la liberté n'est pas fermé, en mars 1948, reprend, en pleine guerre d'Indochine, la politique d'assimilation, principe fondamental de l'Union française.

C'est une orientation politique, trop tardive, qui ne correspond plus à la situation de la Grande ile, qui est complètement révolue.

Car l'irréparable est accompli au lendemain des évènements de 1947, et, seule, l'autonomie apparait, au plus grand nombre, comme la seule voie possible.

La Loi-cadre, préparée par le ministre des TOM, Gaston Defferre, dans le cabinet Guy Mollet, est votée le 23 juin 1956, et entre en application à Madagascar, en mars 1957.

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Cette année-là, se tiennent les premières élections législatives dans l'ile, à la suite de laquelle il est procédé à la formation du premier gouvernement dit d'apprentissage, dont le vice-président est Philibert Tsiranana.

Auparavant, en mars 1952, ce dernier devient conseiller provincial de Mahajanga et représentera cette province à l'Assemblée représentative.

En janvier 1956, il est élu député de Madagascar, dans la troisième circonscription (côte Ouest) de la Grande ile.

La Loi-cadre met en place un nouvel édifice organisé sur la division provinciale dans la Grande ile.

Le suffrage universel est proclamé.

Les Assemblées seront désormais élues par tous les citoyens réunis en collège unique.

La première élection a lieu en avril 1957.

Une sixième province est créée, celle de Diego-Suarez. Une Assemblée législative, émanant de toutes les régions, siège dans la capitale.

Consultative, elle n'a, en principe, aucune attribution politique précise. Néanmoins, constituée d'élus, leaders politique ou syndicalistes, de toutes les provinces, cette institution permet, en mai 1957, de confronter leurs conceptions.

Leurs interventions à l'Assemblée nationale française, au début de l'année, posent sans faiblesse le problème : la Loi-cadre devrait apporter aux Malgaches des avantages réels et constituer une étape importante sur le chemin de l'autonomie.

Les huit ministres qui forment le Conseil de gouvernement sont élus par l'Assemblée législative.

Ils désignent leur vice-président, le président du Conseil étant d'office le Haut-commissaire français André Soucadaux.

L'année 1957 dégage également les grandes lignes fondamentales de la nouvelle situation politique à Madagascar.

D'un côté, le Parti social-démocrate (PSD) de Tsiranana, grossi par de nombreuses adhésions venues de tous les points de l'ile, tient un Congrès au cours duquel il réaffirme son programme.

A savoir l'autonomie consacrée par la suppression de la loi d'annexion du 6 aout 1896, l'élaboration des statuts nouveaux, dans le cadre d'une confrontation véritable des deux partenaires, la France et Madagascar.

De l'autre côté, l'Antokon'ny Fahaleovantenan'i Madagasikara (AKFM) nait, au cours d'un congrès qui se tient à Toamasina, au moment même où Gaston Defferre arrive à Antananarivo pour présenter la Loi-cadre.

Le nouveau parti rejette celle-ci, car il souhaite une procédure plus rapide et s'oppose à la provincialisation qu'il accuse de tendre vers une balkanisation.

Dorénavant, l'opposition AKFM-PSD domine les débats et la vie politique du pays, mais de toute manière, tous deux souhaitent l'unité nationale. Pour la première fois, aussi, les Malgaches tiennent leur destin entre leurs mains : sur 240 conseillers provinciaux, 19 sont Malgaches, sur 90 députés à l'Assemblée législative, ils sont 72.

Et la majeure partie des Européens qui siègent dans ces Assemblées, sont favorables à l'évolution. Pourtant, un obstacle demeure.

La Constitution française de 1946, ne prévoit pas une transformation de l'Union française, dont l'objectif est de remercier les colonies de leurs contributions à la Deuxième guerre mondiale.

De sorte que la mutation de l'Assemblée législative en un véritable Parlement malgache, parait impossible au début de l'année 1958.

Cependant, les évènements qui se déroulent en Afrique et en France, vont précipiter l'évolution de la situation à Madagascar.

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