Afrique: Exclusif - Stefano Henri Cusin révèle son « vrai objectif » à la tête des Comores

interview

Notre rédaction s'est entretenue avec Stefano Henri Cusin, nouveau sélectionneur des Coelacanthes pour une durée de deux ans. Le technicien italien évoque avec nous, ses « vrais objectifs » à la tête de l'équipe nationale A des Comores, avant les campagnes de qualifications pour la Coupe du monde 2026 et de la CAN 2025.

Avec, en toile de fond, une discorde entre des cadres de l'équipe nationale et la Fédération de football des Comores, Stefano Henri Cusin a pris ses fonctions le 02 octobre 2023. Aux commandes d'une équipe qui a été huitième de finaliste à la dernière CAN au Cameroun, l'entraîneur italien s'ouvre sur ce qui l'attend dans son nouveau rôle et comment il entend les aborder pour atteindre ses objectifs sur le banc des Coelacanthes.

Quels sont vos objectifs pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 ?

Stefano Henri Cusin : on m'a dit que c'est un groupe fort parce qu'il y a le Mali et le Ghana qui sont deux grandes équipes, le Centrafrique qui est une équipe très compétitive et qui peut se qualifier pour la CAN. Madagascar, une équipe solide et l'autre, le Tchad, qui a démontré contre la Gambie de justesse avant de se qualifier lors de la phase préliminaire. Donc c'est un groupe très relevé et notre objectif, c'est de faire le mieux possible.

La fédération ne m'a pas demandé de qualifier l'équipe pour la Coupe du monde 2026, mais d'utiliser les matchs de la Coupe du monde pour renforcer l'équipe, tester les joueurs afin d'avoir une équipe nationale qui puisse se qualifier pour la CAN au Maroc dans deux ans. Ça, c'est le vrai objectif, donc les matchs de la Coupe du monde vont nous servir à nous améliorer pour devenir plus performant, pour être compétitif pour le futur.

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Construire un groupe, un groupe qui a actuellement un souci avec la fédération. Comment comptez-vous recoller ce tissu ? Je rappelle que les joueurs évoquent des problèmes logistiques et demandent à la Fédération d'être professionnelle.

Stefano Henri Cusin : moi, j'insiste de signer mon contrat donc ça fait pratiquement une semaine que je suis en poste donc la situation sincèrement depuis l'intérieur, je ne la connaissais pas. Maintenant, bon, j'ai pris acte qu'il y a des choses à améliorer. Sincèrement, je pense que c'est la pensée de tout le monde. La fédération doit améliorer les choses sinon ils n'auraient pas pris un entraîneur professionnel.

Les joueurs veulent de meilleures conditions pour avoir de meilleures performances et c'est légitime, donc on est tous dans la même dynamique, c'est-à-dire de s'améliorer, de tout faire pour être plus compétitif, plus organisé. Donc, je pense qu'entre personnes du sport, le dialogue doit être primordial et les choses vont certainement s'arranger et je suis confiant. Donc dans un premier temps, moi, j'étais aux Comores pour découvrir le football local, là avec ce rassemblement, moi, je découvre les joueurs qui étaient en Europe.

Il y a beaucoup de jeunes et l'important, c'est de bien regarder ce qu'on a et puis de travailler. Les choses, vous savez, avec le temps s'arrangent et moi, je suis là pour rendre ce groupe plus compétitif et c'est normal, c'est pour ça, qu'ils m'ont pris et c'est pour ça que moi, je suis venu. C'est de l'intérêt général du football. Pour les Comores, c'est important qu'il y ait cette volonté de la part de tout le monde, de s'améliorer et je pense qu'à la base, il y a cette volonté maintenant et que les choses devaient s'arranger.

Les Comores ont fait une grande campagne au Cameroun, mais sont éliminés pour la CAN 2023 en Côte d'Ivoire. Une grande déception au pays, ceci reste un énorme défi pour vous, même si votre objectif n'est pas la Coupe du monde ?

Stefano Henri Cusin : la CAN au Cameroun, c'était un grand succès pour l'équipe nationale des Comores et ils ont démontré à toute l'Afrique et aussi au monde entier que le Comores existait avec une très bonne équipe. D'ailleurs, ils ont fait une très bonne CAN et je pense que ce sont les problèmes de la COVID, sinon ils auraient fait plus et c'est une base.

Maintenant, bon, vous savez, les groupes de qualification n'étaient pas aussi faciles parce que la Côte d'Ivoire qui était quand même le pays hôte de la prochaine CAN, il y avait la Zambie qui reste une bonne équipe et ça s'est joué à peu de choses. Il y avait aussi Ben El Fardou qui a été absent aussi à certains matchs, c'est un capitaine, c'est un buteur donc ça a plus pesé aussi. Donc c'est pour ça quue notre objectif, c'est vraiment d'être présent au Maroc. On va tout faire pour et on va travailler aussi bien avec les jeunes pour valoriser les jeunes, valoriser les joueurs locaux et aussi continuer de travailler avec les professionnels qui sont en Europe.

Tous ensemble, on va faire un groupe uni qui puisse vraiment être compétitif sur n'importe quel terrain. Donc c'est un peu sur la base d'expérience que la fédération m'a choisie pour cette mission. On est en train de travailler pour cet objectif-là. Je suis confiant, c'est vrai que ce n'est pas facile, mais je pense que les Comores, on a l'expérience du passé et les qualités du présent pour pouvoir parvenir à notre objectif.

Dans votre groupe I des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, vous avez le Ghana, le Mali, le Centrafrique et le Tchad. C'est vrai que l'objectif n'est pas la qualification, mais si vous trouvez les moyens, vous allez forcer ou vous resterez modestes ?

Stefano Henri Cusin : vous savez, en football tout est possible hein. Déjà ça ne sert à rien de penser trop aux adversaires. Il faut les prendre, il faut prendre les matchs comme ils viennent, on va commencer par le Centrafrique et après, il y aura le match du Ghana. C'est deux matchs à domicile, bon, c'est un avantage de jouer à domicile devant notre public. Dès fois, on ne s'attend pas à de grands résultats, puis il suffit d'un petit peu d'envie, de chance et de bien lever sa tête et puis tout est possible.

Mais bon, ça ne peut pas être un objectif qu'on doit demander à cette équipe, le vrai objectif, c'est la CAN. Maintenant, la qualification pour la Coupe du monde, ce sont les matchs officiels, c'est une compétition essentielle, c'est un rêve pour n'importe quel joueur, n'importe quel entraîneur dans le monde de participer à la Coupe du monde, donc c'est la chose la plus belle, en absolu.

Pour moi, c'est plus belle que de jouer la Champions League en Europe, donc vous imaginez qu'on va tout faire pour être compétitif, pour donner une belle image et surtout pour prendre du plaisir à jouer ces genres de matchs et c'est à travers ces genres de matchs, de confrontation que l'équipe va vraiment grandir et devenir plus compétitive. Donc, on n'est pas modeste, moi, je suis en fait quelqu'un de réaliste et cartésien. On n'est pas les favoris du groupe, on le sait, mais on va faire bataille sur chaque terrain. Il n'y a pas de problème en ce qui concerne le futur.

Quels sont les joueurs sur qui vous comptez, les cadres comme Ben El Fardou ou les jeunes ?

Stefano Henri Cusin : bon, tout le monde est important, on ne va pas dire de jouer seulement avec des cadres ou de jouer uniquement avec les jeunes. C'est justement le mixte qui va être explosif parce qu'il y a des joueurs d'expérience qui peuvent transmettre la tranquillité et la force aux jeunes et vous avez de jeunes qui montent, qui ont envie d'exister, qui ont envie de jouer en Ligue 1, en Europe, qui ont envie de faire de grandes compétitions.

C'est justement mon rôle en tant qu'entraîneur de bien doser et de façon à manager un groupe où il y aura la force des jeunes qui poussent et avec l'expérience des joueurs actuels, qui peuvent certainement apporter à l'équipe. Donc tout le monde est important, mais attention, une équipe, c'est d'abord une équipe, donc tous les joueurs sont importants, mais personne n'est indispensable, ça, c'est fondamental dans mes équipes à moi.

Comment jouer contre des sélections comme le Ghana, le Mali ? Rester prudent et attendre l'adversaire ?

Stefano Henri Cusin : ah ! Écoutez, le Mali, moi, je l'ai affronté avec le Soudan du Sud, parce qu'il était dans notre groupe de qualification. C'est une équipe qui a de la qualité, donc les équipes de qualités, il ne faut pas les laisser jouer, c'est dangereux parce que si tu les laisses jouer dans les trente mètres, tôt ou tard, ils vont te marquer un but et après là, tu es mort parce que après, il faut te découvrir pour aller égaliser, tu vas laisser des espaces.

Il faut jouer les matchs équilibrés, c'est-à-dire quand on a le ballon, il faut vraiment jouer en essayant d'imposer notre jeu, notre rythme et essayer de taper sur leur point faible et puis limiter leur point fort. Nous par exemple avec le Soudan du Sud, qui reste une équipe quand même 160e au monde, le Mali est 50e, au match aller, bon bah, on menait 1-0 à la mi-temps, c'était un but partout à la 90e ça s'est joué à peu de choses.

Nous, on n'avait pas des joueurs sur le banc qui pouvaient nous assurer disons, on va dire 95 minutes sur le même niveau, mais on les avait surpris, car on avait fait un match très agressif et donc moi mes équipes en général sont des équipes qui sont très bien organisées tactiquement et surtout les équipes qui jouent au football, c'est ça qui m'intéresse moi, je n'aime pas faire les barricades dans les 30 derniers mètres et mettre des autobus devant mon but et attendre que les minutes passent, non ce n'est pas mon style.

Moi, j'aime bien jouer au football et je pense qu'on a les qualités et la mentalité aussi parce que j'ai vu l'équipe des Comores à la CAN, par exemple contre le Cameroun qui était le pays organisateur, ils ont démontré une très bonne personnalité et c'est la même personnalité qui m'a frappé et qui m'a fait accepter cette équipe-là. Donc l'image et la personnalité doivent être, ça passe à travers le jeu, donc ce n'est pas important que ceux qui sont en face, mais c'est important, il faut du respect bien sûr, mais il faut jouer, il faut d'abord penser quelle est la voie pour pouvoir gagner le match ça c'est la seule façon pour grandir en tant qu'équipe. Après, à la fin du match, bon, on accepte tous les résultats. Mais, il faut d'abord tout faire pour faire de grands matchs, ça, c'est fondamental.

Qu'attendez-vous du public surtout que vous jouez les premiers matchs à domicile ?

Stefano Henri Cusin : le public, c'est notre deuxième homme, le public (rire) à Moroni ça doit être l'enfer pour les autres équipes qui viennent, ça doit être un stade surchauffé qui pousse son équipe et moi, j'adore, par exemple, j'ai eu la chance de travailler en Angleterre et je vous assure qu'en Angleterre le public pendant 95 minutes, il incite son équipe et puis il les aide. Il les pousse et tout, après bon si l'équipe n'a pas été bonne, le public à tout le droit de siffler et de ne pas être content, c'est normal, mais durant le temps du jeu, durant le temps que dure un match, je m'attends à ce que le public soit derrière l'équipe et parfois surtout dans les dernières minutes de jeu, car quand il y a un peu de parité, c'est le public qui marque les buts parce qu'ils incitent tellement les joueurs que les joueurs se surpassent et c'est ce que j'espère alors en jouant à domicile.

J'aimerais que le public joue son rôle parce que le stade sera plein et il y aura une ambiance à faire, c'est ce dont l'équipe a besoin. Je crois que ça ce sont des matchs qui peuvent vraiment aider à faire grandir le pays, à faire des résultats importants et Quel que soit le résultat final, l'essentiel, c'est de faire de grands matchs parce que je suis sûr aussi que le public comorien appréciera aussi la qualité du jeu, l'envie et la personnalité aussi à travers la façon qu'on a de jouer et donc c'est tout un processus. Il faut donc travailler, moi, je suis arrivé donc pour l'instant, c'est une période d'observation, la mienne, mais c'est sûr qu'en novembre, il y aura ma touche et ma personnalité dans l'équipe, ça, c'est certain. Parce que c'est quelque chose qui est fondamental. Donc j'attends vraiment du public, un appui inconditionnel envers notre équipe.

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