Madagascar: Droit d'inventaire et libre arbitre

En 2001, Didier Ratsiraka, pourtant Président de la République, n'osait même plus organiser un meeting électoral dans Antananarivo-Renivohitra. Il se contentait de passer de Iavoloha à Andranomena. Nous fumes alors un trio d'Anciens de Saint-Michel (comme lui qui avait présidé les cérémonies du centenaire en 1988) à avoir proposé d'embourgeoiser son image.

Ainsi naquit la feuille «Ambaniandro», sous-titrée «Ces Merina qui soutiennent Ratsiraka pour une transition douce». Ah, la «transition douce» : finalement, on avait eu raison de nourrir quelques appréhensions quant à l'après scrutin. Notre travail, en marge du parti présidentiel et en rupture avec la ligne officielle, nous valut de solides inimitiés chez certains de ses fidèles.

Je persiste à croire qu'il devait y avoir un second tour à cette élection présidentielle, mais le matraquage psychologique du «Premier tour dia vita», conjugué à l'excellent travail de contre-vérification menée par le «KMSB» (Komity Miaro ny Safidim-Bahoaka), qui ringardisa le Ministère de l'Intérieur, aboutit à une «évolution de la situation sur le terrain» chaque jour plus défavorable.

Les plus irréductibles des partisans de Didier Ratsiraka n'étaient malheureusement pas les plus intelligents et leurs dérives extrémistes, comme de faire sauter le pont de Fatihita (RN7), de bunkeriser le pont de Brickaville (RN2), et d'organiser le «fahirano» (blocus) de la province d'Antananarivo, allaient décider nous autres Ambaniandro à nous désolidariser de ces entreprises criminelles.

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La «supériorité morale» était déjà une denrée rare, à cette époque. J'aurais aimé que la Ministre de l'Éducation qui, cette semaine, au moment

de remettre sa démission pour se consacrer à la campagne électorale, et contant ses propres mésaventures de la même période 2002, se réserve également une sorte de «clause de conscience». En ces temps d'exacerbation des passions, il devrait exister chez chacun de nous, la conscience d'une ligne rouge dont le franchissement par les plus fanatiques signifierait ipso facto affranchissement de toute allégeance. Ainsi cessera le cycle funeste, au nom du «plus jamais ça». Tiédeur coupable

pour les autres, vraie loyauté à soi-même, refuser de se discréditer par solidarité, se ménager un droit d'inventaire et recouvrer son libre-arbitre.

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