Afrique de l'Ouest: Le retrait de la Minusma handicapé par les tensions dans le nord du Mali

La mission de maintien de la paix au Mali (MINUSMA)

En principe, le 31 décembre 2023, la mission de l'ONU au Mali (Minusma), doit avoir quitté le Mali. Mais dans un communiqué publié ce samedi 14 octobre, l'ONU affirme que depuis plusieurs semaines, de multiples obstacles l'empêchent d'organiser son processus de retrait du Mali, selon le calendrier officiel.

Parmi les obstacles qui empêchent l'organisation du processus de retrait du Mali, il y a notamment les problèmes de déplacement des convois de la mission de l'ONU dans le pays. Depuis trois semaines par exemple, des convois terrestres logistiques de la Minusma ainsi que des Casques bleus tchadiens sont bloqués à Gao. Ils attendent toujours le feu vert du gouvernement malien pour prendre la direction de la région de Kidal, afin d'organiser le rapatriement du matériel. À Tombouctou, les convois de la Minusma sont également bloqués, là aussi à la demande de Bamako, selon des sources internes à la mission.

L'inquiétude grandit sur le plan sécuritaire dans les rangs des Casques bleus. À Tombouctou par exemple, les patrouilles de protection terrestres des soldats de l'ONU autour de l'aéroport et de la base de la Minusma sont désormais interdites par les autorités maliennes, indique une source bien informée qui poursuit : « En violation » de l'accord de siège entre les Nations unies et le Mali, les vols de reconnaissance pour protéger les convois et installations de la Minusma sont systématiquement refusés.

Les tensions dans la localité de Tessalit

À cela s'ajoute de nouvelles tensions sur le terrain au nord-est entre l'armée malienne et les rebelles de la coalition dénommée Cadre Stratégique-Permanent pour la Paix, la Sécurité et le développement (CSP-PSD). Tout a commencé avec l'atterrissage jeudi 12 octobre de deux avions sur le tarmac de l'aéroport de la localité malienne de Tessalit. De l'appareil sortent un détachement de l'armée régulière, les Fama accompagnés de plusieurs dizaines de combattants du groupe paramilitaire russe Wagner. Tout ce monde se dirige vers le camp des Forces armées maliennes, qui jouxte sur place celui de la mission de l'ONU. Dès que les rebelles de la coalition dénommée CSP-PSD apprennent la nouvelle, ils sont sur le pied de guerre.

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Depuis l'annonce de notre retrait du Mali, nous l'avons voulu ordonné et sécurisé, car notre sécurité est très importante dans la mesure où ce sont les soldats de la Minusma qui ont été les plus tués que n'importe quelle autre mission de paix à travers le monde. On ne peut donc pas laisser nos personnels se faire tuer.

Kpénahi Traoré Malgré des frappes aériennes opérées par l'armée malienne, ils occupent rapidement à Tessalit, le doigt sur la gâchette, trois positions avancées déjà abandonnées par la Minusma. Ces positions se situent notamment entre la ville de Tessalit et le camp Fama-Wagner-Casques bleus, avec vue sur l'aéroport de Tessalit. L'objectif affiché par les rebelles est clair : « Contrôler surtout une partie de l'aéroport et abattre tout avion ennemi ». La tension est vive. Les Casques bleus tchadiens essayent de temporiser en conservant pour le moment le contrôle du camp commun et de ses principales entrées et sorties. De leur côté, les rebelles sont à l'affût pour, disent-ils, prendre le contrôle du camp dès le départ de la Minusma.

Tout cela handicape donc le travail de la mission sur le terrain, d'où sa crainte que les conditions difficiles de travail risquent d'empêcher son départ ordonné et dans les délais prévus.

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