Madagascar: Richard Ratsimandrava, L'homme Du Fokonolona

Dans son discours-programme du 27 juillet 1972, le général de division Gabriel Ramanantsoa annonce les réformes envisagées par la mise en place du Fokonolona, accordant à celui-ci une place de choix. Ce qui permettra à la population de participer au pouvoir. La loi référendaire ratifiée par les citoyens, le 8 octobre de la même année, confirme cette orientation. Une ordonnance portant nouvelle structuration de la collectivité de base est prise, le 9 mars 1973.

Le 14 mars, le ministre de l'Intérieur, le colonel Richard Ratsimandrava, explique ce choix au cours d'une émission radiodiffusée sur la chaine nationale. Il le résume ainsi : établir un gouvernement provisoire, fondé sur un esprit démocratique réel, capable de mobiliser toutes les énergies et permettant à tous et à chacun de participer pleinement au développement économique et au progrès de la Nation. Ce, afin d'éviter d'établir un gouvernement provisoire qui utilise la force pour obtenir un retour au calme relatif, qui ne s'attaque pas à la racine profonde du mal.

Ce qui présente un grand risque de voir « le pays retomber, d'un moment à l'autre, dans le trouble et le désordre ». Le Fokonolona est alors considéré comme une « réalité vivante » et sa réhabilitation permettra de rejeter la conception de l'État-Providence. En effet, à travers cette structure, les dirigeants comptent faire participer la population aux activités sociales, économiques et de sécurité. « Cette initiative conférant le pouvoir au peuple est significative à bien des égards. »

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Sous la royauté, si le Fokonolona a présenté des différences selon les régions, des traits communs ont existé relatifs à la solidarité et à l'organisation de ses relations sociales internes. À l'ère coloniale, il n'a pas pu s'intégrer dans les structures administratives. Pourtant, cela n'a pas empêché les autorités de requérir ses services pour les travaux complexes et difficiles. Toutefois, après l'accomplissement de ceux-ci, « le Fokonolona était malheureusement occulté ». Vers les années 1940, Madagascar ne comptait que quatre millions d'âmes, chiffre doublé en 1972.

Et selon les prévisions des statisticiens à l'époque, la Grande ile atteindra encore le double en 2002. En 1972 également, une importante partie de la population constitue la catégorie « des moins nantis, des sans-travail, des mal-soignés et des non-éduqués » dont il faut s'occuper sans plus tarder, alors que, déjà, il faut se préparer à prendre en charge l'accroissement démographique annuel. Jusque-là, les dirigeants et la population ont « exagérément » compté sur l'État-Providence et les aides extérieures.

« Les résultats ne sont pas ceux que nous avons escomptés, car seule une minorité en a profité, les privilégiés du régime défunt... La mobilisation collective par la voie du Fokonolona constitue pour nous l'unique salut pour sortir de l'impasse. » L'instauration du Fokonolona entraine la restructuration administrative à procéder de manière progressive par la mise en place des comités du Fokontany jusqu'au 15 juin 1972, des Firaisampokonolona en septembre, des Fivondronampokonolona et des Faritany au cours de l'année 1974.

La base fondamentale du Fokonolona reste l'intérêt commun des membres. « Jusqu'à présent, les partis politiques se caractérisent par leurs diversités d'opinions et d'idéologies. En revanche, le Fokonolona a toujours su garder cette communauté d'intérêts, les liens de parenté et la solidarité entre ses membres. C'est cette recherche permanente de l'intérêt commun qui permet au fokonolona d'accomplir sa mission. »

Il aura donc à s'occuper de la propreté et de l'hygiène du village, de l'entraide dans les travaux pour augmenter la production, tels la construction ou l'entretien de routes, d'écoles, d'hôpitaux... « C'est dans la vision plus sensée de l'intérêt commun par la voie du Fokonolona que nous progresserons. C'est une exigence vitale pour le pays, et il n'y aura pas de faux-fuyants. »

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