La ville de Tuléar a enfanté les meilleurs guitaristes malgaches, Damily en fait partie.

Peu connu du grand public, sa carrière à l'international ferait rêver tout musicien débutant. Ses quatre titres sont un petit tour d'horizon de sa musicalité, de ses textes et de sa « malgachitude ».

Le va-et-vient entre les textures « riffiesques » de sa guitare électrique et la modélisation sonore de sa « six cordes » acoustique font de Damily un des plus grands joueurs de tsapiky de sa génération, tels Teta, Damiandry, feu Dedaky et d'autres encore. Par contre, il a fait de l'international son terrain de prédilection.

En plus de trois albums, dont « Very aomby », il diffuse une constante tsapiky du coeur. Il reste ancré dans les traditions musicales des « sairy ».

Du blues de l'éloigné dans les recoins de sa musique, ça sent bon la latérite et les pistes brûlantes du « deep south » loin des plages.

Là où en chemin le temps côtoie l'éternité, la sérénité de la vie est à portée d'une respiration.

Ces cinq titres résument Damily et sa musique.

Mitsangatsanga

Comme son titre l'indique, cette chanson est une ballade d'une minute quarante-six. « Mitsangatsanga » veut dire se promener en traduction libre. Jouée avec une seule guitare, la dose parfaite creusant le sillon entre technique et mélodie.

La cadence se réclame d'un Damily, une personne posée, le sourire timide mais plus guitariste de métal sur scène que laineux joueur de musique du monde. Explosif et efficace.

Stock Tampon

« Malagasy mijaly tsy misy 'ty mpanampy/Malagasy 'reo... Malagasy raha mba hetseketseo... Malagasy mba halamindaminonareo », chante la voix fluette et perçante de la chanteuse Gany sur ce morceau. Secondée par le vocal masculin de Claude Musique, une sorte d'inflexion en « blues » plutôt un cri qu'une parole.

De Vaovy à Tirike, le sud est imprégné de cet esprit bluesy.

La guitare sonne en « marovany », cithare à caisson prisée des musiciens traditionnels du sud.

Havandra

L'entrée est soignée avec les prémices du jeu post à l'ère Kaboto, Boloky et Zafera, les maîtres fondateurs.

Très loin de l'harmonie émotionnelle, presque morale, du « tsinjaky pecto ». Au bon souvenir du métal, Tuléar étant un des berceaux du rock malgache, « Havandra » est un titre complètement urbain.

Il se déploie sur des riffs nerveux suivis de plages plus étirées, le rythme toujours égal.

L'acrobatie est magnifique, l'ambiance urbaine retraduite en musique.

Aomby mazava

Un roulement de batterie, d'une autre époque traverse « Aomby mazava » comme une pousse derrière le dos, amical et entraînant. C'est une ode magnifique et respectueuse au zébu, animal emblématique malgache.

Les groupes humains du sud en ont fait un animal symbolique.

Une distillation sans être noyée dans le rythme, un tempo plus calme, Damily se permet de s'aligner sur la simplicité.