Ile Maurice: Projet de construction d'un lieu de culte en toute légalité pour les rastafaris

Un bail de trois ans renouvelable a été signé entre Case Noyale Ltée et l'Association Socioculturelle Rastafari, pour l'occupation d'un terrain au Triangle de Chamarel. Prochain projet : ériger un nouveau lieu de culte sur place.

Les voies de Jah sont décidemment impénétrables. Les rastafaris qui avaient été sommés d'évacuer le Triangle de Chamarel envisagent désormais d'y construire un nouveau lieu de culte. En toute légalité.

Suite au bail de trois ans renouvelable, l'ASCR compte organiser des journées culturelles au Triangle de Chamarel.

Jeudi après-midi, les visages sont plus apaisés autour d'une tasse de thé, dans le tabernacle Nyabhingi. Lieu de culte où priment la simplicité du bois et de la tôle peinte en vert. Dehors, c'est en soufflant dans le poukni pour réveiller le feu de bois que Christian Coret, membre de l'Association Socioculturelle Rastafari (ASCR) a fait bouillir l'eau pour le thé.

Ce lieu discret, au milieu de la végétation, au Triangle de Chamarel (là où la route se sépare en deux, formant un triangle), n'est pas un lieu d'habitation des rastas. Ils y viennent pour pratiquer les cérémonies de Nyabhingi, tous les premiers samedis du mois. Une cérémonie est justement prévue aujourd'hui.

José Rose, le porte-parole et Julien Christine président de l'ASCR, reprennent le fil de l'histoire, documents à l'appui.

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Flashback. C'est en 2016 que Case Noyale Ltée, le propriétaire du terrain situé au Triangle de Chamarel, entame des démarches pour déloger les rastafaris de ce lieu où ils pratiquent leur culte depuis trois décennies. Case Noyale Ltée souhaite y installer des parkings. Après deux ans de procédures légales, la Cour suprême donne aux rastas jusqu'à mai 2018 pour quitter ce terrain. L'ASCR perd en appel. Un nouvel ordre d'évacuation est fixé pour juillet 2019.

Une pandémie plus tard, l'occupation du terrain a été régularisée. Le 19 février 2021, c'est la fin des procédures légales. José Rose explique : «La cour nous a demandé de trouver un compromis avec Case Noyale Ltée. Ils ont le titre de propriété, mais nous avons toute une histoire avec ce lieu.» Pour rappel, dès 2019, il y avait eu une rencontre entre Michel Pilot, alors Chief Executive Officer (CEO) de la branche Agribusiness du groupe Rogers, pour discuter d'un partenariat permettant aux rastas de pratiquer leur culte.

Sur un feu de bois, Christian Coret, membre de l'ASCR, fait bouillir l'eau pour le thé.

Un bail est signé entre Case Noyale Ltée et l'ASCR le 13 décembre 2022. Ce bail de trois ans, renouvelable, a commencé le 1er janvier 2023. Il concerne une superficie de 4 960 m2, au Triangle de Chamarel. «La location est de Re 1 symbolique», précise José Rose. L'ASCR remercie Thierry Sauzier, CEO d'Agrïa, pour l'accord trouvé. Ainsi que les habitants de Chamarel, «qui nous ont soutenus».

Quelles sont les conditions du bail ? Il est entendu que cet emplacement est un lieu pour des «activités culturelles et religieuses». Ce n'est pas un lieu d'habitation, ni de squat. José Rose indique que les locataires sont tenus de respecter l'environnement. Tous travaux/améliorations sont aux frais de l'ASCR. «Pendant les discussions, on nous a proposé d'organiser des activités rentables, pour obtenir des fonds permettant d'entretenir les lieux».

Le projet que l'ASCR a désormais à coeur est d'ériger un nouveau tabernacle Nyabhingi, à moins de 100m de la structure existante. «Ce sera comme un kiosque circulaire avec 12 piliers représentant les 12 tribus d'Israël, descendantes des 12 fils de Jacob, selon la Bible.» Les 12 piliers seront «un peu comme les rondins des pylônes électriques», imagine José Rose. L'ASCR est justement en quête de fonds pour concrétiser un nouveau tabernacle inspiré de Shashemene, un centre rastafari de référence en Éthiopie, que José Rose a eu l'occasion de visiter. C'est sous le regard de Haïlé Sélassié, dernier empereur d'Éthiopie, dont la photo trône sur l'autel au centre du tabernacle, que ce lieu devrait accueillir des journées culturelles, des concerts, «regrouper des gens pour mieux connaître l'histoire de Maurice», indique José Rose. «Aster nou'nn anvi devlop li dan enn manyer korek. Fer tou dimounn kontan, pa zis rasta.»

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