Congo-Kinshasa: Le journaliste Stanis Bujakera «serein» et «combattif» avant la reprise de son procès, selon RSF

En République démocratique du Congo (RDC), le procès du journaliste Stanis Bujakera, arrêté le 8 septembre, reprend ce 20 octobre. Pour Arnaud Froger, responsable du bureau Investigation chez Reporters sans frontières (RSF), le correspondant du magazine Jeune Afrique (JA) et de l'agence Reuters « entend se battre pour obtenir justice » et sa « libération ». Il est accusé notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'État » en lien avec un article paru dans JA sur la mort de l'opposant Chérubin Okende.

En République démocratique du Congo (RDC), c'est la reprise ce vendredi du procès de Stanis Bujakera, journaliste congolais en prison depuis le 14 septembre.

Correspondant à Kinshasa de Jeune Afrique (JA) et Reuters, également directeur adjoint de publication du site d'informations actualite.cd, il est accusé notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'État », en lien avec un article paru le 31 août dans JA, qu'il n'a pas signé, et qui mettait en cause les services de renseignement congolais dans la mort de Chérubin Okende, opposant politique dont le corps avait été retrouvé à Kinshasa le 13 juillet 2023.

Reporters sans frontières (RSF), qui mène un plaidoyer pour sa libération, espère que Stanis Bujakera va être libéré.

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« Il considère ça comme un test pour la survie du journalisme indépendant »

« Il nous est apparu extrêmement serein malgré la situation, combatif aussi, souligne Arnaud Froger, responsable du bureau Investigation chez RSF, qui a rendu visite à Stanis Bujakera à la prison de Makala. Il est déterminé, il est dans son bon droit, et il entend se battre pour obtenir justice et obtenir, dans un premier temps en tout cas, sa libération. Il a même dit qu'il considérait ça comme un test pour la survie du journalisme indépendant en RDC, et plus particulièrement, à l'aune d'un processus électoral qui est contesté par pas mal d'acteurs ». Les élections générales congolaises, dont la présidentielle, sont prévus le 20 décembre prochain.

Arnaud Froger dénonce la détention de son confrère, au micro d'Alexandra Brangeon : « C'est clairement une mise en garde. Évidemment que dans un contexte où vous arrêtez et détenez sans raison valable l'un des plus éminents journalistes d'un pays, tous les autres derrière savent un peu à quoi s'en tenir, donc c'est aussi un message qui est envoyé à l'ensemble de la presse et des journalistes ici : "Attention, si vous faites des enquêtes ou si vous avez des contacts qui ne nous plaisent pas, on peut vous tomber dessus, et on peut essayer de chercher à savoir avec qui vous parlez". Donc c'est un message qui est catastrophique en termes de liberté de la presse. »

« Les gens le suivent en RDC parce qu'il publie des informations fiables »

Le responsable de RSF insiste sur le sérieux et la probité de Stanis Bujakera, au micro de notre correspondant Kamanda wa Kamanda-Muzembe : « Il est suivi par 500 000 personnes en RDC. Pourquoi ces gens le suivent ? Parce qu'il publie des informations fiables. »

Faisant référence à l'article de JA qui évoquait des services de renseignements dans la mort de l'ancien ministre Okende, et ce sur la base d'un document dont les autorités congolaises ont ensuite dénoncé la véracité, Arnaud Froger assure : « Jamais, sachant un document faux, il n'aurait publié une telle désinformation. Et quand bien même, cette hypothèse a été faite par ceux qui l'accusent, et bien pour l'instant, il n'y a absolument aucun élément qui vient la soutenir. Donc il est important que ce journaliste recouvre sa liberté, et que les charges qui pèsent contre lui soient abandonnées. On fait en sorte que cette situation-là, qui est insupportable, soit un peu un caillou dans la chaussure des autorités congolaises, pour que le droit soit dit et que ce journaliste puisse à nouveau continuer de faire ce qu'il sait faire, à savoir, du journalisme, et à l'exercer en toute liberté. »

Il conclut : « Je pense que les autorités politiques et judiciaires vont voir que ces accusations ne tiennent pas, et que donc, il n'y a plus de raisons de garder ce journaliste en prison. Il est combatif, nous on l'accompagne, et on essaie de faire en sorte que ce calvaire, qui est le sien depuis un mois et demi, dure le moins longtemps possible. »

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