Burkina Faso: Règlement de la dette interieure - L'avenir du secteur privé en pointillés

Le fardeau de la dette pour l'Afrique
19 Octobre 2023

II n'est pas besoin de me l'apprendre, même au « Fou » que je suis : l'Etat a toujours été considéré comme un « mauvais payeur ».

Comme le qualifie Nietzsche, ce « monstre froid » est toujours prêt à encaisser, mais jamais prompt à s'acquitter de ses créances. chose qui risque de tuer, au train où vont les choses, bien des entreprises au Faso - y compris les médias privés - si certaines d'entre elles ne sont pas déjà à l'article de la mort du fait de l'épineuse équation des factures impayées de l'Etat.

En tant qu'entreprise privée, pour parler trivialement, quand tu dois à l'Etat, il t'est fait obligation de payer.

Et gare à toi si tu ne t'exécutes pas à temps ! Bonjour les ennuis, les désagréments et autres pénalités ! Mais, à l'inverse, quand c'est l'Etat qui doit à une entreprise privée, pour cette dernière, c'est la croix et la bannière pour recouvrer son dû.

C'est la triste réalité, hélas, au Faso dont on dit des Hommes qu'ils sont... intègres ! Combien sont-ils, les bureaux logés dans les institutions de l'Etat, les ministères et autres services, à crouler sous le poids de factures encore non payées ?
Si  je vous dévoilais des noms de structures de l'Etat qui doivent, par exemple, aux médias, vous en tomberiez, tellement vous crieriez : quand même pas elles, ce n'est pas bon pour l'exemple ! Et pourtant, c'est la réalité.

Il est vrai que certaines structures de l'Etat sont déjà engagées dans une bonne dynamique de payement de leurs dettes.

Je ne citerai pas de nom ; celles-ci se reconnaitront et le Fou que je suis, les encourage. Mais combien sont-elles à s'acquitter de leur devoir ?

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Toujours est-il que je me demande parfois si ces retards dans le paiement des créances dues au privé, ne sont pas parfois faits à dessein.

Dieu seul sait le degré de bonne ou de mauvaise foi de chacun.

Le Burkina Faso d'aujourd'hui étant ce qu'il est, où la morale a foutu le camp, mes craintes me semblent justifiées, même si l'on a toujours dit de moi que « je ne suis pas seul dans ma tête » !

Et puis, en cette année finissante, certains financiers, comme ils savent toujours le faire, se débrouilleront toujours pour laisser traîner les factures jusqu'à la fin de l'année.

Ils diront ensuite que l'exercice budgétaire est clos et que, par conséquent, il faut attendre la mise en place du nouveau budget.

Il urge que des mesures fortes soient prises

Un tour de passe-passe destiné à dîner les fonds de la presse, qui n'auront pas été débloqués.

En tous les cas, c'est limpide comme de l'eau de source dans les Cascades : la bonne santé de l'économie d'un pays, est aussi tributaire de l'apurement de sa dette intérieure.

Tout dirigeant qui serait dans le déni de cette réalité, se tromperait lourdement, et ferait, pour ainsi dire, du mal à sa nation ; ce serait prendre des risques inconsidérés que d'exposer l'économie de son pays à une mort certaine.

Par ailleurs, je fais l'amer constat qu'il n'y a jamais eu autant d'impôts que maintenant dans ce pays ; toute chose qui complique davantage la tâche au secteur privé burkinabè.

Certes , on me parlera du contexte sécuritaire qui est le nôtre, et qui appelle à l'effort de tout un chacun.

Mais j'ai bien peur qu'une forte pression fiscale, notamment sur le secteur privé, n'entrave la pérennité et l'avenir des entreprises privées burkinabè déjà durement éprouvées par le marasme économique ambiant.

Dans ce cas, comment pouvoir faire face à ses obligations fiscales surtout quand l'Etat lui-même, qui devrait pourtant être le premier à donner l'exemple, n'est pas en mesure de respecter sa part de contrat ?

C'est pourquoi, moi, je me permets d'ouvrir grandement ma gueule de Fou, peu importe qu'elle pue et mette ainsi mal à l'aise certains, pour déclamer ceci : « L'Etat doit quitter dans ça » pour parler comme nos voisins ivoiriens ! Il y va de la survie de notre économie déjà à la peine. Et puisque les instructions doivent venir de « en haut de en haut », j'interpelle les autorités burkinabè dont je ne doute pas qu'elles mesurent les enjeux et défis du moment.

Je les exhorte, chacune, en ce qui la concerne, à s'inscrire dans une logique résolue d'apurement des dettes de sa structure. Il urge que des mesures fortes soient prises !

Dans ce sens, pourquoi ne pas, par exemple, alléger les procédures, ne serait-ce qu'en ce qui concerne les « petits contrats » même de 25 000 F CFA passés entre le privé et l'Administration d'Etat, eux aussi soumis, hélas, à un enregistrement systématique avec tout ce que cela comporte aussi comme lenteurs administratives ?

Une  telle mesure aurait au moins pour avantage, déjà, de décongestionner le circuit du traitement des dossiers liés aux créances de l'Etat.

En tout état de cause, l'heure est suffisamment grave pour s'attaquer de plus près, au mal qui ronge notre Administration publique en termes de lenteurs administratives liées à l'apurement de la dette intérieure.

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