Congo-Kinshasa: Portrait - Celine Banza, veni-vidi-vici

La vie est un rosier qui a la fâcheuse tendance d'accueillir par les ronces les âmes qui lui sont confiées.

Née en 1997 à Kinshasa, prix RFI Découverte 2019, Céline Banza raconte en musique les douleurs qui ont officié aux couleurs de sa vie. Avec « Praefatio », son premier album signé chez Bomaye Music Afrique, elle porte en sensibilité une voix qui fait reculer les affres de l'existence.

Les faux départs n'engagent pas toujours la fin de la course de la vie.

L'on ne choisit pas toujours où l'on naît tout comme l'on ne choisit pas toujours ses liens de sang.

Mais il y a des endroits sur Terre où y naître constitue en soi un mauvais départ dans la vie ; la mention d'un lieu de naissance qui passe pour un véritable handicap à vaincre.

La République démocratique du Congo, pilier du monde, gâchette du monde, est un contexte où naître est en soi un combat, vivre revient à survivre, émerger revient à espérer que peut-être un jour...

Céline perd ses parents tôt dans la vie et va être, avec sa plus jeune soeur, livrée à la rue sous prétexte de sorcellerie.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, comme c'est le cas pour les nombreux enfants qui se retrouvent dans cette situation, attendant la fin, littéralement avant le commencement.

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Céline est sauvée d'un dénouement a priori fatal par un instrument, une petite guitare que son père lui a achetée et qui a réveillé une passion latente, celle de la musique, non acceptée par sa famille.

La guitare prend dans son coeur une dimension de symbole et matérialise l'espoir de s'en sortir, de se redéfinir sinon de se définir au travers de cet art.

Malgré la traversée des ronces du rosier de la vie, elle s'attache, par le coeur, à un studio de musique ; où elle prête sa voix en tant que choriste pour les rappeurs qui y passent.

Aussi , cette attache de coeur attire l'attention d'Antoine Dongala, directeur technique du studio, qui la prend sous ses ailes et la forme aux secrets des dieux.

C'est ainsi que de fil en aiguille sa route se trace, faite de rencontres qui lui offriront, en 2013 une plateforme d'expression sous la forme d'un spectacle à l'Alliance française de Kinsagani : une étoile est née et reconnue.

Une fois son baccalauréat en poche, elle s'inscrit à l'Institut national des arts et choisit la guitare comme l'instrument qui va assurer le prolongement de sa personne.

C'est ainsi qu'en 2017, elle candidate pour The Voice Africa qui apportera plus de visibilité à son chemin et, en 2019, Céline Banza reçoit la reconnaissance non pas la moindre du prix Découverte RFI.

La musique, la seule chose à laquelle elle aspire sa vie durant malgré le contexte asphyxiant, l'accueille enfin les bras ouverts au travers de la confiance accordée par Youssoupha, yaya na bango, qui lui permet de signer en 2021 au sein de son label Bomaye Music Afrique son premier album « Preafatio » comme le présage d'une longue et riche carrière.

Avec une histoire qui aurait pu l'enterrer très vite et très tôt dans la vie, Céline a été tranformée, transfigurée, faite du bois des dieux.

Ses  mélodies sont douces, mélancoliques, sublimes et sa voix d'une douceur veloutée qui réveille des cordes sensibles profondément endormies.

Comme  la marque indélébile de son histoire, de son vécu ; Céline a un regard caressé d'une lueur d'espoir presque enfantine mais aussi un véritable effacement, une marque d'humilité.

Des yeux que l'on trouvera presque toujours clos lors du don de sa chanson, de son âme, de sa personne à travers l'art.

Cet ensemble fait de l'expérience du spectateur une invite au sacré.

Céline donne l'occasion de profiter d'une expérience audio-visuelle où la musique est vue plus que son porteur, sa porteuse, l'art plus que l'artiste.

Comme un sage qui chante dans la langue des anciens, en ngbandi, sa langue maternelle ; Céline joue en intime de son instrument mais pas en léger de sa personne, de son image, de sa carrière.

Elle fait partie de ces artistes qui ont quelque chose de sacré, de pur, de grand... comme une histoire de vie. Ambassadrice de l'Unicef en 2020, Céline défend la cause des femmes et des filles de son pays et des enfants qui, comme elle l'a été, se retrouvent livrés à la rue, à eux-mêmes, à la survie, à l'enfer.

Bon chemin à une Reine éternelle !

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