Ile Maurice: L'adolescente et le beau-père ont passé un examen médical et psychologique

L'enquête sur les accusations d'attentat à la pudeur faites par une adolescente de 14 ans contre son beau-père prend une tournure médicale, avec l'examen de la victime et de l'accusé par un médecin de la police.

Afin d'avancer dans cette enquête, la police d'Albion a passé le relais à la Brigade pour la famille depuis jeudi. Cette unité souhaite comprendre les détails de l'affaire. Comment cette fille s'est retrouvée sur la plage mardi soir avec son beau-père sans que sa mère ne soit au courant ? S'y sont-ils rendus sans son consentement ? Les agents de la brigade ont ainsi l'intention d'interroger la mère, car sa fille de 14 ans semble avoir été victime d'attouchements sexuels, cinq ans après avoir vécu le traumatisme d'assister au meurtre de son frère.

La mère aurait expliqué dans sa défense que, mardi 17 octobre, la famille avait décidé de camper sur la plage d'Albion. Son concubin et sa fille s'étaient rendus ensemble sur place, tandis qu'elle était arrivée plus tard en utilisant un autre moyen de transport. À son arrivée, elle aurait été contactée par la police, l'informant que son concubin et sa fille se trouvaient seuls sur la plage. Elle aurait alors affirmé à la police que son concubin était un homme qu'elle connaissait depuis 17 ans et qu'il n'aurait jamais fait de mal à ses enfants, en particulier à sa fille. «Quand mon époux était encore en vie, je connaissais déjà mon concubin actuel. Il venait chez nous, il restait avec nous, et il n'a jamais fait de mal à mes cinq enfants, même avant la mort de Ritesh, nous le connaissions.» Maintenant qu'elle vit avec lui sous le même toit, il aide financièrement cette famille, qui comprend quatre enfants. De son concubin, elle a eu un enfant âgé aujourd'hui de 2 ans.

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La fille, avec sa mère, a été interrogée par la brigade de la famille jeudi. Ensuite, la victime et son beau-père Preetam Ramboccus ont passé un examen psychologique avec le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police.

Lors de l'examen de la jeune fille, selon nos informations, il semble que la situation qu'elle vit actuellement ne lui convienne pas, et il a été très difficile de la faire parler. Elle a maintenu la même version qu'elle a donnée dans son enquête, affirmant que son beau-père lui a fait des attouchements lors de leur précédente sortie à la plage. De plus, elle a subi un examen médical pour vérifier si elle avait été blessée au niveau de ses parties intimes. Heureusement, les résultats de cet examen ont indiqué qu'elle était en bonne santé.

Le suspect a également été soumis à un examen psychologique. Cependant, lors de son entretien avec les enquêteurs, il aurait expliqué que sa belle-fille et sa concubine dormaient à ses côtés le vendredi 13 octobre. Il aurait déclaré qu'il s'était trompé, pensant que c'était sa concubine qu'il caressait, mais en réalité c'était sa belle-fille.

Toute victime peut appeler le 113

C'est souvent un sujet délicat, voire tabou, d'être victime d'attouchements de la part d'un membre de sa famille. Mais encore plus complexe car la victime peut souvent se retrouver livrée à elle-même sans savoir vers qui se tourner. Au ministère de l'Égalité des genres et de la Protection des enfants, des sources autorisées rassurent et indiquent qu'il est toujours possible, même s'il s'agit d'un mineur, de chercher de l'aide sur la hotline 113. «Les appels sont enregistrés et sont traités avec le plus grand sérieux.» Une fois la plainte de la victime enregistrée, celle-ci, si elle est mineure, est placée chez un proche de sa famille pour couper tout contact avec l'agresseur. Elle bénéficie aussi, entre-temps, d'un suivi psychologique venant du ministère. «Au cas où le suspect est libéré sous caution, la famille doit notifier le ministère pour que tout soit fait afin que l'enfant ne se retrouve pas en contact avec lui jusqu'à ce que l'enquête soit bouclée.»

Julien Quenette,docteur en psychologie du développement: «Il est de notre devoir de faire confiance à un enfant lorsqu'il révèle un vécu traumatique»

Bien que les traumatismes complexes touchent tout un chacun, les conséquences pèsent plus lourdement sur les enfants, en fonction de leur âge et de la durée du traumatisme qu'ils ont subi. À titre d'exemple, être témoin d'un meurtre, est un traumatisme pouvant créer une effraction psychique chez la personne. Sur le moment, cela provoque un état de sidération, soit un blocage de toutes les représentations mentales face à la situation, conduisant un enfant à ne pas être en capacité de réagir.

«Dans les situations de traumatisme, le cerveau sécrète des hormones de stress telles que le cortisol et l'adrénaline, mettant l'enfant dans une position de "fight or flight". L'intensité de ce choc est telle qu'elle provoque une disjonction dans le cerveau, entraînant un état de dissociation. L'enfant peut alors se sentir déconnecté de la réalité et vivre la scène de l'extérieur, complètement anesthésié de ses émotions. Ce mécanisme peut même engendrer une perte de mémoire associée aux événements traumatiques. Cette mémoire traumatique va alors se réactiver plus tard, à l'adolescence ou à l'âge adulte. Il arrive que des personnes recouvrent la mémoire des événements à l'âge 40 ans» , explique Julien Quenette, docteur en psychologie du développement.

De même, dans les cas où l'enfant a été confronté à des traumatismes multiples et complexes, «l'anesthésie émotionnelle et la dissociation créées peuvent éventuellement affecter les signaux d'alerte que l'enfant a dans son corps, incapables de s'activer lorsqu'il se trouve en situation de danger» . Ces cas étant complexes à traiter, la nécessité d'un suivi psychologique holistique à long terme s'impose. «Nous devons arriver à reconnecter la partie de l'enfant qui a subi des traumatismes et des violences avec d'autres parties de sa personne, et la partie qui doit automatiquement faire face à sa vie au quotidien.»

Il existe en général un manque de connaissances et de formation sur le psychotrauma, ce qui pose très souvent des défis, tant pour les professionnels que pour les victimes. «Chez les adultes, les symptômes peuvent être rapidement confondus avec ceux de la dépression, la personne ayant honte de parler de ce qu'elle a vécu. Dans les cas d'enfants victimes de traumatismes, on constate que ces derniers sont confiés à plusieurs psychologues, qui leur font reparler des événements plusieurs fois risquant de les retraumatiser.»

D'autre part, explique Julien Quenette, «la méconnaissance de ce mécanisme de sidération fait que les autorités reprochent souvent aux victimes de violences de ne pas s'être défendues ou de ne pas avoir fui, en leur disant "ou pann bouzé, ou pann fer nanyé ? Ou pé koz manti" (...) Des formations en psychotroma restent indispensable dans ce domaine».

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