Egypte: Le Sommet du Caire pour la paix 2023

Le Président Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré samedi, dans la nouvelle capitale administrative, le Sommet du Caire pour la paix 2023, auquel participe un grand nombre de rois, présidents, premiers ministres, et ministres des affaires étrangères.

Le sommet - qui se tient avec une large participation internationale et régionale - a pour but de soutenir la cause palestinienne et examiner l'avenir du processus de paix et la désescalade dans la bande de Gaza.

Discours du Président Al-Sissi lors du Sommet du Caire pour la Paix

Vos Majestés, Altesses et Excellences...

Rois, princes, chefs d'État et de gouvernement,

Vos Excellences... Messieurs les chefs de délégation,

Mesdames et messieurs,

Nous nous réunissons aujourd'hui au Caire, dans des moments difficiles, qui mettent à l'épreuve notre humanité avant nos intérêts, testent la profondeur de notre croyance à la valeur de l'homme et son droit à la vie. Elles remettent en question les principes que nous prétendons adopter. Je vous le dis franchement : que tous les peuples du monde entier, non pas seulement ceux de la région, attendent avec de grands yeux nos positions en ce moment historique délicat, en ce qui concerne l'escalade militaire en cours, depuis le 7 octobre dernier, en Israël et sur les territoires palestiniens. L'Égypte condamne en toute clarté le fait de prendre pour cible, de tuer ou d'intimider tous les civils pacifiques, exprimant en même temps sa profonde surprise de voir le monde rester les bras croisés, regardant cette crise humanitaire catastrophique qui affecte deux millions et demi de Palestiniens dans la bande de Gaza, auxquels sont imposés des sanctions collectives, un siège, une famine et des pressions violentes pour des déplacements forcés, lors des pratiques rejetées par le monde civilisé qui a conclu des accords et établi le droit international, et le droit international humanitaire, pour les criminaliser et empêcher qu'elles ne se reproduisent, ce qui nous incite à réaffirmer notre appel à assurer une protection internationale au peuple palestinien et aux civils innocents. Laissez-moi vous demander où sont les valeurs de la civilisation humaine que nous avons construites au fil des millénaires et des siècles ? Où est l'égalité entre les vies humaines sans distinction, ni différenciation, ni double standard ? Dès le début, l'Égypte a déployé des efforts acharnés, nuit et jour, pour coordonner et envoyer l'aide humanitaire aux personnes assiégées à Gaza. Elle n'a pas fermé à aucun moment le poste-frontière de Rafah. Cependant, les bombardements israéliens répétés contre la partie palestinienne l'a empêché. Dans ces conditions difficiles sur le terrain, je suis convenu avec le président américain de faire ouvrir le passage d'une manière durable, sous la supervision et la coordination totale avec les Nations Unies, l'UNRWA et la Société palestinienne du Croissant-Rouge, et que les aides seront distribuées, sous la supervision des Nations Unies au peuple de Gaza.

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Mesdames et messieurs,

Le monde ne doit pas accepter la pression humanitaire pour forcer le déplacement. L'Égypte a affirmé et réitéré son rejet total du déplacement forcé des Palestiniens et de leur déplacement vers le territoire égyptien du Sinaï, car il ne s'agit que d'une liquidation définitive de la cause palestinienne et la fin du rêve d'un État palestinien indépendant. C'est un gaspillage de la lutte du peuple palestinien, des peuples arabe et islamique, et même de tous les peuples libres du monde tout au long 75 années, qui est l'âge de la cause palestinienne. Quiconque pense que ce peuple fier et déterminé est prêt à quitter sa terre s'est trompé de la nature du peuple palestinien, même si cette terre est occupée ou bombardée. J'assure également au monde clairement et sincèrement de la volonté de chaque individu du peuple égyptien: que la liquidation de la cause palestinienne ne se posera pas sans une solution juste, et en aucun cas elle ne se fera jamais aux dépens de l'Égypte.

Votre Honneur,

Cette région est-elle condamnée à vivre éternellement dans ce conflit ? N'est-il pas temps de s'attaquer aux racines du problème du Moyen-Orient ?

Le moment n'est-il pas venu d'abandonner les illusions politiques selon lesquelles le statu quo est durable ? La situation de mesures unilatérales, de colonisation et de profanation de lieux sacrés et de déplacement des Palestiniens de leurs maisons et villages, et de la Sainte Jérusalem? L'Égypte a payé un prix énorme pour la paix dans cette région. Elle l'a initiée lorsque la voix de la guerre était la plus forte et elle l'a maintenue toute seule, au moment où la voix des enchères creuses était unique. Elle est restée la tête haute, menant sa région vers une coexistence pacifique fondée sur la justice. Aujourh'hui, l'Égypte vous dit, en termes honnêtes, que la solution à la cause palestinienne ne consiste pas au déplacement de tout un peuple vers d'autres régions. La seule solution est plutôt la justice, avec l'obtention par les Palestiniens de leurs droits légitimes à l'autodétermination et à vivre en dignité et sécurité, dans un État indépendant sur leur terre comme le reste des peuples du monde.

Mesdames et messieurs,

Nous sommes confrontés à une crise sans précédent qui nécessite toute attention pour éviter que le conflit ne s'étende au point de menacer la stabilité de la région, la paix et la sécurité internationales. C'est pourquoi je vous ai invités aujourd'hui à discuter ensemble et à travailler pour parvenir à un consensus précis, sur une feuille de route, visant à mettre fin à la tragédie humaine actuelle, et la relance du processus de paix à travers plusieurs axes :

Commençant par garantir l'acheminement complet, sûr, rapide et durable des aides humanitaires au peuple de Gaza, en passant immédiatement aux négociations sur le calme et le cessez-le-feu, ainsi on doit démarrer urgemment les négociations pour relancer le processus de paix, afin de parvenir à la solution à deux États et d'établir un État palestinien indépendant, vivant côte à côte avec Israël, sur la base des résolutions de la légitimité internationale, tout en travaillant sérieusement au renforcement de l'autorité nationale palestinienne légitime, pour accomplir pleinement ses tâches dans les territoires palestiniens.

Mesdames et messieurs,

Envoyons un message aux peuples du monde afin que leurs dirigeants prennent conscience de la grandeur de leur responsabilité, voient de leurs propres yeux l'énormité de la catastrophe humanitaire et souffrent de tout leur coeur pour chaque enfant innocent qui meurt à cause d'un conflit qu'il ne comprend pas. La mort peut lui attaquer à la suite d'un obus ou d'un bombardement, ou bien elle vient lentement à cause d'une blessure qui ne trouve pas de remède, ou à cause de la faim sans trouver de la nourriture. Envoyons un message d'espoir aux peuples du monde : demain sera meilleur qu'aujourd'hui.

Merci et que la paix, la miséricorde et les bénédictions d'Allah soient sur vous.

Ont participé au sommet le roi de Jordanie, le roi Abdullah II bin Al Hussein, le roi de Bahreïn, le roi Hamad bin Isa Al Khalifa, le président palestinien Mahmoud Abbas "Abu Mazen", l'émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, le président de l'Afrique du Sud, Sierra Ra Mifusa, et le président de la Mauritanie, le président du Conseil présidentiel de Libye, Mohammed Al-Manfi, le président des Émirats, Sheikh Mohammed bin Zayed, le président de Chypre, Nikos Critoulides, le prince héritier du Koweït, Sheikh Meshal Ahmed Al-Sabah, les premiers ministres d'Espagne, Pedro Santet, de Grèce, Kyriakos Mitssonakis, d'Italie, Georgia Meloni, d'Irak, L'ingénieur Mohammed Shiaa Al-Sudani et le vice-premier ministre du sultanat d'Oman, Shihab bin Tarek, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Fakih, et le président du Conseil européen, Charles Michel.

Les ministres des affaires étrangères du Maroc, de l'Arabie Saoudite, des Comores, du Canada, de l'Allemagne, de la France, de l'Angleterre, du Brésil, de la Turquie, du Japon, et de la Norvège, ont également participé au sommet.

Communiqué de la République arabe d'Égypte lors du Sommet du Caire pour la paix

À l'invitation de la République arabe d'Égypte, les dirigeants, les chefs de gouvernement et les envoyés d'un certain nombre de pays régionaux et internationaux se sont réunis au Caire le samedi 21 octobre 2023, pour se consulter et réfléchir aux moyens de faire progresser les efforts visant à contenir l'aggravation de la crise dans la bande de Gaza, et réduire l'escalade militaire entre les parties israélienne et palestinienne, ce qui a coûté la vie à des milliers de civils innocents depuis le déclenchement des affrontements armés dans le 7 du mois d'octobre actuel.

Par son invitation à ce sommet, la République arabe d'Égypte a cherché à construire un consensus international entre les cultures, les races, les religions et les positions politiques. Un consensus centré sur les valeurs de l'humanité et sa conscience collective, qui rejette la violence, le terrorisme et l'homicide illégal, en appellant à mettre fin à la guerre en cours, qui a coûté la vie à des milliers de civils innocents parmi les deux côtés palestinien et israélien. Ce qui exige le respect des règles du droit international et du droit humanitaire international, en insistant sur l'importance primordiale de protéger les civils et de ne pas les exposer à des dangers et des menaces. Tout en accordant une priorité particulière à l'accès et à la garantie du flux des aides humanitaires et de secours à ceux qui le méritent de la part de la population de la bande de Gaza. Il met en garde contre les dangers de l'étendue du conflit actuel à d'autres zones de la région.

L'Égypte attendait également avec impatience que les participants lancent un appel mondial à la paix. À laquelle ils s'accordent sur l'importance de réévaluer le modèle de traitement international de la cause palestinienne au cours des dernières décennies, afin de sortir de la crise actuelle avec un nouvel esprit politique et une nouvelle volonté, ce qui ouvre la voie au lancement d'un processus de paix réel et sérieux, menant prochainement à la création d'un État palestinien indépendant aux frontières de juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

La scène internationale au cours des dernières décennies a révélé une grave lacune dans la recherche d'une solution juste et durable à la cause palestinienne, puisqu'elle cherchait à gérer le conflit, et non à y mettre une fin définitive. Elle se contentait de proposer des solutions temporaires et des palliatifs qui ne répondent pas aux aspirations les plus basses d'un peuple qui souffre depuis plus de quatre-vingts ans d'occupation étrangère et de tentatives d'effacement de son identité et de perte d'espoir. La guerre en cours a révélé un défaut dans les valeurs de la communauté internationale à propos de la gestion des crises. Tandis que nous constatons une précipitation et une concurrence pour condamner rapidement la mort de personnes innocentes dans un endroit, nous constatons une hésitation incompréhensible à condamner le même acte dans un autre endroit, nous trouvons plutôt des tentatives pour justifier ce meurtre, comme si la vie du l'homme palestinien est moins importante que celle des autres.

Les vies perdues chaque jour lors de la crise actuelle, les femmes et les enfants qui tremblent de terreur sous le joug des frappes aériennes 24 heures sur 24, nécessitent que la réponse de la communauté internationale soit à la mesure de la gravité de l'événement. Les droits des palestiniens ne sont pas exclus de ceux couverts par les règles du droit international humanitaire ou les conventions internationales relatives aux droits de l'homme. Le peuple palestinien doit jouir de tous les droits dont jouissent les autres peuples, à commencer par le droit suprême, le droit à la vie, le droit de trouver un logement sûr, des soins de santé décents et une éducation pour ses enfants. Il lui faut avant tout un État qui incarne son identité et auquel il soit fier d'appartenir.

La République arabe d'Égypte, qui a pris l'initiative de convoquer le sommet de la paix, exprime sa profonde gratitude aux pays et aux organisations qui ont répondu à l'invitation malgré les contraintes de temps.

À cette occasion, elle confirme qu'elle ne ménagera aucun effort pour continuer à travailler avec tous les partenaires, dans le but d'atteindre les objectifs qui ont appelé à la tenue de ce sommet, quelles que soient les difficultés ou la durée du conflit. L'Égypte maintiendra toujours sa position ferme en faveur des droits des Palestiniens et sa croyance à la paix comme option stratégique sans neutralité ni recul, jusqu'à ce que la vision d'une solution de deux États palestinien et israélien, vivant l'un à côté de l'autre en paix soit réalisée.

Dans le cadre des efforts de l'Égypte pour atteindre ces nobles objectifs, elle n'acceptera jamais de prétendre liquider la cause palestinienne aux dépens des pays de la région. Il ne reculera pas un seul instant pour préserver sa souveraineté et sa sécurité nationale dans des circonstances et des situations de plus en plus dangereuses et menaçantes, recherchant l'aide d'Allah le Tout-Puissant, ainsi que la volonté et la détermination de son peuple.

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