Ile Maurice: Métro - Entre les rails et les râles

Un an s'est écoulé depuis que les voyageurs de Metro Express Limited (MEL) peuvent se rendre de Curepipe à Port-Louis et vice versa en moins de 45 minutes. C'est une aubaine pour certains mais un cauchemar pour d'autres alors que ce mode de transport commence à prendre sa place. En attendant l'ajout de nouvelles lignes à celles déjà existantes...

Au quotidien, des milliers de personnes montent et descendent du métro dans les cinq villes que le tramway dessert. Mardi, jour de marché à Vacoas, une foule se rassemble près de la station située à proximité de la gare routière. Ashley, un habitué du métro, ne rate jamais une occasion de l'emprunter, depuis sa mise en service à Rose-Hill. «Lorsque je voyage en métro, j'ai l'impression d'être à l'étranger. À Londres ou à Paris, les gens se bousculent pour monter et c'est un peu ce que nous faisons ici aussi.» Habitant à La Caverne, il gare sa voiture sur le parking près de la station de métro à Vacoas. «En fait, je suis fonctionnaire et trouver une place de stationnement à Port-Louis est souvent un casse-tête. Donc, je préfère garer ma voiture sur ce parking et prendre le métro. En 30 minutes, je suis déjà arrivé à destination et sans stress.»

Un peu plus loin, à la foire, nous avons l'opportunité de discuter avec Atish Daby, un marchand de légumes, qui apprécie ce nouveau moyen de transport. «C'est rapide pour ceux qui peuvent l'utiliser», nous dit-il. Cependant, un problème majeur est survenu avec l'arrivée du métro et ce sont des embouteillages à chaque coin de rue. «C'est devenu un véritable calvaire de circuler dans les rues à Vacoas. Tous les jours, les routes sont bloquées et les jours de foire, c'est pire encore.» Malgré tout, il estime qu'il existe une solution à ce problème. «Il aurait fallu construire un passage surélevé depuis la station du Central Electricity Board jusqu'au début de la gare. Cela aurait amélioré la fluidité de la circulation», explique-t-il. Il nous raconte également que certains de ses clients habitent à seulement quelques minutes du marché, par exemple à Savoy, mais mettent près de 30 minutes pour arriver jusque-là en raison des embouteillages.

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Un grand nombre de personnes optent pour le métro pour se rendre à la foire et faire leurs courses.

Il n'est pas le seul à le penser. Youssouf Warsalee, le gérant de la tabajee Bye Cassim, lieu emblématique du centre-ville de Vacoas, partage également ses préoccupations. «En un an, nous avons constaté des embouteillages à chaque coin de rue. Mais ce n'est pas le seul problème que nous rencontrons. Je peux dire que la ville est devenue encore plus déserte qu'elle ne l'était auparavant», explique-t-il. Il poursuit en disant qu'«auparavant, lors des jours de foire, les voitures étaient garées un peu partout en ville, mais il y avait de l'activité, surtout de notre côté de la route. Aujourd'hui, les gens viennent en métro et ne marchent plus jusqu'à nos commerces. Certains estiment que c'est trop loin pour parcourir la distance à pied». Il convient que l'avantage du métro est sa rapidité. «Cependant, le matin et l'après-midi, les résidents de la région de Vacoas doivent toujours se contenter de places debout. Il est rare d'avoir une place assise aux heures de pointe.»

Il pointe également du doigt le comportement des automobilistes. «Certains ne montrent aucun respect pour le Code de la route. Il y a une zone jaune et au lieu de la respecter en maintenant des distances adéquates, plusieurs véhicules s'y entassent. Cela engendre plus de congestion routière», déplore-til. Sans oublier l'avenue John Kennedy, qui passe à deux voies entre 7 heures et 9 heures alors qu'elle est habituellement à sens unique. Un des clients de Bye Cassim raconte qu'il a frôlé l'accident par négligence. «J'avais totalement oublié que cette avenue était à double sens le matin. J'ai traversé en regardant d'un seul côté de la route pour me rendre au guichet de la banque. J'aurais pu être percuté par une voiture venant en sens inverse. Nous, habitants de longue date de cette région, nous oublions que de nombreux changements ont été apportés avec l'arrivée du métro, peut-être même trop de changements...»

La ville de Curepipe a également subi des changements avec l'arrivée du métro, comme le relate Ally, un commerçant à proximité de la gare. «Je ne suis pas opposé au développement du pays mais il y avait d'autres priorités, qui auraient dû être prises en compte pour améliorer la vie quotidienne de tous. Avec le coût de la vie qui ne cesse d'augmenter, les clients se font de plus en plus rares», confie-t-il. Même si son commerce se trouve à quelques mètres seulement de la station, il ne se considère pas pour autant chanceux. «Les clients passent devant mais ne s'arrêtent plus comme avant. Aujourd'hui, ils viennent même vous demander une réduction sur un produit qu'ils envisagent d'acheter. L'inflation est omniprésente...» Selon lui, au lieu d'investir dans le métro, on aurait pu utiliser cet argent pour construire des réservoirs d'eau. «L'été approche à grands pas et les coupures d'eau sont de plus en plus fréquentes. Nous aurions pu trouver des solutions pour stocker l'eau. Le métro ne bénéficie pas à tout le monde.»

Nous avons tenté d'obtenir de MEL un bilan de sa première année d'opération, mais nous n'avons pas reçu de réponse.

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