Sénégal: Des experts posent le débat sur l'exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques

Dakar — Des experts ont lancé le débat sur l'exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques en mettant l'accent sur le rôle des banques centrales africaines, a constaté l'APS, vendredi, à Dakar.

Ils ont été invités par l'Institut supérieur de finance (ISF), un établissement d'enseignement supérieur privé sénégalais, à réfléchir à cette problématique.

"Parler de l'évolution du rôle des banques centrales dans l'accompagnement des États face aux défis climatiques, et de l'impact qui en découle sur la sphère financière, nous paraît un sujet d'actualité de toute première importance en Afrique", a souligné Papa Diallo, le directeur de l'ISF.

"Mitigation de l'exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques : enjeux et orientations pour les banques centrales" est le thème de la rencontre scientifique de deux jours.

Papa Diallo, le directeur de l'ISF

S'exprimant à l'ouverture du colloque, M. Diallo a tenu à préciser que "l'un des objectifs de l'organisation de [cette rencontre] est de contribuer à une vaste réflexion académique autour des enjeux et des orientations que pourrait engendrer le changement climatique et ses conséquences sur le système bancaire et financier régional", autrement dit, à l'échelle africaine.

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Il signale que "même si plus de 114 banques centrales dialoguent aujourd'hui entre elles à travers le réseau NGFS (lancé en décembre 2017 à Paris), elles n'ont pas nécessairement une approche identique par rapport aux nouveaux enjeux du changement climatique".

Comment fera-t-on en sorte que les risques climatiques n'impactent pas le secteur bancaire et financier ? L'économiste Moustapha Kassé affirme, en se basant sur les travaux des chefs d'État africains à l'occasion d'un récent sommet à Nairobi, que "l'urgence est de former une expertise continentale [...] et d'entreprendre des recherches sur les risques climatiques".

Même "s'il s'agit [...] d'un concept relativement ancré dans [les] mandats traditionnels" des banques centrales "et ne constitue donc pas une nouvelle doctrine", le thème du changement climatique "est relativement nouveau pour les banques centrales", a relevé M. Kassé, doyen, puis doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.

L'économiste Moustapha Kassé (au premier plan)

Comment l'Afrique, la région du monde la plus faible émettrice de gaz à effet de serre, qui réchauffe la planète moins que les autres et subit les plus désastreuses conséquences du changement climatique, peut-elle réussir la transition écologique et corriger l'injustice climatique mondiale, s'est-il demandé.

"Les besoins financiers sont énormes", quand il s'agit de protéger les banques centrales des risques climatiques, a signalé Moustapha Kassé.

"Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et la BAD (Banque africaine de développement) les ont évalués à environ 2.500 milliards de dollars US, auxquels il faut ajouter l'accès aux nouvelles technologies et au savoir-faire de demain", a déclaré M. Kassé.

Si les besoins sont énormes, c'est parce que effectivement "le changement climatique a une incidence sur les missions et les opérations de l'ensemble du secteur financier, des banques centrales en premier", a souligné l'économiste.

Ibrahima Sarr, ancien ministre du Budget (au premier plan)

"On connaît avec plus de précision, malgré les insuffisances des statistiques et des indicateurs, les nombreux et complexes défis environnementaux auxquels l'Afrique est ou sera confrontée, lesquels risquent de compromettre toutes les stratégies des États et la sécurité des populations : une désertification en pleine expansion, qui représente 30 % du couvert forestier du monde", a observé M. Kassé.

Ce débat est lancé par l'ISF dans un contexte d"'expansion de l'urbanisation rapide et chaotique" et de "dégradation de l'économie agricole pour un continent qui importe plus de 50 % de ses besoins vivriers, où une personne se couche le ventre vide" également, a-t-il noté.

Ibrahima Sarr, un ancien ministre sénégalais du Budget, souhaite que les autorités de son pays intègrent "la variable climat dans toutes les politiques publiques".

"Il faut produire en épargnant la planète et en prenant en compte les considérations climatiques", a suggéré M. Sarr.

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