Ile Maurice: «Plusieurs personnes veulent comprendre comment le conseiller du ministre Husnoo s'est retrouvé à la Citadelle ce jour-là...»

Le député de Port-Louis Sud-Port-Louis Central - condamne fermement les incidents survenus samedi dernier à la fin du concert à la Citadelle. Le député rouge est catégorique sur le fait que la police doit mener une enquête approfondie afin de faire toute la lumière sur cette affaire et de mettre la main sur ceux qui sont derrière ces actes. À qui profite le crime ? Il y a plusieurs zones d'ombres que la police devra élucider. Mais il ne faut surtout pas que l'enquête piétine, déclare notre interlocuteur.

En tant que député de la circonscription no 2, quelle analyse faites-vous des incidents survenus à la fin du concert qui a eu lieu à la Citadelle samedi dernier ?

C'est regrettable ce qui s'est passé. Dans un pays laïc, de telles actions ne peuvent être tolérées car toutes les religions et les communautés y ont leur place. Mais il ne faut pas qu'il y ait de la provocation pour engendrer encore plus de tensions. Je constate qu'il y a eu des actes de violence également. Si un groupe de personnes se sent agacé ou n'est pas d'accord, il y a la loi comme remède ou encore il faut privilégier la communication. Toute discussion peut apporter un consensus. En tant que député, je suis solidaire de ces personnes qui ont été affectées par ces incidents. La police doit maintenant faire son travail pour mener une enquête approfondie afin de déterminer qui sont vraiment les personnes qui sont derrière ces actes.

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Lors de votre conférence de presse vendredi, vous insistiez sur une enquête approfondie...

Il y a eu plusieurs arrestations depuis ces incidents, mais la police doit jouer le jeu de la transparence. À qui profite le crime ? Est-ce l'initiative d'un groupe politique ou d'extrémistes ? La population a droit à des explications. Certaines personnes ont été rapidement relâchées après leur arrestation, alors que d'autres personnes qui ne se trouvaient même pas à la Citadelle sont toujours en détention. Il ne faut pas qu'il y ait une justice à deux vitesses. Je pense que plusieurs personnes veulent comprendre comment le conseiller du ministre Anwar Husnoo s'est retrouvé à la Citadelle ce jour-là, pour supposément tenir son ministre au courant de ce qui se passe. Une enquête transparente devrait répondre à toutes ces questions.

Les spéculations vont bon train. Pensezvous que des membres du parti au pouvoir soient derrière ces actes ?

Vous savez, à Maurice, quand Cap-Malheureux prend froid, Souillac s'enrhume. J'entends plusieurs rumeurs sur tel ou tel groupe qui serait derrière ces actes de violence. J'entends aussi que des personnes qui étaient sur les lieux au début sont parties, puis qu'un autre groupe est venu. La police a tous les moyens pour élucider cette affaire et mettre la main sur les vrais coupables. Avec le National Security Service et le Security Advisor du bureau du Premier ministre, ne pensezvous pas que ces unités auraient dû être au courant qu'il y avait déjà un brouillage parmi un groupe de personnes sur la tenue de ce concert ?

Ce qui est aussi étrange, c'est que plusieurs fois dans le passé, des groupes n'ont pas obtenu la permission pour tenir des rassemblements à la Citadelle. On verra bien comment cela se passera la prochaine fois. Il faut également comprendre comment un conseiller d'un ministre se trouvait déjà là-haut à ce moment précis, au risque de me répéter. Quel est l'objectif de ces actes ? Je vous assure que les personnes de la circonscription no 2 sont de bonne foi et personne ne tolérera des dérapages de ce genre.

Je vois aussi que certaines personnes dans le Sud ont commencé à peindre des murs des temples avec des incitations communales. Il ne faut pas entrer dans ce jeu malsain. J'ai eu l'occasion de parler à Krit Manohur de la Voice of Hindu sur l'événement culturel initialement prévu à la Citadelle le 2 novembre à l'occasion de l'Arrival of Indentured Labourers Day. Je salue leur décision de tenir ce rassemblement à Trianon. Cela démontre la volonté de rétablir l'harmonie et la paix.

En tant que député de cette circonscription, avez-vous des informations que nous n'avons pas sur ces incidents ?

Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent, mais elles doivent encore être vérifiées. Une fois que j'aurai confirmé certaines informations avec des preuves à l'appui, je m'engage à me rendre personnellement au bureau de la Major Crime Investigation Team. Ce samedi-là, j'étais à Port-Louis vers 21 heures pour une fonction quand j'ai appris qu'il y avait un problème à la Citadelle. Je vous avoue qu'à ce moment-là, je pensais que c'était une petite dispute entre spectateurs et qu'il n'y avait rien d'alarmant.

Mais j'ai quand même appelé la police pour les en informer. Le policier qui m'a parlé n'était même pas au courant à ce moment-là. Cinq minutes après, il m'a rappelé pour confirmer qu'il y avait effectivement des problèmes. Bien que je sois député de cette circonscription, je n'ai même pas envoyé mon assistant parlementaire sur place, alors que le ministre Husnoo, qui n'est même pas de cette circonscription, avait envoyé son conseiller, apparemment. J'ai simplement donné le mot d'ordre aux habitants de la région de ne pas participer à ces dérapages.

Quelle sera l'issue de toute cette affaire selon vous ?

Dans la circonscription, je peux vous assurer qu'il y a un calme absolu bien que les habitants ne soient pas contents. La balle est désormais dans le camp de la police pour faire toute la lumière sur cette affaire et pour que l'enquête ne tombe pas aux oubliettes. Il faut éviter les provocations surtout sur les réseaux sociaux car nous n'allons pas tolérer la violence. Nous sommes dans un pays multiracial et il faut le respect de chacun.

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