Sénégal: Homosexualité - Le Sénégal «s'enlise» dans son refus

31 Octobre 2023

La société sénégalaise n'est pas prête à accepter l'homosexualité. Le traitement cruel perpétré sur la dépouille d'un présumé homosexuel à Kaolack, montre que les Sénégalais n'avalent toujours pas la «pilule» de ce comportement «déviant», que loi punit en tant qu'«acte contre nature».

Un défunt présumé homosexuel a été exhumé au cimetière de Léona Niassène, à Kaolack, le week-end dernier. Pis, son corps calciné par des manifestants en furie. Après que la cité religieuse de Touba, où il a été initialement acheminé, eut refusé son inhumation sur place. Le corps du mis en cause a été finalement ramené dans la ville de Kaolack, au quartier Darou Salam, pour y être enterré, face au refus des notables de la capitale du Mouridisme. Il est reproché à cet homme des habitudes contraires aux bonnes mœurs.

Cette nouvelle affaire rappelle la place de l'homosexualité dans la société sénégalaise. Les pressions internationales ou l'influence de l'occident ne change rien dans la perception des populations de cette pratique. L'homosexualité reste un fait que les Sénégalais, croyant à environ 99%, peinent à accepter. Elle est interdite par les deux religions les plus pratiquées dans le pays : l'Islam et le Christianisme.

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De plus, la loi sénégalaise qualifie l'homosexualité d'«attentat aux bonnes mœurs» et est qualifiée d'«actes impudiques ou contre nature». Les personnes reconnues coupables d'homosexualité encourent jusqu'à une peine d'emprisonnement de 5 ans, selon des dispositions du Code pénal. «Sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100 000 à 1 500 000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. Si l'acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé», dispose la loi.

Plusieurs étapes ont marqué ce refus des Sénégalais de «légitimer» l'homosexualité, avec des arrestations suivie de procès à l'appui. A titre d'exemple, en août 2008, deux hommes, dont un citoyen belge, ont été condamnés à deux ans de prison pour «mariage homosexuel et actes contre nature». Le 6 janvier 2009, neuf Sénégalais, interpellés à un domicile privé, sur dénonciation, ont été condamnés à 8 ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs».

Le 14 janvier, l'association AIDES lance une pétition adressée au président du Sénégal d'alors, Abdoulaye Wade. La Cour d'appel de Dakar annule leur condamnation et les neuf hommes sont libérés le 20 avril 2009. Mais le phénomène semble prendre de l'ampleur. En décembre 2015 et en octobre 2020, à nouveau, des groupes de personnes sont arrêtés pour avoir participé, dans un cadre privé, à des cérémonies de mariage entre personnes de même sexe.

En plus de condamnation juridique, des voix s'élèvent fréquemment pour dénoncer l'homosexualité. Le 21 février 2022, le collectif «And Sam Jikko Yi», a organisé une importante manifestation pour réclamer la criminalisation de l'homosexualité. L'Assemblée nationale saisie d'une proposition dans ce sens a rejeté le texte, au motif que le Code pénal a déjà réglé le problème.

A signaler que le président de la République, Macky Sall, a toujours montré son opposition à la légitimation de la pratique. Le 13 février 2020, lors d'une conférence de presse conjointe organisée avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, en visite à Dakar, il a estimé qu'interdire l'homosexualité n'a rien d'homophobe, mais cela relève de la non-adéquation de la pratique avec la culture sénégalaise. Une position qui n'est que la suite logique d'une attitude antérieurement adoptée au président américain. Lors de la visite du président Barack Obama en 2013, il a avait donné la même réponse au président américain. Non sans réitéré, pour rassurer les plus sceptique, que tant qu'il sera à la tête de l'Etat, l'homosexualité ne sera pas légalisé au Sénégal.

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