Madagascar: A Antananarivo, la grande lassitude des habitants face aux coupures d'électricité et d'eau

Vue sur le Lac Anosy en juillet 2009, au centre de la ville d'Antananarivo, capitale de Madagascar (photo d'archives).

À Antananarivo, dans les quartiers de Soavimasoandro et de Mahatazana, des habitantes expriment leur grande lassitude face aux coupures constantes d'eau et d'électricité durant les mois d'octobre et novembre. Reportage.

À Madagascar, dans la capitale Antananarivo, d'une année sur l'autre, les mois d'octobre et novembre passent et se ressemblent, imposant inlassablement à la population les mêmes galères : les coupures constantes d'eau et d'électricité, et ce malgré le démarrage de la saison des pluies.

Si une partie des habitants semble accepter la situation avec fatalité, une autre commence à être excédée de revivre chaque année des mois durant, le même calvaire pour s'approvisionner.

« La semaine passée, on a eu une coupure qui a duré trois jours ! »

Dans le quartier de Soavimasoandro, par exemple, depuis trois mois, les multiples coupures d'électricité - qui durent neuf heures par jour, en moyenne - affectent quotidiennement un peu plus le moral des habitants, à l'instar de Tiana, cuisinière. « Ça me rend triste parce que le soir, on se retrouve systématiquement dans le noir, déplore-t-elle. On ne peut pas recharger nos téléphones, nos torches, et on est obligé de diner à la bougie. La semaine passée, on a eu une coupure qui a duré trois jours ! On n'en peut plus ».

Trois jours. De quoi faire perdre à Hanta, vendeuse de poisson, toute sa marchandise. « J'ai dû tout jeter, j'avais peur d'empoisonner mes clients, explique-t-elle. Pour moi, cette perte, c'est une catastrophe financière... Il faut trouver une solution rapidement ! »

À Mahatazana, la borne fontaine est à sec depuis un mois et demi. Les habitants doivent descendre la colline pour aller se fournir en contrebas, dans un autre quartier. Sandy, mère de famille sans emploi, effectue elle-même la corvée d'eau, malgré le dénivelé et la lourdeur de ses 4 bidons de 20 litres.

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« Ceux qui nous dirigent se moquent de nous »

« Moi, je ne peux pas me payer un porteur, souligne-t-elle. 500 ariary [environ 10 centièmes d'euros, NDLR] le bidon à porter ajouté au coût de l'eau, c'est une fortune pour moi. Alors, je ne me pose pas la question, je porte ».

Un peu plus loin dans le quartier d'Andraisoro, Gisèle, elle, ne cache plus son mépris pour les autorités : « Notre vie est trop dure. Il faut se réveiller à 1h du matin, parce que l'eau n'est disponible que durant 2 ou 3 heures seulement aux fontaines publiques. Et si on ne fait pas la queue à 1h ou 2h du matin, il n'y a pas d'eau. On en a marre. Ceux qui nous dirigent se moquent de nous. Eux ont les moyens de ramener de l'eau chez eux, d'acheter un groupe électrogène. Mais nous, les petites gens, on passe notre vie à attendre l'eau, à faire la queue partout. Et on en a marre. C'est ça notre vie, ici, à Madagascar. Mais les gens vont se révolter, hein ! »

Une situation qui illustre l'incapacité des autorités à rénover un réseau hors d'âge et à réformer une société de distribution d'eau et d'électricité aux abois dans une capitale soumise à une pression démographique intense.

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