Afrique: «En Afrique du Sud, les enfants sont mis en contact avec la drogue par des 'space cake'»

interview

En septembre, un incident a défrayé la chronique : 90 élèves d'une école primaire de Soshanguve, township au nord de Pretoria, sont tombés malades après avoir ingurgité des gâteaux soupçonnés de contenir du cannabis, des « space cake » vendus dans la rue. Ce n'est pas un cas isolé selon Lucas Mahlakgane, à la tête d'une ONG luttant contre la consommation de drogue et d'alcool chez les jeunes. Selon lui, les jeunes Sud-Africains ont un sérieux problème de consommation de stupéfiant.

En Afrique du Sud, le phénomène des « space cake » inquiète les autorités. En septembre, 90 élèves d'une école primaire de Soshanguve, un township au nord de Pretoria, sont tombés malades après avoir ingurgité des gâteaux vendus dans la rue, devant l'école. Deux hommes sont accusés d'avoir vendu ces produits préparés avec du cannabis. Ce phénomène n'est pas nouveau mais prend des proportions inquiétantes, selon Lucas Mahlakgane. Il est à la tête d'une ONG qui lutte contre la consommation de drogue et d'alcool chez les jeunes. Selon lui, les jeunes Sud-Africains ont un sérieux problème de consommation de stupéfiant.

RFI : Lucas Mahlakgane, comment expliquez-vous ce phénomène grandissant ?

Lucas Mahlakgane : Il y a environ un an, l'Afrique du Sud a légalisé la vente de cannabis à des fins médicales, mais cela a envoyé un message erroné aux jeunes ; ils ont cru que le cannabis était légal. Et c'est à ce moment-là que tout a dérapé... Les jeunes ont cru qu'ils pouvaient en consommer partout et quand ils voulaient. L'année dernière, il y a eu un incident dans un établissement scolaire, Leondale Highschool, où les élèves ont organisé une « fête cannabis » avec plusieurs centaines d'élèves dans la cour de l'établissement. Donc, le problème que nous avons en Afrique du Sud est un problème d'interprétation de la loi. La consommation de cannabis est devenue normale à l'école, et parfois les élèves ont tout juste 10 ans.

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Dans ce cas précis, avec la vente de « space cake » devant une école primaire, il y a une volonté de cibler des enfants très jeunes.

Oui. C'est justement avec ces « space cake » que les enfants sont mis en contact avec la drogue. Les dealers ciblent les enfants de plus en plus jeunes. Vous avez des vendeurs de nourriture à la sortie des écoles, qui mettent une petite dose de cannabis dans les gâteaux - les enfants ne sentent presque rien - et après, ils sont accros à ces gâteaux, vous ne pouvez plus rien faire. C'est de cette façon que les vendeurs élargissent leur marché. Car, pour les dealers, nos enfants ne sont qu'un marché supplémentaire. Cela arrive tout le temps. La différence est que, cette fois-ci, les vendeurs ont été interpellés parce que les enfants sont tombés malades. Les doses étaient trop fortes.

Est-ce un problème qui touche certains quartiers plus que d'autres, des quartiers plus défavorisés ? Ou est-ce un problème général ?

C'est un problème partout, dans tout le pays. Et puis, ce n'est pas un problème lié à l'école, mais un problème de société. L'incident a attiré l'attention des médias parce que cela a touché des élèves d'une école. Mais si vous étiez ici, je vous dirais : « venez, allons voir dehors, à l'angle de la rue ». Et on trouverait des jeunes en train de fumer. Et ce n'est même plus une question d'âge. C'est devenu normal : les jeunes organisent des pique-niques au cannabis tous les jours. C'est un vrai problème en Afrique du Sud. Et selon moi, c'est toute une génération qui est en train d'être perdue.

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