Congo-Kinshasa: La note pour laquelle le journaliste Stanis Bujakera est jugé vient bien des services de renseignement, pour RSF

Pour Reporters sans frontières (RSF), une note attribuée à l'Agence nationale du renseignement (ANR) congolais concernant l'assassinat de l'opposant Chérubin Okende est « parfaitement authentique » même si « ça ne veut pas dire que son contenu est véridique ». RSF a enquêté sur ce document car, à la suite d'un article non-signé dans le magazine Jeune Afrique (JA) se fondant sur cette note, le correspondant de Jeune Afrique en RDC, Stanis Bujakera, avait été arrêté et est désormais jugé. Un texte dont les autorités locales ont assuré qu'il s'agissait d'un faux.

En République démocratique du Congo (RDC), le procès du journaliste Stanis Bujakera doit reprendre ce 3 novembre 2023. Le correspondant de Jeune Afrique (JA), de Reuters et directeur de publication adjoint d'actualite.cd, arrêté le 8 septembre dernier, est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'État », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi » après la publication d'un article dans JA.

Le papier incriminé, diffusé fin août, se fondait sur une note confidentielle présentée comme émanant des services de renseignements civils (ANR), mettant en cause les renseignements militaires dans l'assassinat mi-juillet de l'ancien ministre et opposant Chérubin Okende.

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Une note dont les autorités congolaises ont ensuite assuré qu'il s'agissait d'un faux. Reporters sans frontières (RSF) a enquêté sur cette note lors d'une mission récente à Kinshasa et, pour l'organisation de défense de la presse, il n'y a pas de doute : cette note est authentique et, surtout, elle circulait bien avant sa révélation par Jeune Afrique.

« Ce n'est pas Stanis Bujakera qui l'a reçu en premier »

Arnaud Froger, responsable du bureau investigations de RSF, explique, au sujet de Stanis Bujakera : « Ça ne peut pas être lui pour au moins deux raisons : d'abord, ce n'est pas lui qui l'a reçu en premier. Ça, c'est établi et il suffit de mener une enquête, qui nous a pris seulement quelques jours sur place pour constater qu'il n'est même pas le premier à avoir reçu le document. C'est un document qui a, par ailleurs, abondamment circulé dans la communauté diplomatique, chez les sécuritaires, puis parmi certains journalistes et certains médias de la place. Le deuxième élément que révèle notre enquête, c'est que ce document, il est parfaitement authentique, au sens où il vient bien de l'ANR, l'Agence nationale du renseignement congolais. Ça, il n'y a absolument aucun doute là-dessus, il y a plusieurs sources qui nous l'ont confirmé, y compris des sources internes à l'ANR. »

Arnaud Froger poursuit : « Maintenant, ça ne veut pas dire que son contenu est véridique. Ça ne veut pas dire non plus que son contenu reflète la position finale de l'Agence. Mais, en tout cas, il vient bien de l'ANR, il est authentique en cela, et l'enquête prouve sans conteste que Stanis Bujakera n'est ni auteur, ni propagateur de cette note qui vient des services de renseignement congolais. »

RSF demande la libération de Stanis Bujakera, mais aussi la fin des charges qui pèsent contre lui. Dans le même temps, 14 mouvements citoyens, dont la Lucha et Filimbi, demandent, eux aussi, la libération du journaliste ainsi que des autres prisonniers politiques, dans un communiqué commun publié ce jeudi 2 novembre.

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