Madagascar: L'ONG Transparency dénonce un mécanisme de corruption électorale, le camp d'Andry Rajoelina dément

Les investigateurs de Transparency International Initiative Madagascar dénoncent des cas de corruption électorale suite à une série de témoignages récoltés auprès d'agents de fokontany et de citoyens. L'ONG appelle les autorités compétentes à enquêter de leur côté (photo d'archives).

À quinze jours du premier tour de l'élection présidentielle sur la Grande Île, la nouvelle enquête de Transparency International Initiative Madagascar agace et fait réagir. L'ONG dénonce un mécanisme de corruption électorale, déployé durant cette campagne et pointe particulièrement du doigt les agissements d'un candidat : l'ex-président du pays qui brigue sa propre succession. « Nous ne tolérons pas les accusations gratuites et non fondées », réplique le camp d'Andry Rajoelina.

« On a déployé notre cellule de suivi des élections et on a des preuves », lance Ketakandriana Rafitoson. La directrice exécutive de l'antenne malgache de Transparency International sait trop bien le tollé qu'elle vient de déclencher en révélant une partie des résultats de l'enquête menée par ses équipes.

« Le 14 octobre dernier, on a eu la preuve que le parti TGV du candidat 3, Andry Rajoelina, avait distribué des invitations par foyer pour une distribution de nourriture et de diverses denrées dans plusieurs localités [de la capitale], affirme-t-elle. Il y a eu une distribution d'invitations papier comportant une photo et le nom de chaque individu invité plus le nom et l'adresse exacte, aux couleurs du parti TGV ainsi qu'un QR Code. Nos investigateurs se sont penchés sur la question et on a pu démontrer que ces données-là, imprimées sur ces invitations qui ont été distribuées à Tana, ont été extraites des registres des fokontany [des quartiers, NDLR], sans le consentement des personnes concernées, c'est-à-dire les cibles auxquelles ce parti a distribué les invitations. Ça, on l'a formellement recoupé ».

Une violation de la loi 2014 -08 sur la protection des données personnelles, qui suggère que certains chefs de quartier, explique Transparency International, sont impliqués dans ce mécanisme de corruption électorale. « On a une illustration parfaite de l'utilisation des structures étatiques à des fins de campagne électorale et ça, c'est formellement interdit par la loi, souligne Ketakandriana Rafitoson. Et cela démontre totalement la capture de l'État et du processus électoral par un seul candidat, ce candidat-même qui a été le président de la République et qui court pour sa réélection et qui a tous les atouts en main pour verrouiller totalement ce processus électoral. Donc, nous demandons au Bianco [Bureau indépendant de lutte anti-corruption, NDLR] et aux autorités anticorruptions d'enquêter sur le sujet ».

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« Nous ne tolérons pas les accusations gratuites et non fondées »

« Nous ne tolérons pas les accusations gratuites et non fondées », répond l'équipe de campagne d'Andry Rajoelina, qui affirme avoir utilisé en toute légalité le « registre de la Céni [Commission électorale nationale indépendante, NDLR] mis à disposition à l'ensemble des candidats » sur lequel figurent les informations relatives à la liste électorale et « non celui des fokontany ».

De son côté, la Céni regrette que « la société civile n'ait pas saisi officiellement la Céni et la HCC [Haute cour constitutionnelle, NDLR] ni fourni les preuves écrites pour enclencher une procédure ».

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